La polémique enfle dans les rues de Montpellier : ces dernières semaines, des livreurs de repas en scooter ont été verbalisés par la police municipale pour circulation dans les aires piétonnes et nuisances sonores. Une pétition en ligne réclame l'annulation de ces PV.
Ce n'est pas une surprise : le confinement, les couvre-feux successifs et la fermeture des bars et restaurants ont eu des conséquences sur les habitudes des Français. Depuis le début de la crise sanitaire et le boom du télétravail, la livraison de repas à domicile a la cote. Les plateformes spécialisées, comme UberEats, Deliveroo ou encore JustEat, surfent sur la vague et ont enregistré en 2020 des chiffres records.
Montpellier ne fait pas exception : les livreurs de repas à vélo, mais aussi en deux-roues motorisés, sont désormais nombreux à sillonner les rues du centre-ville, parfois jusque tard dans la soirée. Ce ballet incessant a fait l'objet de plaintes de la part des riverains, agacés par le bruit.
Pour réguler ces va-et-vient qui ne plaisent pas à tout le monde, la police municipale a mené début janvier une vaste opération de verbalisation dans l'Ecusson. Plusieurs dizaines de livreurs à scooter, qui empruntaient pour la plupart les voies piétonnes, ont écopé d'une amende pour non-respect des règles de circulation et nuisances sonores. Montant : entre 90 et 135 euros.
Ce contre quoi nous nous battons, c'est le bruit et la vitesse excessive qui met en danger les piétons. À partir du moment où vous êtes en scooter électrique par exemple et que vous roulez au pas, nous avons une tolérance et la police municipale ne verbalisera pas.
Hier soir en 1 heure, 18 verbalisations dans l’aire piétonne pour circulation non autorisée de scooter au préjudice des riverains (bruit).
— Sébastien Cote ?????? (@CoteMontpel) January 3, 2021
Quasi toutes les verbalisations concernent @ubereats_fr et @Deliveroo_FR !
On en parle messieurs les managers ? @MDelafosse @Fvillette
Une pétition en ligne pour annuler les PV des livreurs de repas
Sur ces vélos et ces scooters, ce sont généralement des jeunes, parfois des étudiants. De jour comme de nuit, certains sont prêts à enchaîner les courses pour un salaire souvent peu mirobolant. La pression est très importante : face à la demande grandissante, il faut aller toujours plus vite.
C'est un travail un peu précaire, on ne va pas se le cacher. Pour joindre les deux bouts, on est obligé de travailler un peu en scooter pour aller plus vite, quitte à prendre le risque de se faire verbaliser. On n'a presque pas le choix.
C'est pour défendre ces travailleurs fragiles que l'ancienne candidate à la Ville de Montpellier Annie Salsé (Parti ouvrier indépendant) a décidé de lancer une pétition sur le site Change.org, adressée au maire Michaël Delafosse et à son adjoint Sébastien Cote. Elle réclame l'annulation des contraventions données aux livreurs.
"S’en prendre ainsi à ces jeunes, qui travaillent durement dans des conditions difficiles, en leur infligeant une amende qui représente plusieurs jours de revenus est inacceptable. C’est une honte", écrit-elle. Lancée le week-end dernier, la pétition a déjà été signée par plus de 6 300 personnes.
Cette doléance, va-t-elle trouver un écho ? Dans l'Ecusson en tout cas, le changement se ressent depuis plusieurs jours : désormais, nombreux sont les coursiers qui roulent au pas, voire qui mettent le pied à terre.