Depuis ce lundi 18 janvier, les cours d’EPS en intérieur sont suspendus sur décision du premier ministre. Ce mercredi, une dizaine de professeurs d’EPS de Montpellier et des alentours s’est rassemblée devant le rectorat pour dire leur incompréhension face à cette mesure.
Incompréhension, colère et exaspération règnent dans les rangs des professeurs d’EPS de la région. Ce mercredi, ils étaient une dizaine à se rassembler à 14h devant le rectorat de Montpellier, dans l’espoir d’obtenir des réponses à leurs nombreuses questions quant à l’avenir de leur discipline mais aussi proposer des solutions pour leurs élèves : « Il y a un état de colère, d’incompréhension et d’exaspération extrême parce qu’il y a un mépris à la fois pour le personnel mais surtout pour les élèves,» nous dit Patrick Bassis, enseignant d’éducation physique et sportive au lycée Jean Mermoz à Montpellier.
Les raisons de la colère ? Le dernier discours du premier ministre Jean Castex, annonçant la suspension des activités sportives et physiques dans des lieux couverts y compris pour les mineurs dans le cadre de la lutte contre la propagation du covid-19.
De facto, terminé les cours d’EPS dans les gymnases pour les collèges et les lycées, tous se feront désormais en extérieur.
Une décision incohérente pour les professeurs d’éducation physique et sportive, qui pour la plupart s’étaient organisés pour poursuivre leurs cours avec tous leurs élèves : « Nous sommes contrariés et énervés, car nous avions mis en place quelque chose qui fonctionnait plutôt bien. Une semaine sur deux, les élèves venaient en demi-groupes, ce qui faisait qu’ils étaient moins nombreux à l’intérieur du gymnase, et pour eux comme pour nous c’était un bonheur, nous avions plus de proximité avec nos élèves et ça fonctionnait vraiment bien, quand on travaille avec 16 élèves au lieu de 38 c’est une approche différente, » nous dit Pascale Garcia, professeure d'EPS au lycée Jules Guesde à Montpellier.
Quid de la santé des élèves ?
En jeu aussi pour ces professeurs, la santé physique et mentale de leurs élèves.
Pour certains, les cours d’EPS, c’est le seul moment où ils peuvent pratiquer une activité physique et sportive, et cette pratique elle est fondamentale aujourd’hui. Il faut que les ados puissent avoir cet espace de liberté et de développement.
« Au-delà de ça, ils prennent des rituels quand ils ne font pas de sport, quand ils ne vont pas en cours, ils les remplacent par autre chose, souvent par des choses qui sont addictives, on connaît tous les effets néfastes des écrans. Je pense que tout cela va avoir des effets néfastes sur certaines familles et ça il faut que l’on n’y pense maintenant. C’est très difficile à rattraper, ce temps d’inactivité des élèves. On sait très bien que la sédentarité est une menace aujourd’hui dans nos sociétés, » nous dit Jean-Philippe Astier, professeur d'EPS au collège de Lodève.
Des problèmes de logistique
Pour ces professeurs, ce nouveau protocole va poser des problèmes de logistique aussi dans certains établissements.
Sylvain Causse est enseignant au collège Joffre. Eux, disposent d’un grand gymnase et de sept salles de sport intérieures de 200m², qui sont aujourd’hui fermées. En extérieur, ils ont une piste d'athlétisme de 250 mètres : « En théorie, il faut 10 mètres entre chaque élève, mais quand vous avez plusieurs classes en même temps, tous en extérieur, parfois on peut arriver jusqu’à 150 élèves, sur une piste de 250 mètres c’est impossible de respecter les distances. Donc vaut mieux répartir entre les salles intérieures et extérieures. »
Pour Jean-Philippe Astier, la météo risque de poser de nombreux problème dans la pratique de l’activité en extérieur : « Dans certains établissements ça va bloquer forcément, quand on est en extérieur et qu’il pleut, que les sols sont glissants ou boueux, que la pratique en extérieure n’est pas possible, qu’est-ce que l’on va faire ? On va aller dans les salles ? Et s’il n’y a plus de salles, où va-t-on aller ? Dans la cour ? Il va forcément y avoir des problèmes de logistiques. »
Il y a des moments où l’on va être amené à ne plus exercer notre métier, où l’on va faire d’autres choses, dans une salle de classe de 50m² alors que nous étions dans un gymnase de 800m². Il y a plein de choses qui nous paraissent un peu contradictoires et incohérentes.
Mardi 26 janvier, différents syndicats nationaux appellent à faire grève. A Montpellier, la manifestation est prévue au départ de la place de la Comédie à 14 heures.