Soutenus par les élèves et leurs parents, les personnels du Cesda de Montpellier, le Centre d’éducation spécialisée pour déficients auditifs, sont entrés en grève illimitée. Jusqu'ici, les enfants pouvaient mener à terme leur scolarité en langue des signes grâce à l'accompagnement d'une équipe à la fois éducative et médico-sociale. Un dispositif cité en exemple, mais aujourd'hui menacé.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Parents, élèves et personnels ont répondu nombreux ce lundi à l'appel des syndicats du Cesda, le Centre d’Education Spécialisée pour Déficients Auditifs de Montpellier. Une structure modèle qui a conduit à la réussite scolaire et à l'insertion sociale de nombreux jeunes sourds depuis sa création en 1970, mais dont le principe de fonctionnement est aujourd'hui remis en cause. Une grève illimitée a donc démarré.

Un mouvement déclenché par l'annonce, en juin dernier, de la fin de l'accueil des enfants extérieurs aux cinq départements de l’ex Languedoc-Roussillon. Une décision confirmée en cette rentrée. À la place, une solution nationale de scolarisation dans les établissements classiques leur sera proposée, mais sans l'accompagnement de professionnels de langue des signes, comme c'est le cas actuellement. Or, tous les enseignants ne sont pas formés à faire cours en signant.

La fin redoutée d'un modèle

Ce dispositif diffère profondément de celui en place actuellement au Cesda. De 0 à 20 ans, les déficients sensoriels ou porteurs de troubles du langage, avec ou sans difficultés associées, sont encadrés par l'équipe pluridisciplinaire d'enseignants, d'éducateurs, d'assistantes sociales et d'orthophonistes de cette plateforme inclusive. Marie-Pierre Saisse, dont le fils est entré au Cesda en 6e et qui est aujourd'hui en Terminale au lycée Joffre de Montpellier, redoute ce changement de prise en charge :

On nous annonce qu'il y a une séparation entre l'accompagnement éducatif et le médico-social. Les enfants qui n'ont pas de handicap associé à leur surdité seront gérés par l'Education Nationale. Or, il y a beaucoup de difficultés liées à la surdité, en termes d'autonomie, de vie quotidienne, d'accès au Français. Et tout seul, on sait que ça ne fonctionne pas.

Marie-Pierre Saisse, parent d'élève

Élève de Terminale, Océana a effectué toute sa scolarité grâce au CESDA. Elle acquiesce : "Sans accessibilité, nous serons perdus dans la société. On a besoin d'être soutenus".

Des moyens en baisse

Plus largement, Benoît Rigaud, chef de service éducatif et représentant CGT, dénonce une diminution constante des moyens humains et financiers, qui nuit au management "adapté et bienveillant" en vigueur dans le centre montpelliérain. Il craint que le seul critère budgétaire ne conduise à une "manière autoritaire" de faire.

On manque de moyens pour répondre dans de bonnes conditions aux besoins des jeunes ayant des troubles spécifiques du langage, pour accompagner ceux qui ont des handicaps rares, ceux qui sont déficients auditifs, et plus largement pour nos possibilités de choix d'outils à leur proposer pour qu'ils puissent suivre une scolarité adaptée.

Benoît Rigaud (CGT), chef de service éducatif au CESDA de Montpellier

La direction réagit

Sollicitée, la direction du CESDA nous a indiqué par communiqué que le déploiement du nouveau dispositif national, intitulé "Pôles d'Enseignement pour Jeunes Sourds" bilingues (PEJS) était une "revendication forte des familles" qui le réclamaient via un courrier du 2 juillet 2019 signé de la Fédération Nationale des Sourds de France, de l'Association Nationale des Parents d'Enfants Sourds, de l'Association Française des Enseignants de/en Langue des signes et de l'association 2 Langues Pour une Education.

Le déploiement des PEJS par l'éducation nationale avec un internat scolaire public "de type excellence" est une revendication forte des familles, des associations et des enseignants en langue des signes. Ce dispositif a pour objectif l'inclusion des personnes sourdes et malentendantes et a été impulsé par les associations de la communauté sourde.

Communiqué de l'ADPEP34 et de la plateforme inclusive Cesda

Actuellement déployés dans une dizaine d'académies, ils ne le sont pas encore à Montpellier. Le CESDA indique vouloir "suivre avec vigilance et responsabilité" leur déploiement. Elle affirme par ailleurs continuer à discuter avec l'Agence Régionale de Santé (ARS) de l'accompagnement des personnes présentant des troubles spécifiques du langage et des apprentissages.

Écrit avec Sixtine Boyer et Christophe Monteil.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information