Après quelques jours d'incertitude, les jardiniers paysagistes ont continué à travailler en adaptant leurs habitudes aux gestes de sécurité à observer depuis l'apparition de la pandémie.
Huit heures du matin. Le bruit assourdissant d’une tronçonneuse vient briser le silence tout aussi assourdissant d’un coquet lotissement de la banlieue de Montpellier. Une équipe de jardiniers paysagistes de Saint-Aunès est à pied d’oeuvre et à l’heure comme d’habitude. Comme si de rien n’était ou presque, on coupe, on élague et on éclaircit les jardins qui renaissent avec le printemps . « Après des injonctions contradictoires de la part de notre syndicat, et trois jours de flottement, nous avons pu continuer à travailler", précise Thierry Pradeille, le gérant de l’entreprise.
Clarification nécessaire
L'UNEP, l'union nationale des entreprises du paysage avait alors saisi le gouvernement afin de clarifier son discours sur la conduite à tenir."On nous a dit au début de nous mettre en chômage partiel puis on nous a dit de reprendre avec des gants et des masques, sauf que nous n'en avons pas, s'indigne Yannick Macabré, jardinier paysagiste à Teyran au nord de Montpellier. Dans des grandes entreprises, on pourrait être menacés d'être traînés devant les tribunaux, mais comment faire ?".
Nous sommes entre le marteau et l'enclume. Les obligations de sécurité pas toutes possibles à suivre et l'obligation de travailler pour manger. J'ai sept employés et on nous oblige à être une personne par camion. Comme je n'ai pas assez de véhicules, mes employés viennent travailler sur les chantiers avec leur voiture personnelle".On est obligés de travailler pour ne pas couler notre entreprise.
Jardiniers à l'extérieur, clients à l'intérieur
« Nous n’avons pratiquement pas changé nos habitudes. Nous prévenons à l’avance nos clients par téléphone ou par texto, la veille de notre venue. Et nous travaillons dans le jardin, alors que nos clients restent à l’intérieur des maisons. Bien entendu, nous respectons les gestes-barrière et les distances de sécurité entre nous et avec les clients », souligne le paysagiste."Tant que ces mesures peuvent être respectées, ce qui est le cas pour les entreprises comme les paysagistes travaillant à l’extérieur, elles peuvent continuer à travailler", confirme-t-on du côté de la préfecture de l’Hérault.Il nous est arrivé d’avoir à traverser une maison avec notre matériel pour accéder au jardin. Notre cliente a attendu dans sa chambre le temps que nous passions.
« Nous sommes allés jusqu’à Palavas pour un devis et nous avons été arrêtés par les gendarmes qui nous ont dit qu’il n’y avait pas de problème pour que l’on continue notre activité. Ils ont simplement regardé notre autorisation de sortie. Nous leur avons proposé notre carte professionnelle. Ils ont répondu que ce n’était pas la peine et nous ont souhaité « bon courage », ajoute Thierry Pradeille.
Déchetterie ouverte aux professionnels
Une fois les bambous et autres troncs de palmiers débités, cap à la déchetterie du coin. Elle a rouvert trois fois par semaine, deux heures par jours pour les professionnels. « Là aussi, nous avons du gel hydroalcoolique et nous attendons notre tour aux silos », indique notre jardinier.Ressent-il une perte de chiffre d’affaires ? « Pas pour l’instant car nous avons des contrats annuels d’entretien à honorer que ce soit chez des particuliers, des syndics de résidences et les jardins d’entreprises ».
Yannick Macabré de la commune de Teyran au nord de Montpellier est plus pessimiste. "Nous avons du travail pour les deux mois à venir, mais les mois d'été risquent d'être catastrophiques car depuis le confinement nous n'avons plus d'appels", s'inquiète le jeune chef d'entreprise