Le syndicat des fabricants français de masques tire la sonnette d'alarme. La filière serait sur le point d'exploser face à la concurrence chinoise. Les grands acheteurs publics et privés ne joueraient pas le jeu et la plupart des entreprises du secteur seraient sur le point de mettre la clé sous la porte.
La filière s'est organisée pour garantir la souveraineté de la France dans ce domaine stratégique après les errements du Covid-19. Dans les locaux de PRISM, usine de fabrication de maques de Frontignan dans l'Hérault, les machines outils sont flambant neuves. Les masques produits sont aux normes les plus hautes du marché et ils sont fabriqués à partir de matières premières 100 % françaises. Mais, malgré ces arguments, l'entreprise tourne presque au ralenti.
Divisée par trois
"Début 2022, nous faisions les trois huit, nous avions 12 personnes sur nos machines. Aujourd'hui nous sommes à un tiers de l'exploitation et n'avons plus que quatre personnes", précise Mickael Krencker, directeur des opérations industrielles de PRISM (Frontignan). La fin de la pandémie et des obligations de port du masque avaient pourtant bien été anticipées par cette société.
Pour faire tourner leurs machines, ils visaient le marché structurel des masques pour les hôpitaux et l'industrie agroalimentaire notamment.
2 centimes d'euro le masque chinois, 5 le masque made in France
Mais dans ce secteur, la concurrence chinoise écrase tout. Un masque venu d'Asie est facturé 2 centimes d'euros contre 5 pour un français... Et les hôpitaux ou les pompiers préfèrent acheter Chinois dans 95% des cas.
"Par rapport à l'inflation, les gens ne regardent que les prix. Or le coût de fabrication, le SMIC et l'énergie augmentent et en situation de crise économique et d'inflation le gouvernement chinois subventionne les exportateurs pour vendre les masques en France et les acheteurs ne regardent pas la viabilité des filières françaises", ajoute Jérôme Ivanez, directeur commercial PRISM (Frontignan).
Toute la filière en difficulté
Des difficultés que connait toute la filière française. Ces entreprises récentes, créées à l'initiative du Président de la République pour garantir l'autonomie de la France dans ce secteur stratégique ferment les unes après les autres.
Retour à la case départ
Et deux ans après le Covid-19 et la pénurie de masques, on pourrait revenir au même point.
Il va rester deux ou trois producteurs de masques et en cas de pandémie, il sera impossible de répondre à la demande et il faudra entre six et huit mois pour être en production maximale.
Christian CurelPrésident du Syndicat des fabricants français de masques (F2M) et président de PRISM (Frontignan)
La profession vient d'adresser un courrier à Emmanuel Macron pour tirer le signal d'alarme suite aux fermetures en cascade des entreprises du secteur.
Ecrit avec Sébastien Banus