Déjà très en difficulté pour accéder à un logement à Montpellier, dans l'Hérault, les étudiants ultramarins font face à une double peine avec l'augmentation du coût de la rentrée universitaire, chiffrée mercredi par le syndicat étudiant de la Fage. Face à ces difficultés, des dispositifs spécifiquement dédiés aux jeunes des Outre-mer sont mis en place.
La Fage (fédérations des Associations Générales Etudiantes) a publié ce mercredi 16 août son enquête annuelle sur le coût de la rentrée étudiante.
3 024 euros, c'est le montant qu'ils devront débourser en septembre 2023 selon le premier syndicat étudiant de France, le tout poussé notamment par une hausse de 8,95% des loyers, principalement en région. Montpellier ne fait pas exception, bien au contraire. En 2020 déjà, le loyer moyen d'un studio y était de 440 euros, soit le plus élevé d'Occitanie, selon l'Anil (Agence d'Information Nationale sur le Logement).
Et s'il est déjà compliqué pour un étudiant de l'hexagone de trouver où loger, la peine est double pour ceux des Outre-mer.
Des associations dépassées
"Le principal problème que remontent les étudiants, c'est celui du logement, le marché locatif est très tendu à Montpellier, surtout à la rentrée", explique Jean-Marie Bargot, directeur de l'association Solidarité DOM-TOM. Outre les prix, c'est principalement le nombre de logements disponibles qui coincent à Montpellier. De 275 318 habitants en 2014, le chef-lieu de l'Hérault est passé à 299 096 en 2020 selon l'Insee, dont près 65 000 étudiants. Une augmentation de 8,73% en six ans, supérieure à la moyenne départementale de 7,37%. Ainsi, Montpellier gagne 4 000 nouveaux habitants par an, alors que, selon un rapport de 2012, seulement 1 800 à 2 900 résidences principales supplémentaires seraient induites chaque année dans l'Agglomération.
"C'est compliqué de faire les démarches pour avoir un garant lorsqu'on se trouve à des milliers de kilomètres, même les étudiants boursiers parfois ne trouvent pas de logement Crous", déplore le responsable associatif.
Beaucoup de familles désespérées sont victimes d'arnaques, avec des bailleurs qui leur demandent une caution pour visiter. Heureusement, on peut demander une visite à leur place et repérer les escroqueries.
Odile Corneille, présidente de l'association Mozaïk Outre-mer
Montpellier est l'une des villes de France qui compte le plus d'étudiants ultramarins, et pas seulement pour la qualité de l'enseignement sur place. "Les villes du sud attirent particulièrement les étudiants ultramarins, car c'est là où les températures sont les plus proches de ce qu'ils connaissent, confie Odile Corneille, présidente de l'association montpelliéraine Mozaïk Outre-Mer. Rien qu'à Montpellier, ils sont environ 5 000, sans compter les 300 adultes en formation continue."
Faute des moyens financiers et humains nécessaires, elle a dû progressivement réduire le nombre de dossiers examinés. "Cette année, on a choisi de ne traiter que 25 candidatures au logement sur les 200 familles qui nous sollicitent, alors qu'on pouvait en traiter plus de 500 en 2015. On n'arrive plus à suivre, on reçoit une centaine d'appels par jour de familles qui demandent s'il y a de place. Du coup on les réoriente vers d'autres associations", explique, dépassée, la présidente, qui passe également en parallèle par la diaspora sur place pour héberger les arrivants.
Des places réservées
Consciente du problème, l'association Article1 a mis en place cette année le dispositif Ma1son, accessible aux étudiants boursiers de Bac+1 à Bac+5 sur Paris, Rennes, Lyon et Montpellier. Le principe : donner deux heures de son temps par semaine pour s’impliquer dans un projet à impact social sur la vie de la résidence ou du quartier, en échange de l'accès à un logement individuel à prix abordable. Le recrutement, uniquement sur entretien de motivation, s'est achevé le 15 août dernier et 20 places sont d'ores et déjà réservées aux étudiants ultramarins, dont l'association Mozaïk Outre-Mer s’est chargée d'étudier les dossiers.
Un dispositif similaire est proposé par Solidarité DOM-TOM, en partenariat avec ACM Habitats. "On a interpellé le bailleur social de la ville pour avoir une convention spécifique pour les Ultramarins, ce qui nous a permis de débloquer 20 logements spécialement réservés pour eux", explique le directeur.
Soutenu par les collectivités locales d'Outre-mer, celui-ci a également élaboré en collaboration avec ACM, la fondation Vinci pour la cité et la fondation Abbé Pierre des "kits cool", contenant un ordinateur portable, une couette, un oreiller ou encore de la vaisselle, le tout pour une valeur de 1 500 euros. De quoi meubler le logement qu'ils auront réussi à louer tant bien que de mal.