"Josep" du dessinateur de presse Aurel a remporté vendredi soir le prix du Meilleur film d'animation long métrage lors de la 46ème cérémonie des César. Son producteur montpelliérain Serge Lalou ne cache pas sa joie et espère que cette récompense ouvrira la porte à d'autres projets régionaux.
Et un prix de plus ! Après un florilège de récompenses ces derniers mois et une nomination au Festival de Cannes en 2020, "Josep" a remporté vendredi soir le prix du Meilleur film d'animation long métrage lors de la 46ème cérémonie des César.
Sur la scène de l'Olympia à Paris, son réalisateur Aurel n'a pas boudé son plaisir. "Quel immense honneur de se retrouver là avec ce magnifique prix", a-t-il déclaré. Le dessinateur de presse, bien connu à Montpellier, a profité des projecteurs pour faire passer un message.
C'est un grand cap quand on passe de dessinateur de presse, comme moi, à faire un film. Je veux aussi partager ce prix avec les copains et les copines dessinateurs de presse : on parle souvent de nous quand il y a des malheurs, mais le cinéma nous permet aussi de mettre le dessin en lumière.
Grand favori de la catégorie, le cinéaste peine pourtant encore à réaliser que son film a décroché le Graal. Après la cérémonie, il s'est exprimé sur son compte Twitter : "Quelle joie. Bon sang. Quelle joie. Une cerise sur le gâteau. Et quelle cerise !"
Quelle joie. Bon sang. Quelle joie.
— Aurel (@Coolstand) March 13, 2021
Une cerise sur le gâteau. Et quelle cerise ! A partager avec chaque membre de toutes les équipes qui ont travaillé sur le film au scénario, à la production, à la fabrication, au son, à la musique. Aux merveilleux-ses actrices et acteurs. https://t.co/fjbYwn0xMp
"Josep" est directement inspiré de la vie du dessinateur catalan Josep Bartolí, contraint de fuir la dictature franquiste après la guerre civile espagnole : il sera d'abord parqué dans un camp de réfugiés dans les Pyrénées-Orientales puis s'exilera au Mexique. Jolie ode à la résistance, ce film d'animation aborde aussi la relation d'amitié extraordinaire que noue l'artiste avec un gendarme français.
Une fierté régionale
Aux côtés d'Aurel sur scène vendredi soir, le producteur de "Josep" Serge Lalou s'est à son tour exprimé.
"J'aimerais que ce prix soit un encouragement pour toutes celles et ceux, créateurs, producteurs, techniciens, qui en région travaillent pour une décentralisation des imaginaires et des moyens techniques", a défendu cette figure de la maison de production montpelliéraine Les Films D'ici Méditerranée.
Il salue aussi le soutien de la Région Occitanie et du Mémorial du Camp de Rivesaltes, présents depuis le début du projet.
Ce samedi matin, l'excitation n'est toujours pas retombée. "Je ressens une joie immense et c'est ce que j'ai essayé d'exprimer aux César", confie le producteur au téléphone à France 3 Occitanie. "Valoriser ce genre de production permet de casser les idées reçues et d'ouvrir la porte à de nouveaux projets régionaux. C'est aussi comme ça qu'on peut faire émerger des pépites."
Faire vivre l'histoire
Serge Lalou souligne aussi l'intérêt du film dans le cadre du devoir de mémoire et encourage les enseignants à s'en servir comme support pédagogique.
Le film a reçu un très bon accueil, notamment en Occitanie. Quand on a retrouvé les derniers survivants de la période franquiste et leurs descendants dans les salles et qu'on a vu qu'ils s'identifiaient, ça nous a énormément touchés. On a pu à la fois contribuer à ce travail de mémoire, mais aussi faire découvrir ce pan de l'histoire à ceux qui ne la connaissait pas.
Le producteur montpelliérain ne va pas s'arrêter en si bon chemin. Il compte bien surfer sur la vague du succès pour mettre en valeur des productions qui lui tiennent à coeur, à l'image du long-métrage de fiction "La Baleine" du Gardois Sylvère Petit.
Et quand on aborde avec lui l'hypothèse d'une nouvelle collaboration avec Aurel, Serge Lalou n'exclut pas l'éventualité. "Aurel écrit et ça va prendre du temps. Mais je confirme qu'il a un nouveau projet", conclut-il.