Le marché de l'immobilier du neuf bat de l'aile ces derniers mois. Permis de construire retardés, hausse des prix : dans l’Hérault, la vente de logements neufs s’effondre. Une crise révélatrice d'une évolution de la façon de se loger, plus respectueuse de l'environnement.
Ils sortent de terre à une vitesse impressionnante, envahissent les périphéries, et pourtant, ils rencontrent en réalité une importante crise. Selon la fédération des promoteurs, le marché du logement neuf est dans le rouge.
Effondrement des mises en vente
Selon la fédération des promoteurs immobiliers (FPI), en 2020 en Languedoc-Roussillon, les mises en ventes ont diminué de plus de 30% par rapport à 2019. Même constat sur la Métropole de Montpellier où elles sont en baisse de près de 40% par rapport à 2019.En cause, la crise sanitaire, mais pas seulement.
Des permis de construire difficiles à obtenir en raison notamment des élections municipales, qui se sont tenues en juin dernier. Avec le changement des élus, les nouveaux projets peinent à voir le jour. "On ne voit pas les répercussions immédiatement, mais d’ici un an ou deux, il y aura deux fois moins de chantiers", s'inquiète Laurent Villaret.Cette crise existait bien avant le Covid. Ces dernières années, il y a une forte difficulté à obtenir de la part des collectivités des permis de construire.
L’épidémie n’est que le révélateur d’une crise du #LogementNeuf sur laquelle nous alertons depuis des mois : faute de PC, nous peinons à proposer aux ménages des logements qu’ils à financer. Il faut agir d’urgence sur l’offre et sur la demande @fpi_fr @EmmWargon pic.twitter.com/oveL6AZCFg
— FPI France (@fpi_fr) November 19, 2020
Explosion des prix de l'immobilier
Des chantiers qui traînent, parfois prennent du retard avec la crise du coronavirus et conduisent donc à une offre moins importante. En conséquence : les prix explosent.Sur l’ensemble de l’Occitanie, le prix de l’immobilier aurait augmenté de 7% entre 2019 et 2020. C’est la ville de Béziers qui enregistre la plus forte hausse : +12% entre ces deux années.
Toute la filière est en danger. Ce n’est pas que les promoteurs, il y a aussi les architectes, entreprises de construction, entreprises de second œuvre…. On sait qu’un logement neuf construit c’est un emploi à temps plein pendant 18 mois.
Evolution des attentes
Derrière ce secteur en crise, une toute autre réalité. Celle des nouvelles attentes des collectivités et des citoyens. "Il y a d’autre façon d’imaginer le logement. Il faut absolument faire évoluer ce secteur en intégrant la partie écologique dans les programmes", explique André Deljarry, président de chambre de commerce et d'industrie (CCI) de l'Hérault.L'écologie devient en effet une préoccupation majeure des collectivités qui souhaitent s'inscrire davantage dans des projets plus respectueux de l’environnement. Laurent Villaret détaille : "désormais les collectivités ont des programmes politiques. Le problème c’est qu'opposer les constructions de logements neufs et l’écologie, c’est une erreur. On a les moyens de construire écologique, la profession est prête à relever ce défi".
Dernier facteur à prendre en compte dans cette crise, l'évolution de la demande. L'attrait des Français pour les logements neufs est en baisse, la rénovation de l'ancien séduit davantage.
Les Français pensent également différemment leur logement avec la crise du coronavirus. Il y a aujourd’hui un intérêt grandissant pour les maisons individuelles et la présence d’espaces extérieurs est devenu un critère incontournable.
Par ailleurs, différents sondages ont démontré que les Français aspirent désormais à une vie proche de la nature dans un logement spacieux.