Le conflit de voisinage dure depuis l'hiver mais ce jeudi 20 juillet 2023 les mis en cause en sont venus aux mains. Un groupe de jeunes ont agressé leur voisine résidant à Nézignan-l'Evêque, à côté de Pézenas (Hérault).
À Nézignan-l'Evêque, commune de 1 700 habitants située dans l'Hérault, un conflit de voisinage occupe la place du village.
En janvier 2023, l'une des trois maisons de la place a été achetée par une jeune femme de 23 ans. Ses habitudes perturbent la tranquillité et la sécurité des deux autres habitantes, âgées d'une cinquantaine d'années.
"C'est l'incivilité totale"
L'une d'elles, Nathalie C., 52 ans, est propriétaire d'une résidence secondaire sur la place du village. Depuis l'installation de la jeune femme cet hiver dans la maison voisine, elle déchante.
C'est toujours le même système : Clémentine* ouvre sa maison, invite 10 personnes qui rentrent et sortent, avec à boire sur la place, à brailler, à mettre des déchets partout. C'est l'incivilité totale, parfois avec de la musique à fond mais juste les bruits de voix, ça fait une vraie nuisance.
Nathalie C., victime d'un conflit de voisinage
Une situation qui pousse Nathalie C. et sa voisine Céline P. à se rapprocher de la gendarmerie. Des premiers mails sont envoyés en février 2023 pour signaler les tapages nocturnes. "Clémentine, elle est jeune et son comportement, c'est un peu "je fais ce que je veux chez moi, si vous n'êtes pas contents, allez vous plaindre" détaille Nathalie C.
Plainte déposée
Après plusieurs mois et différentes tentatives de régler la situation avec la gendarmerie, les deux voisines de Nézignan-l'Evêque décident finalement, le 14 juillet dernier, de porter plainte.
Ce jour-là, Nathalie C. est en séjour dans sa maison et témoigne : "Ils étaient installés dehors, sur l'espace public, avec leurs chaises et leurs alcools." Avec sa voisine, elles prennent alors les choses en main : "Nous sommes allées porter plainte avec Céline. Je voulais porter plainte car on sentait que ça commençait à monter, que les gens nous regardaient avec un œil menaçant, on n'était pas tranquilles."
Or, une semaine après le dépôt de plainte, la situation dégénère.
"Il a entendu crier"
Le jeudi 20 juillet, Nathalie C. n'est pas sur place, elle échange des SMS avec sa voisine : "On a appelé Clémentine, une catastrophe" écrit-elle. Les réponses de Céline P. se font rares et distantes.
Pour cause, elle vient d'être agressée par le groupe de jeunes. "Benoît, son ex-compagnon, se promenait dans le village et a entendu crier. Au courant de la situation, il est venu car il pensait qu'ils étaient en train de la molester" raconte Nathalie C.
Lorsqu'il arrive sur les lieux, Céline P. vient juste de descendre de chez elle, elle aussi alertée par les cris qui n'avaient finalement rien à voir avec sa sécurité. Or quelques minutes plus tard, la tension monte.
Ils l'ont jetée à terre et piétinée, ils ont aussi cassé des côtes à son ex-compagnon qui s'interposait pour calmer la situation.
Nathalie C., victime d'un conflit de voisinage
Incapacité de travailler
Dans l'altercation, Céline P. et Benoît R. se font prendre et casser leur téléphone portable. "Ça devait être volontaire, ma cliente avait des enregistrements de ce que faisaient ces jeunes" détaille Me Inès de Blignières, avocate des victimes. Céline P. a juste le temps de composer le numéro de la police. Les secours interviennent et les victimes sont transportées aux urgences de Béziers pour y passer la nuit.
Le préjudice sera fixé, ma cliente doit revoir les médecins. Elle a des béquilles et très mal au genou. On craint qu'il y ait une aggravation de son état physique.
Inès de Blignières, avocate au barreau de Paris en charge des victimes
Céline P. est auxiliaire de vie avec quatre personnes à sa charge. "Elle se lève à quatre heures tous les matins pour aller donner quatre petits-déjeuners, déjeuners et dîners. Sans elle, ils n'ont pas d'autre solution" raconte Nathalie C. L'ex-compagnon de la victime est chauffeur-livreur de métier.
Me Inès de Blignières, détaille : "Mes clients sont en incapacité de travailler, ils sont touchés au niveau physique mais aussi au niveau psychologique, ils sont extrêmement choqués."
Céline P. a déposé une plainte contre le groupe de jeunes samedi 22 juillet 2023. La plainte sera transmise au parquet de Béziers qui décidera ou non d'ouvrir une enquête et d'auditionner les auteurs présumés des violences.
*Le prénom a été modifié.