Dans les trois principales artères commerciales du centre-ville de Montpellier, plusieurs magasins ont été cassés et pillés la nuit dernière, en marge d'un rassemblement interdit après la mort du jeune Nahel, tué par un policier à Nanterre. Ce matin, face aux dégâts, les commerçants redoutent les heures à venir. 12 personnes ont été interpellées (dont 2 à Béziers où des poubelles et voitures ont brûlé).
Rue de la Loge, Grand Rue Jean Moulin, boulevard du Jeu de Paume : ce matin, dans les trois principales artères du centre-ville de Montpellier, les commerçants constatent les dégâts, "abasourdis" selon Odette Daudé, la présidente de l'association des commerçants de l'Ecusson. Elle a fait le tour des boutiques et plusieurs d'entre elles ont été vandalisées, voire pillées, à l'image des enseignes Swarovski et Orange, entièrement dévalisées, ou de The North Face. Cette dernière, déjà dégradée lors des manifestations contre la réforme des retraites, n'a plus d'assurance.
En tout, cinq commerces ont été pillés. De nombreux autres ont été dégradés. Ces actes de violence ont été commis en marge d'un défilé annoncé vers 20 heures place de la Comédie. Notre journaliste Alexandre Grellier nous a fait parvenir cette photo du magasin de l'opérateur téléphonique après sa mise à sac.
Un rassemblement interdit par la préfecture, mais ni cet arrêté, ni l'important déploiement policier, n'ont dissuadé les protestataires, décidés pour la deuxième nuit consécutive à faire entendre leur colère après la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier à Nanterre. Montpellier, comme Nîmes et de nombreuses villes en France, n'a pas échappé aux émeutes qui secouent le pays depuis mardi.
On redoute la réaction des clients. C'est samedi, mais on ne peut même plus parler de premier weekend de soldes. On se demande juste comment on va préserver nos biens, nos locaux, notre marchandise.
Odette Daudé, présidente de l'association des commerçants de l'Ecusson
Incertitude pour les heures et la nuit à venir
La représentante des commerçants du centre-ville évoque aussi une même difficulté pour les commerces des autres quartiers. La préfecture confirme que des dégradations ont en effet également été commises :
Le Petit-Bard, le quartier des Cévennes, l'avenue de Lodève et la cité Astruc étaient également concernés par des incendies et des cambriolages de magasins tels qu’une pharmacie, le bureau de tabac du centre commercial Saint-Paul, un DAB du Crédit Agricole.
Préfecture de l'Hérault
En début de matinée, Odette Daudé se disait prête "à fermer s'il le faut. Dans certaines villes, ça a dégénéré dès l'après-midi d'hier". Mais après avoir joint la préfecture, l'ouverture est maintenue, en l'absence de prévisions pour les heures et la soirée à venir. Impossible en effet à cette heure d'anticiper quoi que ce soit.
Sur la devanture de la boutique Orange, Grand Rue Jean Moulin, bâchée car sa vitrine a été brisée, un message a été placardé à l'attention des clients, indiquant que le magasin restrait "fermé jusqu'à nouvel ordre".
12 personnes en garde à vue
De son côté, Michaël Delafosse, le maire et président de Montpellier Métropole, s'est rendu sur place pour évaluer l'ampleur des dégradations. Au micro de nos confrères du Midi Libre, qui relaient cette interview sur Twitter, il évoque "des interpellations réalisées en flagrant délit par la police municipale".
Selon la préfecture de l'Hérault, 12 personnes ont été placées en garde à vue (12 personnes ont été interpellées (dont 2 à Béziers où des poubelles et voitures ont brûlé). D'après nos informations, un policier a été blessé à la jambe, atteint par un tir de mortier. En tout, trois policiers souffrent de blessures.
Le maire condamne les violences
Dans un communiqué, Michaël Delafosse condamne ces exactions comme étant "une impasse dangereuse qui n'apportera aucune justice" :
Je condamne avec la plus grande fermeté les violences de la nuit dernière qui ont porté atteinte à la sécurité des personnes et des biens privant de leur outil de travail des commerçants et leurs employés, dégradant les services publics comme La Poste de la Mosson et le réseau de transports, terrorisant les habitants des quartiers populaires.
Michaël Delafosse, maire (PS) et président de Montpellier Méditerranée Métropole
Le bureau de police du quartier de la Mosson a aussi essuyé des tirs de mortier fournis. En début de matinée ce samedi, la TAM, société de bus et tramways de Montpellier, annonçait encore des perturbations sur certaines lignes, notamment la ligne 19 : "En raison d'acte de vandalisme , les Bus de la ligne 19 ne desservent pas une partie du secteur Nord", précisait la société sur son fil Twitter.
En fin de matinée, l'ensemble du trafic était néanmoins rétabli. Comme dans les autres villes de France, conformément aux consignes gouvernementales, la TAM avait interrompu son service en début de soirée et jusqu'à ce matin.