Le centre régional de sauvegarde de la faune sauvage de Villeveyrac, dans l'Hérault, a baissé la voilure en termes d'accueil d'animaux en détresse. Gérée par la LPO, cette structure recherche d'urgence un soigneur titulaire d'un certificat de capacité de faune sauvage. Faute de quoi, elle risque de devoir fermer ses portes d'ici deux mois.
Depuis le 1er avril, l'activité du centre régional de sauvegarde de la faune sauvage de Villeveyrac, près de Montpellier, fonctionne au ralenti et accepte de moins en moins d'animaux en détresse.
Seule une trentaine d'oiseaux et de mammifères sont encore actuellement pris en charge sur place, contre près de 300, en temps normal.
En cause, la vacance du poste de soigneur certifié en capacité pour la faune sauvage qui n'a toujours pas trouvé preneur. Or, en l'absence de ce responsable capacitaire, "le centre n'a pas le droit d'exercer", affirme Nicolas Saulnier, directeur de la délégation héraultaise à la Ligue de protection des oiseaux (LPO).
Il faut deux ans d’expérience dans différents centres de soins pour pouvoir justifier d’une capacité à manipuler des animaux sauvages. C’est un travail qui peut être usant, fatiguant émotionnellement, car vous êtes en contact avec les animaux en détresse, dont certains sont amenés à périr.
Nicolas Saulnier, directeur LPO Hérault
Nourrir les rescapés à la becquée
Le centre accueille encore bon nombre de hérissons : certains sont arrivés là à cause de vers parasitaires qui encombrent leurs voies respiratoires. D'autres sont des bébés qui ont perdu leur mère : une fratrie de huit petits qu'il faut nourrir chaque jour, un par un, au biberon, avec du lait de substitution.
Cette tâche incombe à Léa Varin, une jeune soigneuse dont la patience semble infinie. "Les animaux que l’on a soignés, ils nous marquent tous, je me souviens de chacun d'entre eux ! Mais il ne faut pas s’y attacher, car ils restent des animaux sauvages qui sont amenés à partir une fois rétablis ou à mourir, comme cela arrive très régulièrement, donc il est important d’essayer de garder une certaine distance avec eux", explique la jeune femme en manipulant, doucement, tour à tour des bébés tourterelles, petits hérissons et même une minuscule chauve-souris de quelques grammes.
Plusieurs appels à l’aide ont été lancés sur les réseaux sociaux, mais pour le moment, les candidatures reçues ne correspondent pas au profil recherché.
Le centre recherche une personne détentrice du "Certificat de capacité pour la détention d’espèce non domestique", comme en atteste cette publication sur Facebook.
L'hôpital faune sauvage de Laroque débordé
Une fois ce poste pourvu, ce centre régional de sauvegarde de la faune sauvage, qui dessert la région de Montpellier et de Béziers pourrait reprendre ses activités à plein régime.
En attendant, le problème retombe sur l'Hôpital faune sauvage de Laroque, situé près de Ganges, entre Hérault et Gard.
Sa présidente, Marie-Pierre Puech, ne manque pas de bras : elle travaille avec trois à sept soigneurs salariés plus une armée de bénévoles qui ne comptent pas leurs heures.
C’est un énorme travail au quotidien. Nous accueillons 2500 animaux par an, mais là avec le centre LPO qui ferme à nouveau ses portes, on risque de monter à beaucoup plus ! C'est impossible à gérer. Il y a un gros risque d’euthanasie.
Marie Pierre Puech, fondatrice de l'Hôpital faune sauvage de Laroque
Pour preuve, ce lundi matin encore, une habitante de Béziers a fait la route jusqu'à Ganges pour amener deux bébés hérissons de 13 grammes.
Désolée de voir la biodiversité s’effondrer, cette vétérinaire engagée réclame à cor et à cri une prise de conscience du milieu politique, déplorant que la biodiversité n’intéresse pas grand monde au niveau des investisseurs.
"Le côté positif, c’est que nous n'avons jamais eu autant d'appels, les gens commencent à prendre conscience qu’il faut aider cette faune sauvage en détresse qui est détruite par l’urbanisation et qui a de moins en moins d’espace pour elle-même" conclu cette passionnée qui a fondé cet hôpital en 2008 dans les Cévennes.