Les slogans tagués sur la façade de l'association Famille au grand cœur font notamment référence à la mort du jeune Matisse, poignardé à Châteauroux. Un amalgame incompréhensible pour l'association qui s'occupe de migrants LGBT, persécutés dans leurs pays d'origine en raison de leur orientation sexuelle.
Quand il est arrivé ce jeudi matin pour ouvrir les locaux de l'association Famille au grand cœur, Andrew Boyeau est resté sidéré : la façade a été largement taguée. Des inscriptions racistes contre les migrants.
"On est tous dégoûtés", explique le chargé de communication de l'association. "Nous venons en aide à des migrants LGBT qui ont dû fuir les persécutions liées à leur homosexualité dans leur pays d'origine. Ils n'ont pas eu le choix. Ils sont rejetés par leur propre famille et risque la mort dans certains pays, c’est une question de survie".
On se sent en danger, bénévoles, travailleurs, personnes accueillies. Le message, c’est "on peut venir vous agresser à tout moment". C’est une cible mise dans notre dos.
Andrew Boyeau, chargé de communication de l'association Famille au grand cœur
Une référence à la mort de Matisse
Une inscription, faisant référence au décès du jeune Matisse, fin avril à Châteauroux, laisse les bénévoles et salariés de l'association particulièrement perplexe.
"Dans notre travail, il n'y a aucun lien avec ce drame. On ne comprend pas", se désole Andrew Boyeau au nom de l'association. Famille au grand cœur a été créée à Montpellier en 2021 pour accueillir et aider les migrants LGBT à demander l'asile en France. Un statut de réfugiés auquel ils peuvent prétendre en raison des persécutions à l'encontre des homosexuels et des communautés LGBT dans leurs pays d'origine.
Depuis sa création, l’association accompagne une soixantaine de jeunes hommes homosexuels africains, demandeurs d’asile et réfugiés.
"Amalgame"
En fin de journée, samedi 27 avril, une altercation entre deux adolescents a eu lieu dans un quartier résidentiel de Châteauroux dans l'Indre. Matisse, 15 ans, est mort poignardé. Un jeune du même âge et sa mère sont mis en examen. Ils sont tous deux de nationalité afghane et en situation régulière en France.
Dès le soir du drame, des personnalités politiques d'extrême droite ont profité de l'émotion suscitée pour critiquer la politique migratoire de la France. La famille de Matisse a immédiatement dénoncé cette instrumentalisation de la mort de leur enfant à des fins électorales.
"Cet amalgame entre immigration et violence est récurrent dans les mouvements politiques d'extrême droite", réagit Thierry Lerch, militant à la Cimade et à RESF. "C'est un fantasme qui n'a rien à voir avec la réalité de l'immigration en France, mais il ressort à chaque fait divers." La façade de la Cimade à Montpellier fait d'ailleurs régulièrement les frais de ce genre de tags.