Une employée contractuelle a déposé plainte contre la rectrice de Montpellier. Amina El Adraoui assure qu'en plus des tâches relevant de son contrat, Sophie Béjean lui demandait, via des notes manuscrites de s’occuper de l’entretien des parties privatives
Amina El Adraoui est recrutée en octobre 2018 pour s’occuper du ménage dans le logement de fonction de la rectrice. Elle est chargée des parties "officielles et autres salles de réception et s’occupe de l’accueil des invités". Si tout se passe bien avec l’ancienne rectrice qui ne confond pas les missions de service public de sa gouvernante avec celles du privé, les choses se gâtent avec Sophie Béjean qui va lui succéder en février 2020.
Notes manuscrites
Amina El Adraoui assure qu'en plus des tâches relevant de son contrat, que Sophie Béjean lui demandait, via des notes manuscrites, de s’occuper de l’entretien des parties privatives, comme le nettoyage des chambres de ses invités et celles de ses amis.
Ménage malgré le confinement
En plein confinement, elle lui aurait également demandé de venir faire le ménage alors que l’employée, est mère solo d’un enfant malade et à risques. "Alors qu’elle est cas contact, elle m’oblige à venir", assure l'ancienne employée. Des travaux qui augmentent considérablement sa charge de travail : 6 à 12 heures supplémentaires chaque semaine non rémunérées.
Je n’avais plus le temps de prendre une pause à midi. Je devais préparer les chambres de ses invités comme dans un hôtel.
Amina El Adraoui, ancienne employée de la rectrice de Montpellier
"Elle s’est acharnée sur moi m’obligeant entre autres à nettoyer les tables à l’extérieur en plein hiver", assure la jeune femme.
Un burn out et un licenciement
A bout de forces, l’employée perd 10 kilos finit par faire un burn out. Elle est arrêt de travail en janvier 2021. Elle apprend le 30 mai suivant que son contrat de travail ne sera pas renouvelé et qu’une autre personne a été embauchée à sa place. Elle fait appel à Gérard Lenfant du Syndicat national des agents publics de l'Education nationale (SNAPEN) qui tente une conciliation avec la direction des ressources humaines du rectorat, sans succès. Elle entame alors une procédure. En septembre 2022, elle saisit le tribunal administratif et les prud’hommes pour travail dissimulé, licenciement sans cause réelle ni sérieuse et harcèlement moral.
Procès en juin
Après l’échec de la conciliation, une audience aura lieu en juin prochain. En parallèle, une plainte a été déposée auprès du procureur.
C’est difficile de se reconstruire et de remonter la pente. Je suis confrontée à mes questionnements sans réponse et à une injustice ; je ne comprends pas car je faisais mon travail… et même plus.
Amina El Adraoui
Après l’échec de la conciliation, une audience aura lieu en juin prochain. L'avocat d'Amina El Adraoui a décidé de poursuivre le rectorat devant le tribunal administratif pour cette non reconduction de contrat. Il a aussi déposé une plainte devant le procureur de la république contre Sophie Béjean pour détournement de fonds publics. Enfin une procédure pour travail dissimulé est aussi en cours devant les prud'hommes.
Le rectorat conteste les accusations
En réponse aux allégations proférées dans les médias par Mme El Adraoui, le Rectorat tient à préciser que :
- Mme El Adraoui a été employée à temps plein (35h par semaine) par le Rectorat comme agent technique employée de ménage, affectée à l’entretien de la résidence que la rectrice occupe, par « nécessité absolue de services », au titre de ses obligations professionnelles.
- Son contrat était un CDD et a pris fin à son échéance prévue, le 31 août 2021.
- Mme El Adraoui conteste a posteriori le contenu de son contrat dans le cadre de procédures contentieuses
Le Rectorat apportera les éléments de réfutation devant les tribunaux compétents.