Montpellier : pourquoi le test EasyCov a des chances de percer sur le marché pléthorique du dépistage du coronavirus

En matière de dépistage du coronavirus, de nombreux tests existent. Sur ce marché pléthorique, EasyCov, développé à Montpellier, pourrait se faire une place de choix. Ses atouts : un test salivaire (et non nasopahryngé) indolore, rapide (60 minutes) et facilement déployable n'importe où.

Conçu et développé à Montpellier dans le cadre d'un partenariat public/privé, le test EasyCov de dépistage de la COVID-19 sera mis en production et commercialisé dans le courant du mois de juin 2020.

Il se présente comme une alternative aux diagnostics existants, sur ce marché déjà pléthorique. Mais ses atouts pourraient lui permettre de s'y faire rapidement une place, à en croire Franck Molina, qui dirige l'équipe montpelliéraine du CNRS ayant contribué à la mise au point d'EasyCov :
 

En ce moment, c'est nous qui retenons les commandes. Il y a déjà beaucoup de demandes dans plusieurs pays.


Les brevets sont déjà déposés pour cette solution de diagnostic quelque peu différente de ses concurrentes. D'abord, le prélèvement se fait par la salive et non par un écouvillon introduit dans la zone nasopharyngée (un système douloureux). Il est donc plus facile à réaliser ergonomiquement pour les soignants et devient indolore pour les patients.
 

Les premiers résultats du projet EasyCov de dépistage de la COVID-19

 

 

Dépister par la salive plutôt que par le nez


Il a donc fallu s'assurer que la salive était suffisamment chargée en virus pour qu'il puisse y être détecté et cela s'est avéré être le cas. Ensuite, les chercheurs sont parvenus, par la méthode utilisée, à raccourcir à 60 minutes les délais d'obtention des résultats. Ils précisent :
 

L'échantillon salivaire est chauffé pendant une heure seulement. Après validation par un biologiste médical, la lecture du résultat se fait ensuite simplement à partir d’un réactif coloré [lisible via l’application EasyCov Reader, NDLR].

 


Application smartphone


Si le test est positif, un prélèvement complémentaire est préconisé. Si le patient est asymptomatique, il lui est conseillé de consulter.

Une application smartphone que l'on passe devant le QR code inscrit sur le tube contenant le prélèvement est automatiquement envoyée et stockée dans la base de données nationale permettant le suivi de l'évolution de la pandémie.
 

 


Aéroports, bateaux et soignants intéressés


La facilité du prélèvement, la rapidité d'obtention des résultats et la facilité de déploiement du test EasyCov répondent à des besoins de dépistage différents de ceux proposés aujourd'hui en laboratoire, comme l'explique Franck Molina :
 

Avec le déconfinement, on a besoin de pouvoir effectuer des contrôles dans les aéroports, les avions, ou encore les bateaux, et même directement dans les cabinets médicaux. EasyCov offre ce "sas de sécurité sanitaire" immédiat. Car aujourd'hui, il faut d'abord aller au laboratoire, puis attendre les résultats, ça prend du temps. On a donc essayé d'être utiles.


Première cohorte de 93 patients testés


Les personnels de santé et les pompiers pourraient aussi être intéressés. Pour la première phase de l'essai clinique d'EasyCov, 93 soignants et soignantes asymptomatiques, 30 patients infectés dont 10 récemment et 20 autres venus en visite de contrôle ont été testés au CHU de Montpellier avec la méthode RT-PCR et leur salive a été testée avec EasyCov au laboratoire montpelliérain du CNRS Sys2diag par l'équipe de Franck Molina.


Vers une publication dans une revue scientifique


La comparaison des résultats obtenus avec ces deux techniques a fait l'objet d'une pré-publication sur la plateforme MedRxiv. D'ici la fin de la semaine, elle sera envoyée au comité de lecture d'une revue scientifique pour validation et publication, mais cela peut prendre 2 à 3 mois.

En parallèle, l’étude clinique va se poursuivre. Les scientifiques recherchent une cinquantaine de sujets supplémentaires pour arriver à un total de 180 participants car selon Franck Molina : "On a encore plein de choses à apprendre et à comprendre. La COVID nous a appris à rester modestes".


Commercialisé sans attendre la fin de l'étude clinique


Toutefois, les partenaires (SkillCell, filiale du groupe Alcen pour la phase indsutrielle, le groupe Inovie qui distribuera et réalisera le test, la société VOGO chargée de l'interface numérique, le CHU de Montpellier et le CNRS via son laboratoire Sys2diag pour la recherche et l'étude clinique) ont décidé de passer sans attendre à la phase de production et de commercialisation. La demande de marquage CE est en cours, pour une autorisation de mise sur le marché européen le 15 juin. Franck Molina explique ce choix :
 

On a déjà un nombre suffisant de patients pour valider les résultats. Si on attend de les recruter tous pour affiner l'étude clinique, on sortira le test fin juillet ce qui, au regard de l'évolution de la pandémie, n'est pas pertinent, alors qu'on a besoin tout de suite de tests à grande échelle.

 


Un test 100% français


Autre particularité par rapport à d'autres tests : 100% made in France, EasyCov sera produit en Alsace et à Nantes et l'interface permettant de lire les résultats sera gérée par son développeur, la société VOGO basée à Montpellier et spécialisée d'ordinaire dans le live, le replay audio et vidéo et l'interaction en temps réel lors d'événements sportifs.
 

 

 

Qui prendra en charge le coût du test ?


Le coût à l'unité d'EasyCov est estimé à près de 25 € hors taxe en sortie d'usine. Son prix public devrait avoisinner les 35 à 40 € non remboursé, au moins dans les premiers mois car la procédure administrative destinée à rendre un acte remboursable est longue.

Mais on pourrait imaginer que le test soit pris en charge par des organismes intéressés au dépistage de leurs membres ou clients, tels que les ligues sportives de haut niveau ou certains aéroports.

 

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