Après une solide expérience de designer graphiste et de directrice artistique, la photographe Aurélia Frantz passe de l’autre côté de l'objectif. La série de neuf photos "Le Phénix" chez Yellowkorner révèle le corps nu d'une femme qui se relève, se reconstruit et finit par marcher et être debout.
Forte de son expérience de directrice artistique, graphiste et de mannequinat, Aurélia Frantz pose son œil aguerri dans l'objectif et dévoile son travail photographique. Elle travaille au studio LaClik situé au marché du Lez à Montpellier qui regroupe 17 artistes indépendants.
C'est la rencontre au cours d'un master class avec le photographe François Rousseau qui déclenche chez elle l’envie d’exprimer quelque chose de plus personnel. Ce déclic donne vie à la série photographique "Le Phénix" : une femme, cadrée, coupée, entre formes graphiques et courbes féminines.
Le phénix comme autoportrait
Le Phénix, dans la mythologie, c’est un oiseau d’une grande longévité caractérisé par son pouvoir de renaître après s’être consumé dans les flammes, d’où l’expression « renaître de ses cendres ». Il symbolise les cycles de mort et de résurrection.
Pour Aurélia Frantz, c’est dit-elle, « comme un autoportrait ». Elle décrit une renaissance, « un corps brisé qui se relève où les vides sont aussi importants que les pleins ». Avec sensibilité et pudeur, elle nous livre : « L’expérience vécue a été un moteur de création… ma souffrance, peut-être ». Il est question « d’un équilibre à retrouver, et d’avancer » ajoute-t-elle.
Le Phénix, c’est l’histoire d’une femme qui sort de ses cendres, se relève, se reconstruit et finit par marcher et être debout.
Se relever pour avancer
Aurélia : « Une femme qui se relève, qui se redresse et qui avance, c’est un peu l’histoire de toutes les femmes. Dans son vécu, on a forcément, un jour ou l’autre, une expérience qui nous met à terre. On se relève seule et on se sent plus forte et on avance ».
Lorsqu’on écoute l’artiste se livrer, on pense à Nietzsche dans Le crépuscule des Idoles : « Ce qui ne me fait pas mourir me rend plus fort » ou encore à Cesare Pavese dans Le métier de vivre : « L’unique joie au monde c’est de commencer. Il est beau de vivre parce que vivre c’est commencer, toujours, à chaque instant ».
On voit dans les photos d’Aurélia Frantz et dans sa série "Le Phénix", des corps en morceaux, en contrejour, qui se découpent sur un fond blanc, comme des corps sculptés où les volumes, ses vides et ses pleins, semblent prendre vie.
Des formes et des lignes qui nous renvoient aussi à la série des « Nus bleus » de Matisse. Chez Aurélia, les ombres et lumières sont tranchées et les noirs profonds. Il est question ici, de bleus à l’âme comme on le découvre sur ces photos postées sur le compte facebook d'Aurélia Frantz.
Amazone : femme sensuelle frondeuse et guerrière
Pour la série "Amazone", la photographe a choisi comme modèle Charlotte Poncin, habituée au nu artistique : « Elle dégage un côté mutin et animal. La femme doit se défendre et être prête à mordre. Mais elle doit aussi se dévoiler, donner un côté plus fragile, quelque chose qui est personnel pour elle ».
Manon Amiel se charge du maquillage et des raccords pendant la séance. Le modèle prend des positions telle une sculpture qui se déploie. Pour mettre en confiance son modèle et lui permettre d’aller plus loin, la photographe lui montre les prises de vues réalisées, les poses qui lui plaisent. Une complicité qui permet progressivement une « mise à nue » du sujet.
Un message au plus près de la vérité
« Il y a pas mal de choses sur la représentation du corps féminin qui me mettent en colère » explique Aurélia. Elle poursuit : « Si on revient au message, le mien tendrait à chercher le subtil et le sensuel ».
On n’est pas du tout dans la vulgarité de la femme objet, on est dans quelque chose de suggéré.
Toujours à propos de la manière dont elle travaille, Aurélia explique : « Toujours avec des cadrages, on enlève des parties du corps du modèle. Ces parties qui peuvent être sexualisées, on peut les découper mais on reconnait toujours que c’est une femme. »
Pour l’artiste, c’est important que la photo délivre un message, au plus près de la vérité. Les photos d’Aurélia Frantz racontent un combat, une histoire personnelle et universelle. Elles illustrent aussi un rapport de confiance établi avec son modèle et une sensibilité d’artiste femme au service des femmes.
Alexandre Joannidès et Frédéric Molinier ont filmé la séance photo de la série "Amazone" où Aurélia Frantz travaille avec son modèle Charlotte Poncin.
Aurélia Frantz est photographe à Montpellier.