Montpellier, Béziers, Nîmes ou encore Narbonne ont à leur tour connu des incidents jeudi 29 juin dans la soirée, deux jours après la mort du jeune Nahel, tué par un policier à Nanterre. Des tirs de mortiers ont été signalés, des véhicules incendiés. D'importantes dégradations ont été commises, notamment à Béziers.
Les incidents se multiplient un peu partout en France, deux jours après la mort de Nahel à Nanterre. Le jeune homme a été tué par un policier lors d'un refus d'obtempérer. Hier soir, jeudi 29 juin, la contagion a gagné la ville de Montpellier ainsi que Nîmes.
"Des troubles à l'ordre public sont actuellement constatés à Montpellier dans le quartier de la Mosson", a confirmé la préfecture de l'Hérault vers 22h30. Des tirs de mortiers ont été entendus sur place. Sur les nombreuses vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux, et que France 3 Occitanie a pu visionner, on voit quelques poubelles, ainsi que des barricades embrasées.
"Une compagnie de CRS ainsi que des policiers du Raid" ont été envoyés sur place pour rétablir le calme, précise la préfecture.
Les premiers bilans
A Montpellier : plusieurs voitures ont été incendiées. De nombreuses poubelles et des barricades ont été enflammées. Le poste de police de la Mosson a également été attaqué par un groupe de jeunes. Le rideau de fer a été levé et des vitres ont été brisées. Un magasin Aldi et un bar tabac ont aussi été victimes des incidents. Selon nos informations, des individus ont pénétré dans les lieux avant d'être interpellés.
Côté humain, quatre policiers auraient été légèrement blessés par des tirs de mortiers d'artifice. Une personne âgée de 71 ans a également été admise au CHU de Montpellier. Selon les premières informations, elle aurait été victime d'un tir de LBD, un lanceur de balles de défense.
Le calme est revenu vers deux heures du matin dans le quartier de la Mosson.
A Béziers : la préfecture de l'Hérault a publié un bilan ce vendredi matin. "D'importantes dégradations" ont eu lieu dans la ville, selon les services de l'Etat qui dressent une liste : "centre culturel Albert Camus (intrusion et début d’incendie), mairie annexe du quartier de la Devèze (intrusion et dégradations), mission locale du biterrois, bureaux du plan local d’insertion ou encore le bureau de poste du quartier de la Grangette (attaque d’un DAB)".
Une dizaine de véhicules ont été incendiés à Montpellier (quartiers de la Mosson, de Celleneuve et de la Pompignane) ainsi qu’à Béziers (quartier de la Devèze). Trois personnes ont par ailleurs été interpellées.
Toujours par voie de communiqué, le préfet de l’Hérault Hugues Moutouh "condamne fermement les violences et dégradations inadmissibles commises cette nuit par des émeutiers dans les villes de Montpellier et Béziers. Ces exactions ont été commises le plus souvent par des mineurs à une heure avancée de la nuit".
A Nîmes, la soirée a été agitée également. Selon un premier bilan, plusieurs véhicules ont été incendiés. Un poste de police, avenue de Bir Hakeim, a également été visé. Des individus ont brisé les vitres du bâtiment avant de prendre la fuite. Un bureau de poste a aussi été pris pour cible, place Fermat. Des poubelles ont été incendiés contre le rideau métallique du bâtiment qui a été dégradé. Il n'y a pas eu de dégâts à l'intérieur.
A Narbonne, deux voitures ont également été incendiées, selon les informations de France 3 Occitanie. Des vitrines ont été brisées. Une soixantaine de jeunes, souvent cagoulés, ont affronté les forces de l'ordre.
Appels à manifester
Les appels à manifester se multiplient après la mort du jeune Nahel. Plusieurs organisations ont appelé à un rassemblement ce vendredi soir à 20 heures sur la place de la Comédie. La préfecture de l'Hérault a annoncé, ce vendredi matin, l'interdition de la manifestation.
Un rassemblement est annoncé également ce soir à Nîmes.
Afin de prévenir les incidents, des dispositifs policiers avaient été mis en place dans de nombreuses villes de France. Les préfets avaient également pris des interdictions, comme dans les Pyrénées-Orientales. La vente et le transport de produits inflammables ont été interdits, de même que l'utilisation d'explosifs et de feux d'artifice. La "détention dans l’espace public et le transport d’armes ou d’objets pouvant constituer une arme par destination" sont également interdits.
À Toulouse, des incidents ont éclaté dès la nuit précédente. Des affrontements ont eu lieu entre jeunes et forces de l'ordre dans le quartier de la Reynerie. Une vidéo montrant un chien mort, tué par la police et porté par son propriétaire, a causé une vive émotion sur place.
Crainte d'une contagion
La crainte d'une contagion et d'émeutes urbaines semblables à celles de 2005 après la mort de deux adolescents, Zyed et Bouana, à Clichy-sous-Bois, est bien réelle. Emmanuel Macron doit présider une nouvelle cellule interministérielle de crise ce vendredi à 13H00 à Paris, pour la deuxième fois en deux jours, après une troisième nuit de violences.
Dégradations de bâtiments publics, pillages et échauffourées sporadiques ont encore secoué dans la nuit de jeudi à vendredi de nombreuses villes de région parisienne et de province, après la mise en examen jeudi pour homicide volontaire du policier qui a tué Nahel mardi à Nanterre, et qui a été écroué.
Plus de 420 personnes ont été interpellées dans toute la France au cours de cette troisième nuit de violences, alors qu'un dispositif massif avait été déployé par les forces de l'ordre.
Avec AFP.