Le couple menait une vie paisible de retraités à Villemagne-l'Argentière, dans l'Hérault. A l'été 2018, l'ancien chauffeur-livreur a tué son épouse d'une quarantaine de coups de pelle, sur fond de séparation. Devant la Cour d'assises de l'Hérault à Montpellier, il risque la réclusion criminelle à perpétuité.
"Reconnaissez-vous les faits?", demande la présidente de la cour d'assises de Montpellier. Abderrahmane Khalid, 83 ans aujourd'hui, répond par l'affirmative mais il ajoute ne "pas être tout à fait d'accord" avec les conclusions de l'enquête. En détention provisoire depuis 4 ans. il comparaît pour le meurtre de sa femme, Akila Cherrad, 73 ans, qu'il avait épousée à Lyon en 1964. Avec la circonstance aggravante qu'il s'agissait de son épouse
C'est la frère de l'accusé qui avait donné l'alerte le 2 août 2018 en milieu de soirée. Les gendarmes étaient intervenus dans la maison avec piscine du village de Villemagne-l'Argentière, dans l'Hérault où le couple avais pris sa retraite après une cinquantaine d'années passées à Grenoble. L'accusé, âgé alors de 79 ans, avait expliqué aux gendarmles qu'il venait de tuer sa femme. Elle sera retrouvé dans le garage, gisant dans une mare de sang, le visage détruit par une quarantaine de violents coups de pelle-bêche, comme l'indiquera le rapport d'autopsie. En garde à vue, le retraité avait expliqué avoir "perdu la raison" et avait ensuite tenté de se suicider dés le lendemain.
Divorce et amant imaginaire
En avril, Akila Cherrad avait introduit une requête en divorce. Puis, en juillet, mari et femme avait porté plainte l'un contre l'autre. Lui accusait son épouse de vol de documents, elle lui reprochait des violences. Interrogée par la présidente sur ses cinquante ans de mariage, Abderrahmane Khalid, arrivé en France de son Algérie natale à l'âge de 16 ans, raconte une vie "normale": "On ne s'est jamais privé, on faisait des cadeaux aux anniversaires des filles, des vacances au Sénégal ou aux Etats-Unis, ou encore des sorties à vélo avec Akila". Selon l'enquête de personnalité entendue ce mercredi, derrière cette "vitrine parfaite" régnait en fait un "chaos interne" au sein de ce couple qui souhaitait surtout faire oublier ses origines algériennes.
Décrite comme "stricte" par l'entourage du couple, l'épouse, laborantine dans une firme pharmaceutique jusqu'à sa retraite, menait sa maisonnée à la baguette. Deux de ses filles ont raconté avoir été chassées de la maison par leur mère à 17 ou 18 ans, et toutes évoquent un manque d'affection de leurs deux parents. Akila Cherrad dévalorisait régulièrement publiquement son mari, lui reprochant notamment son illettrisme. Lui s'était convaincu qu'elle avait un amant, qui n'aurait pourtant jamais existé. A la barre, l'octogénaire redit avoir été "cocu". Il ne comptait pas s'opposer au divorce mais ne le comprenait pas.
Abderrahmane Khalid sera interrogé sur les faits lors de l'audience ce jeudi 13 octobre dans l'après-midi. Les jurés doivent rendre leur verdict vendredi.
Avec AFP.