Après avoir fait modifier l’algorithme de Google, qui ne montre plus de pages de sites porno pour le terme "lesbienne", Fanchon Mayaudon-Courtel, employée d'une start-up de Montpellier, et depuis peu maman, s'engage dans un autre combat pour l'inclusion des personnels LGBT+ dans l'entreprise.
Entre deux biberons, Fanchon Mayaudon-Courtel, maman d'un petit garçon d'un mois, prend le temps de répondre aux interviews. La jeune femme de 33 ans, employée de la start-up Swile créée à Montpellier est connue pour avoir convaincu Google de modifier ses algorithmes autour du mot "lesbienne".
Un tweet
Lorsque l'on tapait ce mot dans la barre de recherche, on arrivait sur des images, des sites ou des vidéos pornographiques. La jeune femme s'en émeut. En 2019, lors de la commémoration des émeutes de Stonewall, qui préfigure toutes les marches des fiertés LGBT+, le géant d'internet avait un char sur la Pride de Paris. Fanchon Mayaudon-Courtel envoie un tweet. Cette pro du référencement, via son collectif SEO lesbienne, engage une campagne sur la toile mais aussi dans les médias autour du mot "lesbienne". Son Tweet est repris par des journalistes, les articles se multiplient. "Derrière Google, il y a des être humains. C'est une entreprise qui est attachée à son image. Elle se veut inclusive, elle a modifié son algorithme", sourit la jeune femme.
Victoire
Le référencement résonne aussi comme un enjeu de santé publique : "Il y a deux fois plus de risques de suicides chez les adolescents homosexuels que chez les hétéros. Ce changement est un soulagement".
Cette victoire lui vaut d'être parmi les 100 personnalités de la 4e édition des Rôles modèles LGBT + et allié•es de la journée mondiale du coming out, l'Autre Cercle qui récompense les employés qui ont œuvré au sein de l'entreprise en faveur de l'inclusion des personnes LGBT+ au travail. Après cette victoire, c'est une autre bataille que mène Fanchon Mayaudon-Courtel. La jeune femme, qui vit en région parisienne est employée de la start-up montpelliéraine Swile (spécialisée notamment dans la dématérialisation des tickets-restaurant) et la création d'applications pour le bien-être en entreprise travaille à présent pour l'inclusion des employés gays et lesbiens.
Réinventer les ressources humaines
"Il faut sortir des discours angéliques. Même si dans les start-up, il y a des profils atypiques avec des employés aux vies plus ou moins alternatives, que les gens ont une bonne ouverture d'esprit, on n'a pas forcément réfléchi en termes de RH. En start-up on travaille en pénurie. Souvent dans des entreprises très jeunes qui ont moins de trois ans. Là, il n'y a pas de 'précédent'. J'ai dû batailler pour que l'on reconnaisse mes jours acquis pour la PMA et le remboursement de mes journées d'absence. Je l'ai fait trois mois après le décret d'application de la PMA pour toutes . La loi votée en août 2020 n'a eu son décret d'application qu'en septembre de l'année suivante.
J'ai été le "précédent "qui a fait bouger les lignes de l'entreprise. Je suis souvent "le précédent".
Fanchon Mayaudon-Courtel
Les start-up qui sont un secteur très concurrentiel devront se distinguer sur l'image de marque. Réfléchir sur les représentations de la famille pour les comités d'entreprise, faire en sorte que les logos soient plus inclusifs : le chantier à venir est colossal pour la militante.
Simplifier les droits familiaux
Son prochain combat celui des droits des parents et des familles LGBT+. "J'ai au téléphone des mamans en larmes qui n'ont pas de filiation. Qui ne savent pas que dans les couples de femmes, celle qui n'a pas accouché doit faire une reconnaissance conjointe anticipée devant notaire avant la conception de l'enfant. C'est payant : 350 euros. Si ce n'est pas le cas, la mère non "accouchante", devra effectuer une demande d'adoption. Et ce n'est pas gagné ! Cela peut être au bon vouloir du juge", précise Fanchon Mayaudon-Courtel. La loi est compliquée et souffre selon elle d'un manque d'information. Elle a pour conséquence la rédaction d'actes notariés non-conformes au droit.
Les associations incontournables
Fanchon Mayaudon-Courtel conseille de se rapprocher d'EAC asso et de l'AGPL (l'association des parents et futurs parents gays et lesbiens) susceptibles de répondre à toutes les questions concernant les droits familiaux des familles LGBT+