Livre : des infirmières à domicile mènent l’enquête à Montpellier

En première ligne elles aussi depuis plusieurs mois face au covid, il était bien temps de leur rendre hommage. Michèle Gazier le fait dans un roman entre photographie sociale et thriller intimiste.

Le quotidien des infirmiers libéraux dans les villes comme Montpellier est plein d’immeubles sans ascenseurs, d’escaliers interminables, de vieux appartements mal aérés qui sentent le camphre, l’urine et la vieillesse ».


Le décor est planté. Si Aznavour chantait que la misère lui semblait moins pénible au soleil, le travail d’infirmier, lui, ne l’est pas. Madeleine, Evelyne, Lilas, Léonor et Joseph enchaînent leurs tournées, matin et soir, sans vraiment avoir le temps de profiter de la métropole héraultaise.

La routine sans vraiment l’être… Jusqu’au jour où une nouvelle patiente surgit dans leurs agendas et va mettre l’équipe à rude épreuve.
 

Le premiers contacts avec les nouveaux malades sont un moment important. Il faut apprendre beaucoup d’eux en leur posant le moins de questions possibles, les écouter et surtout les entendre. Comprendre leurs pathologies, leurs craintes. Entrer dans leur vie sans effraction. S’y glisser avec souplesse. Deviner jusqu’où aller dans leur intimité ».


Lilas, la plus jeune soignante du cabinet, sent qu’elle est celle auprès de qui Marie Prat semble prête à s’ouvrir. Mais elle n’ose ou ne veut franchir la ligne qui sépare le soignant du soigné. Sans doute suit-elle les consignes édictées par Madeleine, la cheffe d’équipe.
 

Rentrer dans la vie et dans l’intimité des gens n’est pas chose simple. Et je crains toujours, que, sous couvert de soins, l’un ou l’autre de nous n’outrepasse les limites de la relation ordinaire entre patient et soignant. La marge est si étroite entre une réponse attentive à la confiance et à l’abandon de certains de nos patients, et une attitude indélicate. Il m’a semblé que Léonor avait franchi cette frontière fragile avec Madame Prat. »


Léonor, pré-retraitée et n’intervenant dans l’équipe que pour des remplacements ponctuels, semble reconnaitre cette patiente surgie de sa vie d’avant dans les Pyrénées Orientales. Leurs relations sont électriques.

Quel secret cache donc cette vieille femme malade ? Qu’est-ce qui l’a brisée à ce point ? Une fois qu’elle a mis les voiles, Lilas et Léonor vont se mettre à enquêter. « Il est trop tard pour l’aider, peut-être pas pour sauver sa mémoire » dit cette dernière à sa jeune collègue.

En cherchant à remonter cette existence, Léonor fait aussi un point sans concession sur la sienne. Lilas, elle, se demande si elle a pris autant soin de sa patiente qu’elle aurait dû le faire.
 

J’ai dû la décevoir. Et cela me rend triste et me met en colère. A la question « qu’est-ce que le soin ? » de mon examen d’infirmière, je répondrai aujourd’hui sans hésitation : l’écoute ! Le temps de l’écoute. Tout le reste n’est qu’une question de technique et de pratique. »


« Les passantes » de Michèle Gazier, aux éditions Mercure de France.
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