Des enseignants du lycée Émile Peytavin à Mende sont en grève depuis ce mardi matin. Ils dénoncent un protocole sanitaire difficile à mettre en place et insuffisant. Et un hommage à Samuel Paty faits dans de mauvaises conditions.
Depuis ce mardi 3 novembre, 25 enseignants du lycée général et professionnel Peytavin à Mende sont en grève, plus d'un quart de la totalité des enseignants de ce lycée de 700 élèves. Au lendemain de la rentrée des vacances de Toussaint, ils ont découvertshier un protocole sanitaire renforcé. Il s'agit de limiter au maximum les contacts entre différents groupes d'élèves, notamment en les faisant sortir en récréation par groupes et en décalé, ou encore de limiter au maximum les déplacements entre les salles de classe. Ce sont des mesures regroupées dans la thématique "limitation du brassage", qui fait partie des cinq points du protocole, énumérés sur son site par le ministère de l'Education. Des mesures difficiles à appliquer au sein de leurs classes surchargées.
" Nous avons des classes de 36 élèves, tous masqués. Mais même avec des masques, personne n 'est protégé, ni les enseignants, ni les élèves, ni les familles, " explique Isabelle Volle , enseignante en économie et gestion. " Tant que nous n'aurons pas un dédoublement des classes, avec moins d 'élèves et une vraie distanciation, nous ne pourrons pas être à l'abri du virus. "
"La sécurité sanitaire ne sera assurée que par la mise en place de petits groupes de 15 élèves par salle maximum. Les classes sont surchargées. Et les programmes doivent être aménagés. La priorité est de protéger les élèves et les enseignants", via @LopinionIndep https://t.co/rZu6YyuNDG
— SNES-FSU Toulouse (@SNES_toulouse) November 2, 2020
Un point de vue partagé par les enseignants et les parents d 'élèves, qui s'interrogent des conditions dans lesquelles évoluent les élèves au sein du lycée, dans la cour, les couloirs ou au self de la cantine. Dans la mesure du possible, le but du protocole renforcé est de faire déjeuner les enfants à 1 m de distance les uns des autres, en les laissant avec leurs camarades de leur classe. Mais classes surchargées et file d'attente au self inquiètent les parents d'élèves.
Nous demandons le dédoublement des classes où il y a 36 élèves.
" Il n'y a pas assez de surveillants et c'est très difficle de gérer les moments comme les interclasses ou la cantine ," témoigne Christelle Fillandeau, parent d'élève et présidente de la FCPE 48 . "Au self de la cantine, les enfants attendent jusqu' à 40 mn dans une file d'attente sans aucune sécurité ou distanciation sociale. Nous, parents, nous demandons, plus de surveillants et d'agents de cantine et en priorité le dédoublement des classes ."
#COVID19 Cantines surchargées, couloirs bondés, salles non aérées… Faites découvrir à @jmblanquer que son protocole sanitaire est très insuffisant dans les collèges et lycées -> #BalanceTonProtocole
— SNES-FSU (@SNESFSU) November 3, 2020
La santé n’est pas en option ! https://t.co/bL5qmg7ixf pic.twitter.com/sr8coAonJ6
Des conditions de travail difficiles
La crise sanitaire et le protocole de sécurité bouleversent les méthodes de travail. Ce professseur de sport ne sait plus de quelle manière assurer ses cours." Comment faire ? Nous avions un protocole qui permettait la pratique du sport sans masque pour les élèves. Avec le nouveau protocole renforcé, on ne peut plus faire de sport collectif, pour éviter tout contact. Je suis choqué par le manque d'anticipation. Rien n'est fait dans l'interêt des éléves. Je ne sais plus trop comment faire, " s'interroge François Romain, enseignant d'EPS.
Cette autre enseignante en lettres et histoire dans la section lycée professionnel ne sait plus que répondre à ses élèves qui ont des stages obligatoires dans leur cursus.
" On se retrouve dans l'incapacité de répondre à nos élèves qui ne savent plus s'ils vont pouvoir faire leur stage. Dans l'hotellerie ou la restauration, comme dans les hopitaux, ce n'est plus possible . Quid des élèves ? " explique Marlène Marques, enseignante." Nous sommes fatigués de ne pas pouvoir leur répondre, et ce depuis le mois de mars. "
Un hommage à Samuel Paty " réduit "
Dans tous les établissements scolaires, hier, il a été prévu qu'un hommage soit rendu à Samuel Paty, cet enseignant décapité pour avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves. Pour lui rendre hommage, une minute de silence a été observée à 11 heures. S'en est suivit un temps de parole avec les élèves, sous la responsabilité des enseignants." Nous n 'avons pas eu de temps de préparation et de réunion entre professeurs avant de parler à nos élèves. La laïcité, la république et la liberté d'expression en sont pas des valeurs faciles à expliquer à des jeunes, " témoigne Isabelle Volle, enseignante. " Cet hommage réduit, sans préparation, est la goutte d'eau qui fait déborder le vase ! "
Le mouvement de grève pourrait être reconduit.