Les Jeunes Agriculteurs du Gard ont décidé de mettre en contact les producteurs locaux et les consommateurs. La page Facebook, créée il y a une semaine, est de plus en plus consultée. Et chacun y trouve son bonheur.
D’un côté l’agriculteur en quête d’acheteurs. De l’autre le consommateur à la recherche d’un producteur. A force d’être sollicité par téléphone par les uns et les autres, le syndicat des Jeunes Agriculteurs a pris l’initiative de créer une page Facebook interactive qui permet aux producteurs de vanter la qualité de leurs produits et aux habitants de localiser un agriculteur près de chez eux.
‘’Nous avons été surpris par le succès. Nous ne nous attendions pas à un retour aussi rapide et aussi positif’’.
La présidente des JA du Gard.
Au début de la crise, la plupart des agriculteurs peinaient à écouler leur production avec un ralentissement de la consommation. Les premiers jours ont été très compliqués, d’autant que certains hypermarchés mettaient encore en avant des fruits importés de l’étranger, en particulier de l’Espagne.
‘’Aujourd’hui, la grande distribution joue le jeu et privilégie la production locale’’, explique la présidente des JA, Ludivine Verlaguet, viticultrice à Saint-Gilles. ‘’L’un d’entre nous a même fourni en asperges et en fraises un hyper près de Toulouse’’.
Cette page Facebook est de plus en plus consultée. 700 personnes la suivent déjà. Et l’un des animateurs du syndicat a comptabilisé une bonne trentaine d’appels pour la seule journée de dimanche.
Des livraisons multipliées par 10 !
Ce lien direct a dopé la production. Benjamin Sant est viticulteur, trufficulteur et producteur d’asperges dont la saison bat son plein. Installé à Sainte-Anastasie près d’Uzès, il a vu ses livraisons à domicile augmenter de manière spectaculaire.Et il ne regrette pas d’avoir continué quand des collègues ont préféré abandonner au début de la crise en raison de la chute des ventes.
On leur amène à manger. Mais eux aussi, en achetant nos produits, nous permettent de manger.
En temps normal, le porte à porte représentait pour lui 40 à 60 kg de produits par semaine. Aujourd’hui, il en est à 70 à 100 kg par jour !
Sa vente directe a été multipliée par 10 . Il note désormais ses commandes sur un carnet.
Une partie de sa production s’écoule aussi en grandes surfaces. Et les marchés de gros de Châteaurenard et Cavaillon, victimes d’un sérieux ralentissement avec la fermeture des marchés, repartent grâce à l’explosion de la vente directe.
De nouveaux contacts
Benjamin Sant est ravi de faire la connaissance de nouveaux clients qui ne savaient pas qu’était installé près de chez eux un producteur susceptible de leur apporter des produits frais, de meilleure qualité et moins chers que dans la grande distribution.Un lien a été noué, souvent avec des personnes âgées ou isolées. ‘’Et si je dois leur apporter des pâtes pour leur rendre service, je n’hésite pas. Il faut s’entraider’’.
La sécurité: une priorité
Pour ses tournées, Benjamin Sant respecte au maximum les recommandations sanitaires. ‘’J’utilise des gants, je désinfecte systématiquement mon lecteur de carte bancaire et je laisse les produits sur la boîte aux lettres, même si je sais que tout risque ne peut pas être totalement écarté’’. Cela n’empêche pas les échanges, les questions des clients sur son métier et les siennes sur leurs besoins. Et il espère qu’après la crise, ces nouvelles habitudes perdureront. ‘’Ce serait fantastique. Et s’il faut livrer à 20h, je le ferai’’.Je prends le maximum de précautions. J’évite tout contact direct avec les gens même si le risque 0 n’existe pas.