Le maire de Montpellier s'était opposé au projet de cession de la mosquée de la Paillade à l'Union des Mosquées de France, dépendante du Royaume du Maroc. L'association ACMIR, qui gère le lieu de culte, a décidé d'y renoncer définitivement par volonté de "dialogue et d'apaisement".
Michaël Delafosse a finalement eu gain de cause. Il y a quelques jours, le maire de Montpellier avait décidé d'exercer son droit de préemption pour empêcher le projet de cession de la mosquée de la Paillade de voir le jour : il avait été informé de cette éventualité via un document administratif, parvenu aux services de la ville.
L'association cultuelle ACMIR, propriétaire de la mosquée Averroès, projetait de vendre le lieu pour un euro symbolique à l'Union des Mosquées de France (UMF), structure rattachée au Royaume du Maroc. Elle a finalement décidé de faire machine arrière : on apprend ce samedi qu'elle souhaite retirer l'acte qu'elle avait déposé.
Michaël Delafosse se félicite de ce "changement de position".
Je suis satisfait de voir que cette vente n'a pas pu aboutir et que les principes de la loi 1905 aient pu être respectés grâce à notre action. J'espère que ce qu'il se passe aujourd'hui à Montpellier saura servir d'exemple pour d'autres situations en France.
Déjà interrogé par France 3 il y a quelques jours, l'édile s'était montré ferme : "Le culte, que ce soit le judaïsme, le catholicisme, l'islam, se déroule dans un pays et n'a pas à être mis sous influence étrangère."
L'association ACMIR s'explique
Dans un communiqué, le président de la mosquée de la Paillade, Tahiri Lhoussin, souhaite rappeler que sa démarche auprès de l'UMF était "transparente". "J'affirme avec le recul nécessaire dans ce genre de situation qu'il y avait un manque de communication en direction de la Mairie à ce sujet, mais nullement une intention malsaine", écrit-il.
Tahiri Lhoussin, également président du Conseil régional du culte musulman - Languedoc-Roussillon, explique qu'il a préféré stopper le projet dans une volonté de "dialogue et d'apaisement".
Je tiens (...) à rappeler mon attachement aux lois républicaines en oeuvrant pour le bien spirituel et moral de nos fidèles de confessions musulmanes. Notre mosquée a toujours été un facteur de stabilité à Montpellier.
Il propose au maire de Montpellier une rencontre "pour échanger et réfléchir ensemble sur les questions d'intérêts pour la communauté musulmane locale".
Le projet de loi sur les séparatismes en toile de fond
Mercredi 9 décembre, le gouvernement a dévoilé son projet de loi sur les séparatismes, rebaptisé "confortant les principes républicains". Il propose notamment un accroissement des contrôles dans les associations et les lieux religieux. La plupart des lieux de culte musulmans s'inscrivent historiquement dans le cadre de la loi 1901 et de la liberté d'association. Le gouvernement entend désormais les faire basculer sous le régime de la loi 1905 pour plus de transparence.
À la sortie du conseil des ministres, Jean Castex a défendu une "loi de liberté, (...) de protection et (...) d'émancipation face au fondamentalisme religieux." Le texte sera examiné par le Parlement début 2021.