Législatives 2022 : entre dissidence et révolte, le PS de l'Hérault aligne ses candidats

Quatre heures de débats et à la fin, c'est le Oui qui l'emporte. Le Conseil national du PS a validé à 62% l'accord électoral avec les Insoumis, les Verts et les Communistes en vue des législatives. Dans l'Hérault, la dissidence amorcée mercredi s'est accentuée avec la présentation jeudi soir d'une 4e candidate, adoubée par le maire PS et président de Montpellier Métropole, Michaël Delafosse.

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Confiante et tout sourire, Fatima Bellaredj, est l'un des nouveaux visages du parti socialiste dans l'Hérault pour organiser la résistance face aux instances parisiennes. Elle vient d'être désignée candidate sur la 2e circonscription de l'Hérault.

Le populisme ne prendra pas la place du socialisme.

Fatima Bellaredj, candidate sur la 2e circonscription de l'Hérault.

La candidate du canton de Montpellier, intronisée lors d'un meeting, a reçu le soutien actif du maire PS de Montpellier et des ténors socialistes locaux. Au même moment, à Paris, le parti était en train d'approuver un accord avec La France Insoumise.

Son nom s'ajoute aux 3 candidats déjà désignés mercredi. Philippe Salasc, dans la 4e circonscription, Aurélien Manenc, dans la 5e circonscription et Julie Garcin-Saudo dans la 7e circonscription.

Mais vendredi vers 18h, France bleu Hérault annonçait que Philippe Salasc retirait sa candidature. Le maire d'Aniane a déclaré "Je vois bien comment mon village réagit au quotidien. J'y suis tous les jours et je vois bien ce que les administrés me disent. Ils me disent qu'ils comprennent ma démarche, mais que je ne peux et ne dois pas le faire. C'est très difficile. Pour beaucoup d'administrés, c'est un enjeu national.".

Je ne veux pas rajouter de la confusion. C'est avec beaucoup de tristesse que je retire ma candidature.

Philippe Salasc, maire d'Aniane.

France bleu Hérault

Philippe Salasc recule donc mais il reste opposé à l'Union Populaire de la gauche, version Nupes.

Les élus socialistes occitans partent en guerre

Il y avait beaucoup d'énergie, de militants et de journalistes, hier soir à Montpellier, pour se lancer dans la bataille et pousser plus de candidats issus du PS régional, aux Législatives des 12 et 19 juin.

Une volonté aussi d'affirmer haut et fort la différence des territoires avec les décisions prises par Paris sans consultation des élus en région.

La politique, c'est avoir un projet clair, un projet cohérent, un projet sincère. Et l'accord proposé ne parle pas des vrais sujets. Il masque juste nos différences.

Carole Delga, présidente PS de la Région Occitanie.

Michaël Delafosse a surtout pointé les divergences locales avec les Insoumis.

"Aux Municipales, les Insoumis ont fait alliance contre moi avec Mohed Altrad. En conseil municipal, sa représentante a voté contre les transports gratuits, elle s'est opposée avec véhémence à la résorption d'un bidonville. Ils manient l'outrance et l'invective en permanence. Nous, on est au travail ! Et on a besoin de députés qui font avancer les choses en travaillant ensemble" s'agace le maire de Montpellier.

Les désaccords sur le programme, sur la personnalité de Jean-Luc Mélenchon et sur les candidats Nupes (NDLR : Nouvelle Union populaire écologique et sociale) accélèrent la division. Mais si les candidats PS dissidents sont au final écartés du parti, l'histoire a montré que souvent, ils sont réintégrés dans les mois qui suivent. Car seule l'union permet la victoire.

Refondation, scission, dissidence ?

Jeudi, déjà, Michaël Delafosse annonçait la couleur dans un tweet relayant celui posté par Carole Delga peu de temps auparavant.

"Ce n'est pas à nous de faire des rubriques nécrologiques. Mais en tous cas, nos idées, elles ne doivent pas mourir", a indiqué Michaël Delafosse. "Alors, à Paris, qu'ils prennent leurs décisions...", a-t-il ajouté, en prônant un rassemblement de la gauche "sur le terrain, au plus près des gens".

La fronde gagne les élus de l'Occitanie

Pas de soumission aux Insoumis. Ce pourrait être le slogan des socialistes de l'Hérault qui refusent l'accord LFI-PS pour les Législatives. Et ils sont nombreux. Christian Assaf, Hussein Bourgi, Michaël Delafosse, Kléber Mesquida... Une fronde qui, à l'image de la présidente de la Région Occitanie Carole Delga, gagne du terrain.

"Nous essaierons, dans l'Hérault et ailleurs en France, de continuer à faire entendre la voix d'une gauche républicaine, authentiquement européenne et radicalement laïque", estime Hussein Bourgi, sénateur PS de l'Hérault.

"Pour l'instant, on ne veut pas brûler la vieille maison, on doit rester à l'intérieur de notre parti pour le transformer. Je pense que c'est la ligne majoritaire au sein de la fédération de l'Hérault", confirme Julien Pradel, le jeune (27 ans) président de la fédération socialiste de l'Hérault.

Dans le Tarn, le président socialiste du Conseil départemental, Christophe Ramond, évoque dans un communiqué, un accord "mortifère".

Dans le Tarn, le département de Jaurès, père du socialisme français, le PS ne pourra présenter aucun candidat en application de cet accord. C’est une aberration !

Christophe Ramond, président du Conseil départemental du Tarn.

Pour le président du Conseil départemental de l'Hérault et ancien député socialiste, tout est la faute du Premier secrétaire du PS Olivier Faure et de la direction nationale du parti.

Il s'est soumis aux Insoumis pour quelques fauteuils.

Kléber Mesquida, président PS du Conseil départemental de l'Hérault.

Enfin, il prédit : "le PS ne renaîtra qu'au travers d'une refondation".

Le PS va-t-il survivre à Nupes ?

Pour les frondeurs occitans, l'enjeu, c'est la survie et l'existence même d'un groupe PS à l'Assemblée nationale.

Avec cet accord LFI-Verts-PS-PCF, sous la bannière Nupes, Nouvelle union populaire écologique et sociale, seulement six candidats représenteront le Parti Socialiste en Occitanie sur les 49 circonscriptions de la région.

Cette estimation franceinfo est basée sur les résultats de la Présidentielle corrélés à la participation et aux votes lors des Législatives de 2017.

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