Ce lundi matin, 2 familles albanaises ont été expulsées de leur logement de fortune à Montpellier. L'une a été embarquée à bord d'un avion pour l'Albanie, l'autre est actuellement en centre de rétention. Les associations se mobilisent et dénoncent les méthodes du préfet de l'Hérault.
Ce lundi matin à 6h30, deux familles albanaises, 4 adultes et 6 enfants âgés de 14 mois à 18 ans, ont été expulsées par les forces de police de leur logement à Montpellier.
L'une des familles a été directement conduite à l'aéroport de Montpellier et a embarqué dans un avion à destination de l'Albanie. L'autre famille a été placée en centre de rétention administratif.
Dans un communiqué, la préfecture de l'Hérault indique que "Six personnes (1 couple et 4 mineurs) ont fait l’objet d’une mesure d’éloignement du territoire, par voie aérienne, à destination de Tirana (Albanie). Déboutées de leurs demandes de statut de réfugiés, ces personnes se sont maintenues en situation irrégulière sur le territoire national. Deux personnes ont par ailleurs fait l’objet de procédures d’obligation de quitter le territoire français et de placements en centre de rétention administratif".
En passe d'être relogés
Suivie par les associations d'aide, une de ces familles est composée de 2 parents et de 4 enfants : un bébé de 14 mois, une jeune fille de 14 ans scolarisée et de 2 jumaux de 18 ans scolarisés en bac pro au Lycée Léonard de Vinci de Montpellier. Elle vit en France depuis 5 ans et "n'a jamais posée de problèmes" selon les associations. Cette famille albanaise avait fait une demande de cartes de séjour, déposé le 9 septembre dernier et était dans l'attente d'une réponse de la préfecture de l'Hérault. Ce sont eux qui ont été expulsés par avion, ce matin.
La deuxième famille est composée d'une maman seule avec 2 enfants et de son beau-frère.
Le relogement de ces deux familles devait advenir dans les jours prochains.
"Ces familles devaient être relogées dans la semaine en cours dans des logements mis à disposition par la Ville de Montpellier, en concertation avec les services préfectoraux. Elles devaient avoir un logement décent dans la semaine par l'association "Avec Toit" , en collaboration avec la Ville de Montpellier" explique Jean-Paul Vogel de la Ligue des Droits de l'Homme.
Cette famille devait être relogée dans des habitats "intercalaires", des logements de la ville, inoccupés et libres pendant 1 an ou 2 ans. Un travail en concertation entre la ville de Montpellier et les associations qui n'ont pas été prévenues de l'expulsion.
"Nous sommes très surpris, c'est une famille exemplaire, le père était chef d'entreprise pendant 25 ans en Albanie, ils sont venus en France en 2015 au moment de la crise dans leur pays. Les directrices d'écoles ont salué l'exemplarité de cette famille. Et surtout, alors que nous préparions l'emménagement, nous n'avons pas été prévenu par la Préfecture" explique Michel Calvo, adjoint à la ville de Montpellier.
Les associations s'indignent
Cette décision sans concertation et dans l'urgence indigne les associations d'aide, un mois après l'évacution manu militari de bidonvilles à Montpellier.
Il s’agit d’un nouveau coup du Préfet Bulldozer pour lequel le sentiment d’humanité n’existe pas et qui agit à nouveau dans l’illégalité.
"Au moment même, où l'on travaille avec les services de la ville et les services de la préfecture elle-même, le préfet Mr Moutouh décide de passer outre ce travail et d'expulser ces familles. C'est une surenchère, une politique de la terre brûlée. Tout le monde est dépassé par la brutalité du préfet..." précise le représentant de la Ligue des Droits de l'Homme.
Pour l'association La Cimade de Montpellier, c'est un coup de force incompréhensible.
"Cette famille était en France depuis plus de 5 ans, avec des enfants scolarisés et du travail, comme le prévoit la circulaire Valls... Nous sommes vraiment étonnés, le préfet en a décidé autrement, c'est inadmissible ! Ca ne résoud rien et détourne des vrais problèmes alors que nous étions en passe de trouver une solution avec la ville et la préfecture" témoigne Thierry Lerch de la Cimade.
S'il est trop tard pour la famille expulsée par avion, la Ligue des Droits de l'Homme et la Cimade vont essayer d'aider au mieux la famille placée ce lundi matin en centre de rétention administratif.