Invasion de lapins de garenne : "ils mangent toutes les cultures", ces communes désarmées pour lutter contre le rongeur

Douze communes de l'est de Montpellier dans l'Hérault, confrontées à la prolifération des lapins de garenne, ont reçu un courrier de la préfecture leur demandant d'agir contre ce fléau qui occasionne des dégâts considérables sur les cultures.

La chasse aux lapins de Garenne est ouverte et pas près de se refermer. Dans un courrier, adressé à 12 communes de l'est de l'Hérault, le préfet leur demande d'agir car les dégâts sur les cultures sont considérables. Vignobles, potagers, pelouses... Les rongeurs n'épargnent rien sur leur passage.

Sur les 2000 hectares de céréales plantés par les membres de la coopérative agricole de la CUMA de Mauguio, 30 % parmi lesquelles des semences de blé et de pois chiches, seraient perdus à cause de la présence des lapins.

"Ils mangent tout. Les pousses de blé, les pois chiches...Toutes les céréales, les vignes. Ils mangent l'écorce des troncs des pommiers. Privés d'écorce, les arbres meurent. L'été, ils s'attaquent aux melons. Quand on va les ramasser, on en trouve à moitié mangés. Ils s'attaquent aussi aux salades sous serres. Pourtant les plastiques sont épais, ils mangent le cœur d'une salade et passent à l'autre. Le lendemain tout est à jeter", explique Jean-Luc Reydier, président de la coopérative agricole de Mauguio.

Espèce nuisible

À Montpellier tout comme à Baillargues, Saint-Brès, Le Crès, Mauguio, Lansargues, Candillargues, Marsillargues, Saint-Nazaire-de-Pézan, Saint-Aunès, Mudaison et Saint-Just, la préfecture de l’Hérault a pris un arrêté en mars 2023, classant le lapin comme espèce susceptible de commettre des dégâts.

Une espèce devenue nuisible. Ce classement permet entre autres mesures le piégeage toute l’année du lapin, ainsi que sa destruction par tir du 15 août au 31 mars, et l'usage de furets et des battues administratives nocturnes. "Ce qui fonctionne le mieux ce sont les furets. Ils s'engouffrent dans les trous pour faire sortir les lapins, les mordent et grâce aux filets tendus autour on peut les attraper et les donner à d'autres communes qui n'ont pas de lapins", ajoute Jean-Luc Reydier.

Débroussaillage insuffisant

Le phénomène n'est pas nouveau, cela fait six ans que le problème a été identifié et qu'il perdure. Aggravé par le manque d'entretien des terrains privés.

« Mes services ont été alertés par les agriculteurs sur le fait que certains terrains non entretenus sont envahis de ronces, de canne de Provence ou de broussailles hautes abondantes. Ces terrains servent donc de refuge aux lapins, sans que les piégeurs et les chasseurs puissent intervenir efficacement du fait de cette protection apportée par l’embroussaillement », écrit le préfet.

Fauconniers à la rescousse

Certaines communes innovent en faisant appel à un fauconnier. C'est le cas à Mauguio, près de Montpellier. "C'est une aide d'appoint. Nous les sollicitions parfois. Ils permettent d'aller dans des endroits moins accessibles", explique Bernard Ganibenc, l'élu chargé de l'environnement à la mairie de Mauguio et président de la société de chasse de la commune. Quelque 12.000 lapins ont été prélevés rien qu'à Mauguio en 2023. "Il en restait autant", se désole Bernard Ganibenc, interrogé par France Bleu Hérault.

"Il y a des outils mis à disposition de ces communes par la DDTM ( direction des territoires et de la mer) pour agir contre la prolifération des lapins :  cela passe par des possibilités d'intervention plus larges pour les chasseurs et les piégeurs. Sur ces communes-là, la période de chasse est étendue jusqu'à fin février au lieu de fin janvier et le prélèvement par tir des lapins est autorisé jusqu'au 31 mars. Le piégeage, normalement autorisé jusqu'en juin sera autorisé toute l'année", explique Luis de Sousa, chef de l'unité forêt-chasse de la DDTM, à la préfecture de l'Hérault.

Les lieutenants de louveterie peuvent tuer 100 ou 200 lapins en une heure. "Le problème, c'est qu'ils sont bénévoles et pas assez nombreux. Il n'y en a qu'un pour Mauguio et ses environs alors qu'il en faudrait six ou sept", précise encore Jean-Luc Reydier.

LGV : terrier 5 étoiles

Selon Bernard Ganibenc, la ligne à grande vitesse (LGV) a favorisé l'invasion : "C'est un hôtel 5 étoiles pour les lapins, les grillages les laissent passer, mais les chasseurs et les fureteurs ne peuvent pas intervenir à cet endroit".

La sécheresse qui a laissé les trous champêtres au sec a aussi, selon lui, contribué à la prolifération des lapins.

Garde-manger

Auparavant, les lapins étaient plus au nord, du côté de Castries, dans la garrigue, au nord de la 113 et de la ligne de chemin de fer. Là, il n'y a pas grand-chose à manger. Ils préfèrent revenir dans les champs autour des villages de l'Etang de l'Or, garde-manger et grenier à blé bien fourni toute l'année !

L'actualité "Nature" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Occitanie
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité