Les professionnels du livre audio se sont réunis lors d'un webinaire organisé à Montpellier ce vendredi 28 janvier. Un moyen de rendre hommage à la culture pour tous, sous la présidence du la Fédération des aveugles de France.
Les pages des livres ne sont plus destinés uniquement à la lecture, elles peuvent aussi s'écouter. C'est tout l'enjeu du salon international Audiolive organisé ce vendredi 28 janvier à Montpellier.
Une vingtaine d'experts et d'expertes du livre audio se sont réunis lors d'un webinaire organisé en partenariat avec la filière languedocienne de la Fédération des Aveugles de France (FAF).« Le projet Audiolive est né à Montpellier, dans notre structure associative qui a 95 ans d'existence ! C'est sa première édition et c'est un salon international qui regroupe des structures mondiales autour du livre audio.» raconte Thierry Jamme, président de la FAF du Languedoc-Roussillon. L'opération est également soutenue par Carole Delga, présidente de la région Occitanie et par l'Unesco.
Un produit pour personnes malvoyantes au départ
Le livre audio est une alternative de lecture destinées aux déficients visuels lors de sa création. Or depuis deux ans, un boom dans le secteur est constaté : « En 2021, la croissance a été de 35%, ce qui est considérable ! » détaille Thierry Jamme.
Les grosses entreprises de vente à l'international se sont emparées du phénomène, pour le plus grand plaisir des personnes malvoyantes qui ont alors accès à un large panel de livres numériques.
«Il s'agit d'une intégration à l'envers : c'est un produit de handicap tombé dans le grand public. » explique le président de la FAF du Languedoc. En effet, aujourd'hui, dans les transports en commun ou en voiture, les romans se multiplient dans les oreilles. Ce partout en France et l'Occitanie ne fait pas exception comme l'explique Cécile Jodlowski-Perra, directrice déléguée pour l'Occitanie du livre et la lecture : « La filière du livre audio en Occitanie est en plein développement, et ce notamment grâce au studio Benjamin Média de Montpellier. »
Des comédiens dans les oreilles
Traduire les émotions des mots couchés sur le papier est alors la mission des comédiens et comédiennes qui interprètent les histoires. Cécile Jodlowski-Perra confirme : « C'est un challenge de transformation artistique. Quand on se plonge dans un livre, on a une petite voix intérieure, un imaginaire qui chantonne. Dans le livre audio, il faut que le design sonore essaye de traduire cette musique. »
C'est derrière une petite table du studio Benjamin Média qu'Alexandra Mori, comédienne, se prête à l'exercice : « Je raconte une histoire à quelqu'un en particulier en ne sachant pas qui est ce quelqu'un. Je ne sais pas à qui je parle mais je m’adresse toujours à quelqu'un : en voiture, une personne âgée, aveugle, ou un jeune public qui aime aussi écouter des histoires racontées par quelqu'un d'autre que sa maman. »
Un véritable challenge vocal
Pour confectionner un livre audio, il faut, bien sûr, la bonne voix. Christian Hugonnet, fondateur de la semaine du son de l'Unesco, explique : « Le sonore est un élément de création à part entière, les voix sont pensées comme un orchestre. Tout l'intérêt d'une voix bien choisie est de bien asseoir l'imaginaire. »
Et c'est un challenge pour Alexandra Mori, comédienne à Montpellier : « Le fait de ne pas avoir le support de mon corps est une contrainte. Mais j'adore la contrainte. Ça me permet d'aiguiser ma pratique de transmission. Un sourire s'entend dans la voix, quand je fronce les sourcils aussi. »
Audiolive aurait dû se dérouler sur deux jours, avec des tables rondes, conférences et autres festivités. A cause de la crise sanitaire, l'événement a su se réinventer. Cécile Jodlowki-Perra le confirme : « Le rendez-vous est déjà pris pour 2023. »