Montpellier : danse de la colère pour les artistes toujours confinés

180 danseurs en noir avec un nez de clown sur l'Esplanade de Montpellier. Une danse de la colère pour protester contre la prolongation de la fermeture des théâtres, scènes et écoles de danse. Artistes, intermittents et techniciens alertent sur l'économie culturelle en péril.

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Dans la ville de la biennale de la danse, c'est une manifestation chorégraphique qui a animé en début d'après-midi l'Esplanade de Montpellier. 180 danseurs ont exécuté une danse de la colère contre le report de la réouverture des lieux culturels. Retardée de 3 semaines minimum pour raison de circulation encore active du virus Covid19, cette réouverture n'interviendra que début janvier si la situation sanitaire ne se dégrade pas davantage. Malgré la "rallonge" annoncée par le gouvernement pour soutenir le secteur, les artistes, intermittents et les techniciens mais aussi les écoles de danse et de musique sont nombreux à être au bord de la faillite.

Une performance revendicative 

Tout de noir vêtus, boule rouge sur le nez, 180 artistes avec comme en toile de fond le Corum, cette grande salle de spectacle montpelliéraine fermée depuis le nouveau confinement. Une comédienne lit la lettre d'Ariane Ascaride au président de la République fin octobre. 
"Ce qui fait un trou à mon âme est l'absence dans votre discours du mot Culture. Votre silence m'a démolie" écrivait l'artiste. A ces mots, les 180 danseurs se couchent sur le sol.

Puis, sur "Whole lotta love" de Led Zeppelin, tous se relèvent et se lancent dans une chorégraphie rythmée de gestes forts. Pieds martelant le sol, poings fermés, bras en croix, chutes des corps sur les feuilles mortes. Une performance qui "prend aux tripes" du collectif Les Essentiels.

"Partager cette sensation de détresse"

Parmi les danseurs, Élodie Cauby très émue, qui souffre de se sentir "invisible aux yeux de la classe politique".

 "Je danse pour partager cette sensation de détresse. La danse comme le théâtre sont des métiers de coeur. Franchement, profondément, notre coeur est blessé"

Elodie Cauby, professeure de danse

Les écoles de danse et de musique sont en effet impactées par ce report de l'autorisation d'ouverture car elles dépendent du ministère de la Culture et non du Sport. Elles ne peuvent donc pas reprendre, pour l'instant, leurs cours avec les enfants.

"Nous sommes capables de respecter les protocoles sanitaires dans les théâtres et les salles de danse" argumente Katia Benbelkacem, cheville ouvrière de l'événement.

De l'argent a été dépensé pour ces protocoles sanitaires. C'est de l'argent perdu. Nous ne comprenons pas ce manque de confiance!

Katia Benbelkacem collectif les Essentiels.

 

Après la performance publique, le collectif soutenu entre autres par la chorégraphe Mathilde Monnier, a été longuement applaudi par le public, certains criant "Ne lâchez rien".

Le reportage sur l'Esplanade de Montpellier de Carine Alazet et Thierry Will pour France 3 Languedoc-Roussillon.

Les artistes souvent exclus du chomage partiel

Tous les employés et entreprises du secteur de la culture ne peuvent pas prétendre au fonds de solidarité mis en place par le gouvernement, cela dépend de leur statut.
"Le chômage partiel n'est valable que sur les missions salariées, ce qui n'est pas du tout le cas pour la majorité d'entre nous", explique Catherine Warburton, danseuse interprète. 
Elle-même a plusieurs statuts: micro entreprise, salariée et associatifs.

"Mes contrats n'ont pas pu se faire. Pour vivre, en ce moment, c'est compliqué, c'est une perte sèche de tous mes revenus.

Catherine Warburton, danseuse interprète


  De son côté le Gouvernement indique avoir mobilisé plus de 5 milliards d'euros depuis le mois de mars 2020 afin de faire face à l’impact de la crise de la Covid-19 sur les secteurs de la culture et des médias. Suite à l'annonce du report de la réouverture des lieux culturels, la ministre Roselyne Bachelot a rappelé le soutien important de l'Etat, avec le déblocage de 35 millions d'euros supplémentaires.


   

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