C'était une promesse de campagne d'Emmanuel Macron : la mise en place d'une police quotidienne de sécurité. Un dispositif semblable à la police de proximité fondée en 1998 par le gouvernement Jospin.
Un policier qui échange des balles avec un jeune ou un autre qui organise des cours de chant avec des petites filles. Ces images paraissent impensables aujourd'hui. Pourtant, elles ne datent que d'une vingtaine d'années, dans le quartier de la Paillade, à Montpellier.
"Quand on voyait des policiers patrouiller, on respectait"
Le centre de loisirs des jeunes (CLJ), Nicolas et Ichem s'en rappellent très bien. C'est une période charnière dans leur vie.
En plus de l'encadrement des jeunes des quartiers populaires, Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l'Intérieur, lance en 1998 la police de proximité. Une réforme emblématique de l'époque avec un but : rapprocher les policiers des préoccupations de la vie quotidienne des habitants."Quand on voyait des policiers patrouiller, on respectait, car on se disait tiens, ce sont les mêmes policiers qu’au CLJ", se souviennent-ils.
Pour Alain Frapoli, le créateur du CLJ de la Paillade, "l’intérêt était aussi de savoir qui on interpellait et pourquoi on le faisait".
La police de proximité sera pourtant supprimée en 2003 par Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur à l'époque.
"Partir à la reconquête des quartiers"
Aujourd'hui, Emmanuel Macron veut remettre en place un dispositif similaire : la police de sécurité du quotidien.
Pour Robert Folcher, qui a participé à l'élaboration de la police de proximité, cette perte de temps met en danger la réussite même de la réforme.
"Il va falloir partir à la reconquête des quartiers. Une fois cela fait, on va pouvoir mettre en place une réelle sécurité du quotidien."
Bruno Bartocetti, syndicaliste Force ouvrière, accueille la nouvelle avec enthousiasme : "C’est notre vœu pieu. Mais pour être plus efficace, sans pour autant avoir un policier à chaque coin de rue, c’est d’avoir des renforts nécessaires pour fonctionner ainsi." Et de souligner :
"La promesse de 10.000 policiers sur cinq ans sur le territoire national, ça passe par un an de formation. Les affectations se font ensuite à Paris. Nous n’avons rien contre la région parisienne mais nous attendons avec beaucoup de détermination des renforts dans la région de Montpellier."
Les résultats de la concertation seront connus d'ici un mois. Le cahier des charges précis de la police de sécurité du quotidien sera alors défini.