Manifestation des soignants à Montpellier : "on se sent humiliés, on nous prend pour des machines, pas pour des humains"

A quelques jours de la clôture du Ségur de la santé, le personnel hospitalier est descendu dans la rue. A Montpellier, ils étaient plusieurs centaines. Et qu'ils soient infirmiers ou ambulanciers, tous, réclament la même chose : la reconnaissance de leur travail et la revalorisation de leur salaire.

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Ils étaient les héros du quotidien pendant près de trois mois. Au pic de l’épidémie de coronavirus, ils étaient applaudis chaque soir par les Français. Aujourd’hui, ils déchantent.

Quinze jours après une première journée de mobilisation très suivie, les soignants retournent dans la rue. Ils répondent à l’appel de plusieurs syndicats (CGT, FO, SUD, Unsa) et collectifs hospitaliers (Inter-Hôpitaux, Inter-Urgences, Inter-Blocs), alors que le Ségur de la santé s’achève à la fin de la semaine et que l’Etat a garanti débloquer 6,3 milliards d’euros.
Pas suffisant pour le personnel soignant :
 

Ils arrivent à trouver 7 milliards pour Air France et 5 milliards pour Renault. Donc il y a de l’argent, on choisit où on le met cet argent mais apparemment ils n’ont pas choisi de le mettre dans la santé.  Pendant la crise, on entendait que la santé n’avait pas de prix, alors que là on nous propose six milliards, quand on voit les autres plans qui sont à côté on se dit que si au final, la santé a un prix.Ça me parait primordiale, car sans ces moyens, on ne peut pas soigner les gens correctement, c’est la santé des personnes qui est en jeu.

Sevda, infirmière urgentiste


Un salaire à la hauteur de leurs responsabilités


Sevda est infirmière urgentiste, depuis sept ans elle travaille aux urgences de l'hôpital Lapeyronie. Et son salaire n’a quasiment pas augmenté, elle gagne 1800 euros par mois, et travaille dans des conditions qu'elle qualifie de déplorables, elle veut que ça change : 

"Aujourd’hui je voudrais qu’il y ait plus de places d’hospitalisations pour que l’on puisse placer les gens plus facilement, qu’ils attendent moins de temps aux urgences, sur des brancards, je voudrais qu'ils refassent nos locaux aussi car ils sont très vétustes, et pour finir une revalorisation des salaires." 

Cette revalorisation des salaires, tous la réclament. Comme elle, Colombe est infirmière mais elle travaille au service chirurgie pédiatrie du CHU de Montpellier. Et aujourd'hui, elle a choisi de descendre dans la rue pour défendre ses compétences : 

"Aujourd’hui mon salaire à 100% en travaillant deux week-ends par mois en faisant des nuits, et avec dix ans d’ancienneté dans l’hôpital je suis payée 1900 euros net, pour à peu près 156 heures par mois, soit 39 heures par semaine. Aujourd’hui, on voudrait avoir 300 euros de plus sur notre salaire, ce n’est pas énorme. On veut juste être payé pour les études qu’on a faites et les responsabilités que l’on a."
 


Une revalorisation des salaires primordiale pour ces équipes qui oeuvrent sur le terrain et qui se sont particulièrement mobilisées pendant la crise du coronavirus, comme nous l'explique Armelle Lagorgette, infirmière depuis 8 ans en psychiatrie au CHU de Montpellier : 

"Nous n’avons pas été touchés au sein de l’établissement mais nous avons été obligés de tout réaménager, de faire des secteurs pour les potentiels patients, et tout ça sans renfort avec la moitié du personnel, ça a été très compliqué à gérer, très épuisant. Nous avons eu la prime de 500 euros, le minimum, pour trois mois de travail acharné. Aujourd’hui, on se sent humiliés, on nous prend pour des machines et pas des humains."
 
 

Ambulanciers, aides-soignants : les grands oubliés 


Un manque de reconnaissance qui alimente la colère de ces professionnels. D'autres professions ont été particulièrement touchées pendant cette crise comme les ambulanciers et les aides-soignants. Aujourd'hui, eux aussi sont descendus dans la rue. Ils se sentent oubliés, délaissés : 

"Je suis ambulancière, je gagne 1500 euros net par mois, j'ai plus de 15 ans de boîte, et pendant le confinement nous étions en première ligne. Rien qu'à Montpellier, nous avons fait 900 transports covid-19. Nous ne sommes pas reconnus en tant que soignant aujourd'hui. alors que nous sommes en contact permanent avec les patients, et nous sommes actifs 24/24 et 7 jours sur 7. Nous n'avons aucune prime pour ça, je voudrais que l'on reconnaisse cette pénibilité du travail aussi."
 

 

Même combat du côté des aides-soignants. Arielle Casanova excerce ce métier depuis 10 ans dans un centre de réeducation à Montpellier : 
 

Un aide-soignant c’est considéré comme la petite main, ce qu'il fait comme un petit travail, mais on oublie que si on n’a pas les petites mains qui vont s’occuper des patients, les préparer pour les examens, les préparer pour leur rééducation aucun centre, aucun milieu hospitalier ne peut exister. Si aujourd’hui toutes les petites mains devaient interrompre leur travail, plus personne n’est lavé, plus personne n’est amené aux toilettes, on ne brosse les dents de personne et on ne coiffe personne. On ne laisse alors plus aucune dignité aux patients.

Arielle Casanova, aide-soignante


Après 10 ans d'ancienneté, elle gagne 1400 euros net par mois. 

 

 

Que propose l'Etat ? 


L’Etat a annoncé avoir débloqué 6,3 milliards d’euros. Une somme qui comprend à la fois une augmentation générale, une refonte des primes et aussi des majorations ciblées sur certaines professions (infirmiers, aides-soignants, manipulateurs radio…). D'autre part, pour revaloriser spécifiquement les salaires des médecins hospitaliers, le ministre de la Santé Olivier Véran a mis sur la table, lundi 28 juin, une rallonge de 300 millions d'euros, selon l'AFP.
 
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