Montpellier : tourner la page après 14 ans d'affaire Médiator

Trois jours après la condamnation des laboratoires Servier pour tromperie aggravée, l'heure est au bilan pour les victimes. Avec près de 100 000 euros d'indemnité versés par famille, de nombreuses victimes souhaitent arrêter le combat judiciaire et tourner définitivement la page. 

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"Merci pour ce combat qu'on a  mené ensemble, qui a été long et douloureux". L'avocate montpelliéraine Catherine Szwarc a réuni neuf des 120 victimes qu'elle a défendu dans l'affaire du médiator afin de leur expliquer les détails du jugement et faire le point sur la suite. Certains sont venus accompagnés de leur conjoint, trop fatigués pour se déplacer seul. D'autres sont absents : décédés quelques mois auparavant, à force d'attendre.

Car c'est un procès hors norme qui s'est achevé ce lundi : 10 ans d'enquête, et neuf mois d'audiences pour condamner les laboratoires Servier à 2.7 millions d'euros pour tromperie aggravée. 

Dix ans d’enquête et neuf mois d’audience 

Pour Nadia Malpeyre, 74 ans, cette condamnation est un soulagement après de nombreuses années d'attente. "Je suis très contente qu'ils soient punis parce que j'en ai beaucoup bavé. J'ai été très fatiguée et je le suis toujours." Après la naissance de ses enfants, son médecin lui a prescrit du médiator pour perdre du poids. Elle en a pris trois fois par semaine pendant 12 ans. Aujourd'hui, elle souffre de pathologies cardiaques. Au total, près de 5 millions de personnes auraient ingéré du médiator de 1976 jusqu'à son retrait du marché en novembre 2009. Près de 2000 personnes en seraient mortes. 

Des dommages et intérêts non négligeables

Pour réparer le préjudice subi par les victimes, les laboratoires Servier devront verser 180 millions d'euros aux 7 500 parties civiles au procès, en plus de l'amende de 2.7 millions d'euros, qui sera reversé à l'Etat. Face au chiffre d'affaires du groupe, 4 milliards 700 000 euros,  cette somme peut paraître dérisoire. Mais selon maître Catherine Szwarc cette somme est en réalité très satisfaisante. "Il faut bien comprendre que cette somme n'a pas vocation à punir, mais bien à réparer le préjudice des victimes. C'est un très beau jugement en ce qui concerne les dommages et intérêts. Ils ont étés arbitrés de façon très large par rapport à nos lois et à ce qui se pratique."

Les juges ont ainsi pris en compte le préjudice matériel et moral des victimes directes, mais aussi des victimes indirectes, comme les enfants. En moyenne, une famille pourra donc toucher près de 100 000 euros de dommages et intêrets. 

La déception d’Irène Frachon

Si cette indemnisation est en effet non négligeable, Irène Frachon regrette que le numéro deux des laboratoires Servier n'ai été condamné qu'à quatre ans de prison avec sursis. C'est cette pneumologue du CHU de Brest qui avait lancé l'alerte en 2007. " Mettre au tapis des milliers de gens ça mérite la prison. Ce n'est pas l'avis des juges, c'est incompréhensible. J'espère que le parquet va faire appel" affirme-t-elle. 

" Mettre au tapis des milliers de gens ça mérite la prison. Ce n'est pas l'avis des juges, c'est incompréhensible. J'espère que le parquet va faire appel" Irène Frachon

Irène Frachon

Le volet 2 du médiator 

Le parquet dispose en effet de dix jours pour faire appel de la décision. Car l'affaire du médiator est loin d'être terminée. Certaines victimes attendent encore un procès, cette fois-ci pour "blessures et homicide  involontaire." Ce sera alors un nouveau combat à mener... Un combat de trop pour de nombreuses victimes, littéralement épuisés après des années de procédures. La plupart d'entres elles ont plus de soixante ans, et souhaitent à présent tourner la page et démarrer si possible, une nouvelle vie. "Je suis une femme solitaire, je ne sors pas beaucoup, les voyages c'est pareil. J'espère que tout cela va changer  dans ma vie maintenant" affirme Nadia en souriant. 

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