Les maires de huit villes proches de Montpellier ont porté plainte au printemps 2019 contre le président de la métropole. En cause: une lettre signée par Philippe Saurel et adressée aux habitants de ces communes pour expliquer que leur édile avait refusé de voter le budget 2019 de l'intercommunalité

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Philippe Saurel est arrivé sur son fauteuil roulant, en compagnie de son avocat Gilles Gauer, à 9h15 ce mardi 4 févier, au tribunal de grande instance de Montpellier, pour être entendu par un juge d'instruction.

Le maire de Montpellier et président de la métropole est actuellement en convalescence, après une opération du genou, réalisée le 5 janvier 2020.

Son avocat, en grève pour protester contre la réforme des retraites, ne l'a pas accompagné dans le bureau du juge d'instruction.

A sa sortie du bureau du juge, 45 minutes plus tard, Philippe Saurel a expliqué qu'il s'agissait d'une "mise en examen technique".

Lorsqu'il y a plainte pour diffamation, il y a une mise en examen automatique. Ensuite c'est l'instruction qui dira s'il y a diffamation ou pas. Le juge m'a demandé si j'avais bien tenu les propos qui me sont reprochés. J'ai bien évidemment confirmé.

Les maires de Castelnau-le-Lez, Grabels, Lattes, Le Crès, Montaud , Murviel-lès-Montpellier, Pignan et Vendargues ont porté deux plaintes à son encontre, l'une pour "prise illégale d'intérêts et détournement de fonds publics", l'autre pour "diffamation".

C'est dans le cadre de la plainte pour diffamation que le maire de Montpellier et président de la métropole a été entendu ce mardi matin.

Il estime que cette affaire n'est que politicienne. "Des élus ont profité du droit dérogatoire de la diffamation pour tenter de me mettre en difficulté. C'est une instrumentalisation de la justice. Mes propos ne sont pas diffamatoires, c'est la vérité, c'est tout."

Cette affaire toute simple n'a qu'un seul but : me mettre en difficulté politiquement. Mais cela n'aura pas d'impact sur ma décision d'entrer en campagne ou pas.


Pour René Revol, maire de Grabels, la diffamation est bien constituée. Et il ne laissera personne sous-entendre qu'il n'occupe des fonctions politiques que pour toucher des indemnités.

"Nous sommes des élus au service de l'intérêt général. Ce n'est pas parce que nous sommes dans un monde où tout le monde se permet de calomnier notamment sur les réseaux sociaux qu'il faut tout laisser dire". 

Il faut avoir une éthique du respect vis-àvis des élus de la République.

 



Philippe Saurel a profité de sa sortie de l'audience pour rappeler qu'il restait combatif et compter bien se présenter devant les électeurs lors des municipales de mars prochain si son état de santé le lui permet.

Mon but ce n'est pas de ne pas être candidat.

"Je saurai demain si la cicatrisation se passe bien et si peux quitter l'attelle pour prendre une canne", a précisé le maire de Montpellier à sa sortie du bureau du juge, "mais il me faudra deux ou trois semaines pour réapprendre à marcher".

Une "lettre d'information" ciblée, qui passe mal

Dans une lettre, distribuée dans les boîtes aux lettres des habitants de ces huit communes, le président de la Métropole Montpellier Méditerranée détaillait les projets refusés par les maires concernés, puisqu'ils avaient refusé de voter le budget de l'intercommunalité.

Dans leur plainte pour "prise illégale d'intérêts et détournement de fonds publics", les élus estiment que cette "lettre d'information" est "politicienne" et a été produite et distribuée avec les moyens financiers de la collectivité. Des fonds publics qui ne peuvent être utilisés dans ce but.

Une perquisistion, menée par le SRPJ, a eu lieu au cabinet du maire de Montpellier le 12 décembre 2019, dans le cadre des investigations liées à cette plainte.
 
Dans leur plainte pour "diffamation", les élus font état du contenu de la "lettre d'information" et des propos tenus par la suite par Philippe Saurel, interviewé par France 3 Occitanie à Montpellier.

Des propos par lesquels Philippe Saurel assumait son courrier aux administrés des maires récalcitrants, le 1er avril 2019.

Ceux qui aujourd'hui se révoltent ce sont ceux qui ne sont plus vice-présidents, ils ont perdu un salaire. Ils avaient aussi l'habitude de taper sur Montpellier, maintenant ils ne taperont plus sur Montpellier. 

Philippe Saurel dénonce des manœuvres politiciennes et a, lui aussi, déposé plainte pour dénonciation calomnieuse.

Des tensions au sein du conseil de la métropole de Montpellier

Entre 2014 et 2017, les élus de l'intercommunalité travaillent ensemble, malgré des sensibilités politiques très différentes, dans un esprit de concorde, loué par tous, de gauche comme de droite.

Mais en 2017, cette entente se fissure. Philippe Saurel décide de rebaptiser son groupe d'élus à la métropole "Montpellier, la république en marche", quelques mois après l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République.

Certains élus s'insurgent de voir la politique nationale entrer dans la politique intercommunale, contrairement aux engagements pris par le maire de Montpellier lors de son élection à la tête de la métropole et refusent d'entrer dans ce nouveau groupe.

Ils perdent alors immédiatement leur délégation et leur vice-présidence, pour 7 d'entre eux.

Les tensions ne s'apaisent pas dans les années qui suivent.

22 élus votent contre le budget 2019 de la métropole. Dans les jours qui suivent, 9 d'entre eux sont visés par la fameuse " lettre d'information", signée Philippe Saurel.
 
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