De nouvelles générations identitaires s'implantent en Occitanie. Ces groupuscules d’extrême droite, très peu étudiés jusqu’à présent ont fait l’objet d’une enquête parlementaire commandée par une députée de l'Hérault. Avec internet, ils bénéficient d’une exposition sans précédent.
L'extrême droite radicale reviendrait-elle en France ?
A Montpellier, il y a un an, des étudiants occupant la faculté de droit pour protester contre une réforme universitaire, sont passés à tabac par des individus cagoulés.
Un activiste de la Ligue du Midi, un groupe identitaire à la violence assumée, est identifié parmi les agresseurs. Le doyen en poste à l'époque ainsi qu'un professeur de droit proche de la Ligue du Midi sont complices.
Ces violences, perpétrées en toute impunité dans une université française, ont décidé la députée France Insoumise de l'Hérault, Muriel Ressiguier, à lancer une enquête parlementaire sur les groupuscules d'extrême droite en France.
Cela veut dire que ces gens là, ces idées, ce qu'ils portent notamment de haine, sont suffisamment banalisés et acceptables pour qu'un doyen ou qu'un professeur se disent, oui, je pense la même chose et je peux aller avec eux vers ces actes de vioence.
Selon les résultats de l'enquête, dans la région, deux groupuscules font essentiellement parler d'eux.
La Ligue du Midi et les Brigandes
Impliquée dans l'intrusion de la fac de droit, la Ligue du Midi avait aussi mis à sac en 2017, un local destiné à la prise en charge des mineurs étrangers.
Des actions, filmées et revendiquées sur leur site..
Même exposition sur le net, d'un groupe de chanteuses identitaires et sectaires basé dans les Haut-cantons de l'Hérault. Les Brigandes jouent la carte de la séduction tout en entonnant des refrains aux paroles xénophobes.
Cette présence sur internet des sites dédiés à l'idéologie de l'extrême droite radicale est un phénomène en nette progression depuis 2000.
Selon les experts convoqués à la commission parlementaire, si le nombre de militants activistes reste limité, une centaine en Occitanie, 2.500 en France, leur faiblesse en nombre est renforcée par un activisme virtuel très important. Cette frange radicale a gagné en visibilité et la menace est prise au sérieux.
La jeunesse pour cible privilégiée
La Fachosphère cible les jeunes de 13/14 ans, via des plateformes de jeux vidéos. Ils s'attaquent aux jeunes cerveaux, c'est plus malléable, donc c'est un danger réelle de radicalisation et de passage à l'acte. (...) La toile favorise et accélère cela, car les gens sont seuls face à leur écran...
Les experts redoutent davantage l'action de loups solitaires plutôt que de groupes organisés.
Selon un spécialiste basé à Perpignan, les thèses de l'extrême droite radicale ne choquent plus une partie de l'opinion.
Aujourd'hui, les violences de l'extrême droite radicale sont dirigées contre les migrants avec une bien plus grande acceptation sociale. Des enquêtes montrent que des attentats antimusulmans qui seraient faits après des actions de daech ou de djihadites recevraient l'approbation de 33% de la population, y compris des gens ayant des bons niveaux de revenus et des diplômés. (...) L'acceptation de la violence raciste est préoccupant" explique Nicolas Lebourg, historien spécialiste de l'extrême droite.
Pour prévenir les risques de radicalisation, la commission préconise le renforcement des moyens de la sécurité intérieure et une surveillance accrue des plateformes numériques qui hébergent des sites de la fashosphère. Elle prévoit la fermeture des sites haineux incitant à l'action ou des amendes bien plus dissuasives.
Des préconisations et une série de mesures pour ne pas laisser ces idéologies gagner la bataille d'internet.