Cinémas, musées ou encore théâtres rouvriront-ils au 15 décembre 2020 ? Depuis mardi et les dernières annonces gouvernementales sur l’évolution de l’épidémie, le doute plane à nouveau. Réactions dans le milieu culturel en Occitanie avant la prochaine allocution officielle.
A Castelginest, en banlieue toulousaine, le cinéma « le Castellia » est prêt à rouvrir. Mais alors qu’il passe un dernier coup d’aspirateur dans la salle, son exploitant se veut plutôt fataliste.
Ça fait maintenant neuf mois qu’on apprend à s’adapter. Si c’est reporté, c’est reporté » Jean Villa, exploitant cinéma "Le Castellia", à Castelginest (31)
« On a les films. On est prêt à rouvrir dès qu’on nous donne le feu vert et en 24 heures, on est capable d’accueillir les spectateurs dans les meilleures conditions » assure-t-il toutefois au milieu des 200 places de sa salle. Du côté des plus gros exploitants, comme à Gaumont Toulouse, on préfère « patienter jusqu’aux annonces de demain » avant de réagir.
Situation complexe également au théâtre du Grand-Rond à Toulouse. Ici, les répétitions n’ont jamais vraiment cessé ces dernières semaines mais, l’incertitude plane tout autant.
C’est très compliqué pour le théâtre de rester fermé. C’est très compliqué d’être ouvert sur des jauges réduites » Sophie Sciabica, chargée de communication, théâtre du Grand Rond, Toulouse.
« Mais c’est encore plus compliqué pour les compagnies et les artistes qui voient reporter, annuler, à nouveau reporter, à nouveau annuler leurs représentations depuis le mois de mars » reconnaît aussi la responsable communication du théâtre. « Leur économie est beaucoup plus fragile que la nôtre qui n'est déjà pas très facile à tenir » assure-t-elle.
« C’est épuisant car c’est comme ça depuis le mois de mars » reconnaît Carole Albanese. La directrice de la Scène Nationale de l’Ariège a co-signé la lettre interpellant le président de la République et son gouvernement sur la situation. « Ce qui est très compliqué, c’est de réagir à chaque fois à si peu de jours de la décision. Le droit du travail veut que les emplois du temps soient prêts trois semaines à l’avance. Ce serait bien qu’on soit nous-mêmes informés dans ce délai » demande la patronne de l’Estive.
Le bénéfice « Lien Social »
D’autant que la semaine d’éventuelle reprise de la structure ariégeoise s’annonce chargée, avec à la clé un cadeau pour le public samedi 19 décembre : deux concerts gratuits. « On a la certitude qu’on peut accueillir le public en toute sécurité » assure Carole Albanese. Et la directrice de pointer « le bénéfice lien social » qu’apporte la culture face au risque sanitaire. « Ce lien est essentiel juste avant les fêtes où de nombreuses personnes vont se retrouver seules ».Pour ce qui est des musées municipaux toulousains, ils sont eux aussi prêts à rouvrir dès le mardi 15 décembre 2020. Le Muséum qui connaît un pic de fréquentation à la Toussaint et pour les vacances de fin d’année présentera une exposition sur magie et sorcellerie.
Tous nos sites afficheront une exposition dédiée ou un spectacle » Pierre Esplugas, adjoint au maire de Toulouse en charge des musées.
Les Abattoirs par exemple, fermés le mardi et qui n’ouvriront que le 16, exposeront une partie du fond Daniel Cordier disparu récemment. « Mais si un rebond avait lieu dans l’épidémie, on s’adaptera et on respectera les directives gouvernementales et présidentielles » prévient Pierre Esplugas.
Une baisse de 50% de fréquentation sur l'année
Florence Saragoza, qui dirige le musée Toulouse-Lautrec, ne se plaint pas mais annonce la couleur. Si la réouverture ne se fait pas, le lieu culturel emblématique d’Albi affichera une baisse de 50% de fréquentation sur l’année. La période de Noël est en plus très attendue du côté du Palais de la Berbie notamment pour la boutique, source de nombreuses idées cadeaux.« On a fait du réaccrochage pour changer le parcours. Nos ateliers pour enfants et des visites contées sont également au programme. Et puis la découverte des coulisses du Palais est toujours au programme à l’occasion des 10 ans du classement de la cité épiscopale à l’Unesco » détaille la directrice.
En attendant, on a mis des choses en lignes, mais pour l’instant, dans le musée, ça résonne. Il nous tarde d’y entendre à nouveau des visiteurs » Florence Saragoza, directrice du musée Toulouse-Lautrec à Albi (81).