Encouragés par le gouvernement après la pénurie du début de l'épidémie, les fabricants de masques français ne trouvent plus de débouchés face à la concurrence chinoise. Aujourd'hui en péril, ils menacent d'arrêter de produire des masques chirurgicaux et FFP2.
Tout le monde s'en souvient. Fin janvier, Agnès Buzyn, à l'époque encore ministre des solidarités et de la santé déclare "nous avons des dizaines de millions de masques en stock en cas d’épidémie, ce sont des choses qui sont d’ores et déjà programmées".
Pourtant, quelques semaines plus tard, Emmanuel Macron annonce que l'Etat réquisitionne "tous les stocks et la production de masques de protection" pour les distribuer aux soignants et aux personnes atteintes du coronavirus. Une pénurie s'installe en France. Les masques deviennent une denrée rare.
Cette situation tendue conduit à l'époque à la production massive de masques sur le sol français. Les entreprises étant largement encouragées par l'Etat qui souhaite acquérir une autonomie dans ce secteur stratégique afin de ne plus revivre une telle pénurie.
Favoriser le "Made in France"
C'est le cas de l'entreprise "Prism" - entreprise spécialisée dans la fabrication de matériel de protection sanitaire 100% Made in France - qui voit le jour à Frontignan en août dernier.
De A à Z, tous les composants peuvent être français : les machines, les actionnaires, le personnel. On est en plein recrutement, on recrute 2 à 3 personnes tous les 2-3 mois et on va en progression.
Mais voilà que 10 mois après sa création, l'entreprise peine à exister en France. Pour continuer à vendre ses produits, elle doit faire sa vie à l'étranger.
"On est en train de décrocher des marchés en Allemagne qui vont devenir certainement par la suite plus importants que les français. La problématique en France, c’est qu’on veut du moins cher avec du chinois", explique Michael Krencker.
95% d'importation depuis la Chine
Une situation qui irrite fortement la filière. Les syndicats demandent au gouvernement d'imposer le Made In France pour les commandes publiques. L'objectif : préserver l'emploi et éviter la fin de la production française, qui pourrait bien s'avérer précieuses dans les prochains mois.
Il existe une clause dans les lois françaises qui s’appelle la clause de préférence européenne qui est faite pour les produits stratégiques. Elle permet de dire que les moyens de production doivent être localisés en Europe. L’avenir de la filière en dépend, on a des industriels qui considèrent que si ça ne change pas, ils arrêtent et font autre chose.
Il ajoute, "nous avons montré qu’il y a des avantages économique, écologique et social. pour l’Etat français. Malgré cela, on s’aperçoit que dans la quasi-totalité des marchés publics, c’est le prix qui décide de l’attribution d’un marché. Les masques d’importation étant moins chers, on s’aperçoit que 95% des marchés sont affectés à l’importation".
Nos voisins allemands et les Hollandais ont eux déjà franchi ce pas. Aux Etats-Unis également, Joe Biden a imposé par un décret l'achat de matériel américain pour toutes les commandes publiques.