Ils se sont rassemblés, une fois de plus, devant le groupe pharmaceutique à Montpellier. Des salariés de Sanofi contestent le nouveau plan social qui menace 364 postes en recherche et développement dans toute la France, dont 55 dans l'Hérault. L'Inspection du travail est saisie.
En l'espace de 12 ans, le site montpelliérain de Sanofi est passé de 1.400 postes à 850. Une saignée qui doit continuer avec le dernier plan social prévu par le groupe pharmaceutique : à l'horizon 2022, 365 postes supplémentaires vont être supprimés en France, dont 55 à Montpellier.
Le secteur de la chimie décimé
La restructuration de Sanofi donne un coup d'arrêt à plusieurs activités, et en particulier au secteur de la chimie.
"Tout ce qui concerne le développement chimique sera stoppé" confirme Sophie Allais, la directrice des ressources humaines de Sonafi à Montpellier,"nous nous focalisons sur des activités plus pharmaceutiques".
La destruction du pôle recherche chimique était déjà bien entamée, comme l'illustrent les photos des laboratoires de chimie détruits prises par le syndicat SUD qui témoigne des chercheurs victimes de cette restructuration.
"Moi j'étais chimiste", explique Sandrine Caristan, la porte-parole du syndicat Sud Chimie.
Je m'occupais de faire le suivi de la synthèse de la chimie fine qui produisait les médicaments. Aujourd'hui, sur le site de Montpellier, c'est terminé!
"C'est qu'il y a beaucoup de sous-traitance" renchérit Ludivine Charnelet, technicienne chimiste de laboratoire. "Et on ne travaille plus directement en interne par Sanofi, c'est inquiétant pour l'avenir, à se demander si nos métiers existeront toujours!"
La recherche menacée?
Alors que l'entreprise externalise de nombreuses activités, les syndicats craignent pour la survie de la recherche à moyen terme. Une restructuration qui fait des remous depuis 2008.
En l'espace de 12 ans, le site de Sanofi a supprimé 550 postes à Montpellier, en grande partie des chercheurs.
Globalement, dans le groupe, il y aurait aujourd'hui deux fois moins de CDI qu'en 2008 et Sanofi France a déjà allégé plusieurs fois ses effectifs en recherche.
Des syndicats divisés sur la méthode...
Ce jour-là ils ne sont qu'une poignée devant les grilles de Sanofi. Après des années de lutte sans succès, les salariés ont baissé les bras.
"Ils sont complètement désabusés, persuadés qu'on ne peut rien faire contre un groupe du CAC 40 comme Sanofi!"commente la porte-parole de SUD.
SUD et la CGT continuent de se battre pour tenter d'empêcher ce nouveau plan social, tandis que la CFDT et 2 autres syndicats ont choisi de signer les mesures d'accompagnement (le plan de départ volontaire).
Nous sommes contre les suppressions de postes", précise Aline Eysseric, la déléguée CFDT recherche et développement.
Nous avons signé les mesures d'accompagnement pour que ceux qui vont partir puissent le faire dans de bonnes conditions, c'est le "moins pire" qu'on peut faire et si on ne signe pas, ça n'empêche pas l'entreprise de supprimer des postes!
Ce n'est pas l'avis de SUD qui soutient que c'est la signature des syndicats qui a permis de faire valider les différents plans sociaux par la DIRECCTE. Le syndicat vient de saisir l'Inspection du travail pour lui demander de bloquer le plan de départs volontaires.
...Mais unis pour condamner la restructuration de Sanofi
S'ils ont de profonds points de désaccords, les syndicats de Sanofi pointent tous du doigt les profits réalisés par la multinationale.
Le mastodonte pharmaceutique enregistre cette année un bénéfice net en progression de près de 340 %, soit 12,3 milliards d'euros de plus que l'an dernier. Le groupe Sanofi, rebaptisé "Sanofric" par les chercheurs qu'il a laissés sur le carreau, n'a jamais autant mérité son surnom...
Le reportage à Montpellier de Caroline Agullo et Juliette Mörch pour France 3 Languedoc-Roussillon.