Dans un petit village de la vallée de l'Hérault, près de Saint-Guilhem-le-Désert, Marc est un garagiste atypique. Personnage haut en couleur, entouré de ses chiens, il mêle dans son atelier, sa passion de la mécanique à celle de la musique classique. De Chopin à Verdi, chaque jour son garage résonne des plus grands airs, créant une atmosphère unique.
Marc est garagiste de campagne dans un petit village de la vallée de l’Hérault près de Saint-Guilhem-le-Désert. Il a deux passions : la mécanique et la musique classique. Dans son atelier, au milieu des pneus, outils et bidons d’huile, la tête penchée et les mains plongées dans le moteur d'une voiture, il s’affaire, entouré de ses chiens, Bill, Twist et Vanda. La musique nous interpelle.
Dans son atelier, les airs de Chopin, Tchaikovsky et Verdi donnent le ton "Les belles voix, l’opéra, la musique classique, ça me repose (…) et je ne suis pas tout seul dit-il. Et c’est aussi représentatif de ce que je suis. Je ne suis pas un poète mais la musique fait partie de mon univers en permanence".
De la mécanique à la musique
La musique classique c’est sa deuxième passion. Toute la semaine, Marc reste branché sur la bande FM de France Musique où les plus grands classiques musicaux comme les dernières œuvres contemporaines défilent au gré des réparations mécaniques. Le documentaire musical filmé à la manière d’un spectacle, donne le ton. Marc, tel un chef d’orchestre, avec ses outils en guise d’instruments, entouré de ses chiens, les spectateurs.
Je ne sais pas si je suis un artiste, mais ce qui est sûr, c’est que pour écouter le bruit d’un moteur, il faut avoir l’oreille !
Marc, garagiste mélomane
Un personnage haut en couleur, attachant, original, qui, entre deux séquences rythmées, nous raconte comment ses deux passions ont pris autant de place dans sa vie. "J’étais mauvais à l’école et je bricolais toujours mon vélo". C'est ainsi que ses parents le poussent à se tourner vers le métier de mécano, un peu par défaut "Et ensuite ça m’a plu" dit-il.
Marc passe son enfance à la Paillade un quartier populaire de Montpellier. Sa vie de famille ? Il ne veut pas en parler "Il n’y avait pas trop d’amour" lâche-t-il brièvement... En revanche la vie au quartier lorsqu’il était enfant, il en garde de bons souvenirs "À l’époque, c’était un village". "Et puis à un moment donné les copains, les machins, les mobylettes, les bagnoles, ça part en live".
En apprentissage à ce moment-là, son patron le recadre et lui explique la vie, comme il dit. "J’avais envie d’y arriver comme pour me soigner et puis je ne voulais pas le décevoir". "Il m’a donné sa confiance et cela m’a forgé pour des années".
"Un garage qui me ressemble"
Plus tard Marc s’installe à son compte et recrée l’ambiance et l’univers dans lequel il a évolué en tant qu’apprenti "C’est un garage qui me ressemble" dira-t-il. Mais alors qu'aujourd’hui il s’apprête à prendre sa retraite, les souvenirs remontent.
Donner un coup de scie sur une ferraille, prêter une clé pour une personne qui habite à côté, les vieux papis qui viennent boire le café, ce chasseur qui s’arrête avec son berlingot tout déjanté ou encore les enfants du village qui passent au garage "Toute ma vie, les petits venaient gonfler leur ballon ou leur vélo". C’est le quotidien de Marc qui manque rarement une occasion de bavarder : "Tout ça va s’arrêter et ça va se perdre. Mon seul regret est de ne pas avoir de repreneur. Il n’y aura plus ce petit commerce de proximité qu’est l’atelier de mécanique. Aujourd'hui, l'automobile a bien changé. Tout mon outillage n’est plus du tout aux normes avec la technologie explique-t-il et je suis fatigué".
Sa retraite d'environ 940 euros par mois sera maigre. Il aurait pu rester salarié, mais Marc, conforme à lui-même, assume son choix "A la fin tu payes l'addition, mais je le savais".
Quand tu as cotisé toute une vie, tu t'aperçois qu'à la fin c'est pas cher payé
Marc, garagiste de campagne
La musique : un pouvoir salvateur
Marc revient sur son enfance, évoquant son grand-père et son oncle, tous deux musiciens. Il se souvient de cette structure associative bienveillante et inclusive dont il faisait partie et qui regroupait au quartier, des enfants de tous âges et de toutes origines, "On avait fait une fanfare "La fanfare des bérets rouges". Moi je jouais du clairon. Nous étions habillés de blanc avec un cordon autour du cou et un béret rouge. C’était un peu folklorique. Mais il fallait marcher au pas, se lever le matin et ça a forgé le caractère de quelques-uns".
Un jour on est allé jouer au théâtre de Montpellier (…) On était comme des fous. Johnny Hallyday, c’était nous !
Marc, garagiste mélomane
Il nous raconte cet ami d'enfance qui au début était "vraiment très mauvais" et qui a fini patron de la garde républicaine à Paris et meilleur tambour de France "Il a appris le tambour à la Paillade sur un parking de supermarché".
Et puis, il y a eu ce grave accident dans sa jeunesse. Dans le coma, puis en soins intensifs, Mars a été strictement immobilisé pendant de longues semaines. Il ne pouvait rien faire d'autre que regarder le plafond blanc de sa chambre d'hôpital. Un jour, une amie lui offre un walkman, il raconte : "C'est la musique qui m'a aidé" citant le célèbre Canon de Pachelbel qu'il écoutait en boucle et qui lui a donné la force nécessaire de remonter la pente.
Vers une nouvelle vie
C'est le jour J. Notre artiste de la mécanique range ses cartons. Pour sa nouvelle vie, il part s’installer dans le Tarn-et-Garonne. Une maison avec du terrain : "Dans l’avenir je veux m’occuper de ma famille et je l’avoue, de moi aussi. Je vais me promener avec mes chiens et donner des coups de main à droite à gauche. J’ai toujours la passion de la mécanique. Je le ferai différemment".
Faire un raid avec son fils dans le désert. C’est aussi son projet, "Rien que tous les deux" dit-il. Marc devait accompagner son oncle qui devait lui apprendre à conduire dans le sable. Mais avec le boulot, il n'a pas pris le temps. Et puis son oncle est mort. Aujourd'hui il en est conscient : Il faut prendre le temps !
C’est l’heure de dire au revoir à ses voisins et clients. Le garage se vide. Les portes se ferment. La musique continue.
"L'harmonie des mécaniques", un documentaire musical de Fanny Cestier à voir le jeudi 14 novembre 2024 à 22h50. Une coproduction France 3 Occitanie (FTV), Les Petits Provinciaux. En coproduction avec viàOccitanie