Les juges ont concédé une période d'observation de six mois au journal la Marseillaise placé en redressement judiciaire depuis 5 jours. Cette décision conditionne l'avenir de la rédaction de l'antenne de Montpellier du quotidien "ex Hérault du jour".
Six mois pour sauver un journal septuagénaire: le quotidien régional La Marseillaise, fondé pendant la Résistance et proche des communistes, espère surmonter ses difficultés après avoir obtenu son placement en redressement judiciaire, deux ans tout juste après une procédure similaire.
Soulagement
Soulagement à la sortie du tribunal de commerce de Marseille, où le quotidien en dépôt de bilan depuis cinq jours, jouait sa survie: les juges lui ont accordé une "période d'observation" de six mois pour se remettre sur les rails, a annoncé son président délégué Fabrice Lecomte. "L'urgence, c'était d'assurer la continuité du journal" fondé clandestinement en 1943, a-t-il déclaré. "On va pouvoir travailler à un plan de continuation dans la concertation (...) et passer cette phase difficile". Une souscription a été lancée auprès des lecteurs.117 salariés
Le journal diffusé dans le sud-est, qui emploie 117 salariés dont 57 journalistes, avait déjà connu un premier redressement judiciaire, en novembre 2014. Il a été racheté en avril 2015 par les Editions des Fédérés, dirigées par Pierre Dharréville, secrétaire départemental du Parti communiste. Signe de l'attachement qu'il suscite, quelques centaines de personnes s'étaient réunies devant le tribunal lundi en soutien au "journal le plus chanté de France".
Soulagement au sein de la rédaction de L'Hérault et du Gard
"Nous sommes soulagés mais cela ne veut pas dire que c'est gagné" explique Annie Menras rédactrice-en-chef de l'Hérault du jour. "Il y aura certainement un plan social difficile derrière mais nous restons optimistes". Pour l'instant 17 journalistes répartis dans l'Hérault et le Gard constituent l'effectif de la rédaction. L' ancien Hérault du jour emploie au total une trentaine de salariés."Un enjeu de démocratie".
"Il y a un enjeu réel de démocratie. On ne peut pas laisser disparaître un titre comme le nôtre dans le contexte actuel, quand on voit ce qu'il se passe au niveau de l'extrême-droite galopante et du néo-libéralisme", leur a lancé Jean-Marie Dinh, représentant du syndicat SNJ-CGT.15 % d'abonnements en plus
La Marseillaise ne publie pas ses chiffres de tirage ni de vente --10.000 à 15.000 exemplaires selon une source proche de l'entreprise--, mais revendique un bond de 15% de ses abonnements à la suite de la sortie récente d'une nouvelle formule.
Le journal est diffusé dans 6 départements du Sud-Est (Bouches-du-Rhône, Var, Alpes-de-Haute-Provence, Vaucluse, Hérault et Gard)
Ses dirigeants, qui revendiquent leur indépendance des groupes financiers, affirment faire les frais d'une chute de la publicité. Selon un courrier interne, consulté par l'AFP, les pertes financières devraient en 2016, pour la deuxième année consécutive, dépasser le million d'euros. Aucune indication n'a été donnée sur d'éventuelles suppressions d'emplois, dans une entreprise où les difficultés économiques ont pesé sur le climat social. En juillet, le SNJ, syndicat minoritaire, dénonçait des "conditions de travail précaires" et un "non-respect persistant du droit du travail" dans ce journal marqué à gauche.
La voix "des ouvriers"
Pour les lecteurs, salariés, représentants de la CGT ou militants du PCF venus soutenir le titre, la survie de cette institution locale, dont le 1er numéro avait été tiré clandestinement à 5.000 exemplaires le 1er décembre 1943 pour "regrouper les patriotes et transmettre les vraies nouvelles", est une question de principe. Communiste pur et dur à ses débuts, le journal avait ouvert sa ligne éditorialeà la fin des années 1990.