Les étudiants quittent la salle : journée d’audience sous tension au procès de la faculté de droit de Montpellier

Trois ans après les violences commises par un commando dans la faculté de droit de Montpellier, le procès a débuté ce jeudi 20 mai dans une configuration particulière. Les étudiants et leur avocat renoncent à se constituer partie civile et dénoncent un "contexte de partialité". 

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Dès 8h 30, le ton était donné : une soixantaine de personnes se sont rassemblées ce jeudi 20 mai devant le tribunal correctionnel de Montpellier pour manifester. Plus de trois ans après la nuit de violence qui avait fait une dizaine de blessés dans un amphithéâtre bloqué par des étudiants grévistes, sept personnes comparaissent aujourd’hui devant les juges pour cette première journée de procès.

Les étudiants quittent la salle

Peu après le début de l’audience, l’avocat des victimes Me Demersseman crée la surprise en annonçant que ses clients renonçaient à se constituer partie civile. Une situation extrêmement rare. Les sept étudiants et leur avocat ont alors quitté la salle d’audience.

Me Demersseman a justifié cette décision par un « contexte de partialité du dossier ». Il pointe du doigt plusieurs défauts d'instruction : selon lui, l’enquête a été trop lente et pas suffisamment poussée, car seuls quatre agresseurs sur dix ont été identifiés. Il dénonce aussi le fait que seuls quelques étudiants aient été entendus lors de l'instruction, alors qu'ils étaient une soixantaine cette nuit-là. 

Un coup médiatique

Des propos qui ont fait bondir le procureur de la République. « Ce qu’on vient d’entendre est triste et pathétique » a-t-il affirmé avant de dénoncer un coup médiatique. De son côté l’avocat de Jean-Luc Coronel de Boissezon, professeur d’histoire du droit accusé d’avoir participé aux violences, a demandé un renvoi du procès. « Je ne peux défendre mon client si les parties civiles ne sont pas là. »

« Ce qu’on vient d’entendre est triste et pathétique »

Fabrice Belargent, procureur de la République

Une demande qui n’a pas été retenue. Le procès a donc repris malgré l’absence des étudiants. Seule l’université a confirmé par le biais de son avocat sa constitution de partie civile, même si les étudiants peuvent revenir à tout moment sur leur décision.

Rappel des faits 

Les images des violences ont ensuite été visionnées grâce aux vidéos amateures tournées par les étudiants présents dans l’amphithéâtre dans la nuit du jeudi 22 au vendredi 23 mars 2018.

On y voit des hommes cagoulés, faire irruption dans l’amphithéâtre A, bloqué par des étudiants qui protestaient contre la loi Ore, visant à réformer Parcoursup.  Munis de bâtons, de taser ou de morceaux de palettes, ils frappent des jeunes, au hasard, parfois à terre. Les cris fusent et en à peine plus de cinq minutes l’amphithéâtre est évacué.

Selon le procureur de la République, dix personnes ont été légèrement blessées lors de l'intervention du commando : "Quatre avec une interruption de travail temporaire d'une journée et six avec zéro ITT."

Des profils proches de l’extrême droite

Au petit matin, une de nos équipes de France 3 Languedoc-Roussillon se rend sur place pour réaliser un reportage. Lors de l’audience ce matin, un extrait est diffusé : Philipe Pétel y affirme que selon lui les auteurs de violence seraient des étudiants en droit. Le lendemain, il démissionne.

En mai 2018 le rapport de l’enquête administrative conclu que l’ex-doyen avait en réalité ouvert le portillon d’accès au parking avant de guider le commando vers l’amphithéâtre. Il a depuis été sanctionné par une interdiction d’exercer durant cinq ans. Il comparait aujourd’hui devant le tribunal pour « complicité de violences volontaires en réunion. »

Jean-Luc Coronel de Boissezon, professeur d’histoire du droit, aurait activement participé aux violences. Aujourd’hui enseignant à l’issep, dirigé par Marion Maréchal Lepen, il est accusé de « violences volontaires en réunion et en récidive. »  Ce dernier a déjà été condamné en 2013 par le tribunal correctionnel de Digne pour des "violences sur personne vulnérable".

Sa compagne Patricia Margand est également accusée de « complicité de violences volontaires en réunion. » C’est cette ancienne candidate royaliste aux législatives de 2012 à Lyon qui aurait contacté par téléphone quatre hommes de main : des sympathisants de la Ligue du Midi, un groupuscule régionaliste d’extrême droite.

 

 

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