Législatives 2022 : "On ne parle pas d'un accord, mais d'une soumission," le PS de l'Hérault et La France Insoumise, le compromis impossible ?

Après le résultat catastrophique d'Anne Hidalgo au premier tour de la présidentielle, le Parti socialiste est à un tournant. Alors que des tractations pour les élections législatives sont en cours à Paris avec la France Insoumise, la fédération de l'Hérault doute pouvoir décliner un éventuel accord localement.

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Le contraste est saisissant. D'un côté, des dirigeants nationaux du parti socialiste qui affichent leur volonté de parvenir à un accord avec la France insoumise, coûte que coûte. Et de l'autre, des poids lourds locaux qui affichent publiquement leurs doutes quand à la faisabilité d'une telle coopération en local.

Ce mercredi 27 avril, les responsables de La France Insoumise (LFI) et du Parti Socialiste (PS) avaient rendez-vous pour entamer les premières discussions en vue de la conclusion d'un accord pour les élections législatives des 12 et 19 juin prochains. Après l'excellent score de leur leader Jean-Luc Mélenchon (21,95 % des voix exprimées), les Insoumis sont en position de force dans cette négociation. Au contraire des socialistes, plus affaiblis que jamais après le score catastrophique d'Anne Hidalgo (1,27 %, le pire score de l'histoire pour un candidat socialiste sous la cinquième République). 

L'optimisme des dirigeants nationaux de LFI et du PS

Et l'heure était plutôt à l'optimisme chez les dirigeants des deux formations politiques après ces premiers échanges. Manuel Bompard, en charge de ces négociations pour LFI a ainsi déclaré à la sortie qu'il n'y avait "pas de point de discussion qui paraissait insurmontable." L'eurodéputé du Sud-Ouest ajoutant : "il y a clairement une volonté d'afficher une rupture avec le PS de François Hollande, ils n'avaient pas de difficulté à s'engager sur l'abrogation de la loi El Khomri, sur la VIème République, le blocage des prix qui sont pour nous des marqueurs importants."

Le son de cloche était à peu près identique du côté du PS. Le porte-parole Pierre Jouvet a déclaré "avoir eu une discussion constructive qui nous a permis d'avancer sur certains points, il n'y a pas entre nous de point de blocage insurmontable" en vue d'un accord. Notons tout de même que des points de divergence forts n'ont pas encore été abordés par les deux formations politiques, comme l'Europe ou la question de l'âge de départ à la retraite.

Mais le pessimisme des acteurs locaux

Mais au niveau local, les choses semblent moins bien engagées. Dès le soir du premier tour des présidentielles, Carole Delga, la présidente socialiste de la Région Occitanie avait tenu a fortement marquer sa différence avec la France Insoumise lors d'un entretien sur France 2, excluant l'idée d'une alliance.

D'autres responsables socialistes dans l'Hérault ont exprimé les mêmes doutes dans les heures qui ont suivi le premier tour, comme le conseiller régional Christian Assaf. Ou comme Mickaël Delafosse, le maire de Montpellier qui affichait lui aussi son scepticisme.

Dans l'Hérault, Julien Pradel le premier fédéral du PS du département ne fait pas non plus mystère de sa circonspection  : "On ne parle pas d'un accord, mais d'une soumission, d'une caporalisation. On doit accepter l'intégralité de leur programme, l'intégralité de leurs prérogatives, avec un seul groupe parlementaire : c'est tout bonnement inacceptable !"

Interrogé sur la possibilité d'appliquer localement un accord national, Julien Pradel affirme d'abord que "nous sommes tenus par les accords nationaux, c'est la force d'un parti."

On ne parle pas d'un accord, mais d'une soumission, d'une caporalisation

Julien Pradel, 1er fédéral du PS dans l'Hérault

Avant de semer le doute sur la stratégie nationale : "Je pense qu'avec le bloc républicain et social que nous pensons pouvoir faire émerger, avec le Parti Socialiste, Europe écologie-les Verts, le Parti Communiste, je pense que c'est vers là qu'on va devoir se tourner et qu'on aura au moins des accords locaux pour une gauche rassemblée autour de ces valeurs partagées."

Des doutes manifestement partagés par le président du conseil départemental de l'Hérault, Kleber Mesquida qui dans un message sur les réseaux sociaux, appelle ce matin à un "congrès de refondation et de renouvellement de toute l'instance dirigeante" du parti à la rose.

Du côté de La France Insoumise, et de son bloc populaire, la perspective d'une alliance avec les socialistes fait aussi manifestement grincer quelques dents. Alenka Doulain, élue de l'opposition au conseil municipal de Montpellier et membre du parlement de l'Union Populaire, le bloc constitué par LFI pour les dernières municipales, a ainsi sorti le lance-flamme sur son compte Twitter.

Trahison politique

Alenka Doulain, Nous sommes Montpellier

Dans une lettre ouverte adressée à son opposant politique, Mickaël Delafosse, le maire de Montpellier, elle dénonce son "inconstance et sa duplicité", et parlant de "trahison politique". A priori pas une base idéale pour amorcer un dialogue local.

Au niveau national, La France Insoumise et le Parti socialiste arriveront peut-être à négocier un accord pour les législatives. Ce ne sera pas forcément une solution pour le niveau local. Mais peut-être le début des problèmes pour un parti à la rose qui semble plus que jamais proche de la scission.

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