Les caméras de surveillance se multiplient dans de nombreuses communes, comme à Montpellier. Pour ou contre, la question divise. Perçues comme rassurantes pour certains, elles doivent encore prouver leur efficacité. Selon l'étude d'un chercheur, environ 1% des enquêtes policières seraient résolues grâce à la vidéosurveillance.

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Des passants invités à courir, lever les bras ou encore se coucher devant les caméras de vidéosurveillance pour voir comment les activer. C'est le drôle de jeu proposé par le collectif Technopolice et la Ligue des droits de l'Homme, samedi 16 mars 2024, à Montpellier. 

À l’issue de celui-ci, les participants ont pu se rendre compte des comportements considérés comme "suspects" par les caméras de vidéosurveillance automatisées et pouvant déclencher des alertes auprès des agents de contrôle. 

Ce jeu de piste avait pour but de sensibiliser de manière ludique aux enjeux de la vidéosurveillance. Les participants de cette journée ont pris conscience des dérives possibles de cette technologie.

"Je pense que d'être surveillé tout le temps, ça incite malgré nous à changer de comportement. Pour la plupart, on n'a rien à se reprocher donc on n'a pas être surveillés. Autant mettre l'argent ailleurs" argue l'une d'entre elles. 

Plus de 200 000 euros par caméra

Chaque année, environ 20 caméras de surveillance supplémentaire sont installées à Montpellier. Elles se rajoutent aux 488 caméras déjà placées dans les rues de la métropole héraultaise. Le montant moyen par caméra sur les trois dernières années est d'environ 17 000 euros. Sans compter les frais de mise en œuvre, selon le collectif Technopolice.

Pour limiter ces pratiques, la Ligue des droits de l'Homme et le collectif Technopolice ont déposé, début mars 2024, deux recours contentieux contre la vidéosurveillance à Montpellier et Sète. Ces associations militantes dénoncent l'absence de débat démocratique sur cette extension de la vidéosurveillance et une "atteinte aux libertés fondamentales". 

Les caméras ne dissuadent et n'aident pas à élucider des affaires. Par contre elles coûtent cher et ont un impact sur les droits et libértés fondamentales comme lors de manifestations.

Simon

Juriste en droits fondamentaux, militant du collectif Technopolice

Pour ces collectifs, le déploiement croissant de la vidéosurveillance s'explique par des raisons politiques : l'installation de ces caméras permet d'avoir un bilan chiffré simple à présenter à la fin du mandat. 

Environ 1% des enquêtes résolues grâce à la vidéosurveillance

Pourtant, une étude menée par Guillaume Gormand, docteur en administration publique et chercheur associé à Sciences Po Grenoble, montre que l'installation de la vidéosurveillance a un impact marginal sur la résolution d'enquêtes policières

Son étude, sur quatre communes pendant quatre ans, s'appuie sur 1 939 enquêtes. Seules 22 ont été résolues par la vidéosurveillance, soit un peu plus d’1 %. En cause : les limites technologiques et un manque de temps pour les exploiter. L’effet dissuasif serait, selon Guillaume Gormand, quasi nulle, les délinquants adaptant leurs comportements.

La création d'un sentiment de sécurité

Lorsque nous sommes allés sonder les habitants de Montpellier et Castelnau-le-Lez, les avis sont partagés : "c'est bizarre d'être surveillé tout le temps et en même temps on ne les remarque pas" note l'un des habitants, avant d'ajouter ne pas avoir envie "d'être scanné et tracé comme en Chine". 

Les autres passants sont plutôt favorables à cette technologie : "ça me rassure de savoir que ça dissuade les agresseurs" exprime une dame âgée. "Je tiens à ma sérénité, il ne faut pas les considérer comme de l'espionnage" complète son voisin. 

Que l'on soit pour ou contre, la vidéosurveillance prend un nouveau tournant en France. Le gouvernement a annoncé l'expérimentation de caméras couplées avec de l'intelligence artificielle pendant les prochains Jeux-Olympiques 2024. 

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