Depuis des siècles, Millau abrite un savoir-faire incomparable dans la ganterie. La filière est en difficulté et le nombre de professionnels a fortement diminué. Mais la passion du gant reste intacte et il reste un espoir : une reconnaissance au patrimoine immatériel de l'Unesco.
Avec ses plateaux calcaires, Millau entretient une histoire millénaire avec l'élevage. Mais il existe aussi une tradition qui a traversé les siècles : la ganterie.
Le gant et Millau : une tradition ancestrale
Au XIIIe siècle, les premières paires de gants sortent des ateliers millavois. C'est le début d'un long développement économique. Dans les années 1800, on ne dénombre pas moins de quatre-vingts mégisseries et vingt ganteries. Mais, c'est au milieu du XXe siècle que Millau connaît son âge d'or. La production annuelle est de 4 700 000 paires confectionnées. 6 000 ouvriers sont à pied d'œuvre.
Mais, à partir de 1960, la concurrence du sud-est asiatique frappe. Les exportations baissent et les importations augmentent. De nos jours, seules cinq ganteries continuent à exister. Cela n'empêche pas les nouvelles vocations. Enzo a quitté son métier de cuisinier pour intégrer, il y a cinq ans, la maison Fabre.
Passionné par le travail du cuir, il défend sa filière : "aujourd'hui quand on fait une paire de gants Larzac, c'est un circuit court. C'est l'élevage. C'est tout un écosystème".
Malheureusement, la Mondialisation bouscule et même menace cet "écosystème". Aussi, pour défendre, mettre en valeur et protéger ce patrimoine, les ganteries ont lancé une démarche : une reconnaissance au patrimoine immatériel de l'Unesco.
Une reconnaissance de l'Unesco
Depuis 2003 et la signature d'une convention de sauvegarde, l'Unesco accorde son label au patrimoine immatériel. Ainsi, en France, les parfums de Grasse bénéficient d'une reconnaissance. Les gants de Millau sont candidats pour suivre le même chemin.
Une première étape a été franchie en décembre 2023. Le Ministère de la Culture Français a officialisé l'inscription du dossier Millavois sur l'inventaire national du patrimoine culturel immatériel. Olivier Fabre, directeur de la ganterie Fabre, est un des initiateurs de la démarche.
À l’époque, il déclare : "C'est la première étape qui est la reconnaissance nationale de notre dossier. Cela va maintenant permettre à l'État français de proposer notre candidature à l'Unesco afin d'obtenir la reconnaissance internationale".
Quel honneur d’être le parrain de la 24e édition du Marché des Pays de l’Aveyron, consacré aux savoir-faire liés à la ganterie en pays de Millau. Paysans et artisans unis dans une fête de la ruralité et du patrimoine vivant. Candidature au PCI de l’Humanité à l’UNESCO. Merci 🫶 pic.twitter.com/2sJcysXDAL
— Olivier Fabre (@fabreolivier) October 14, 2024
Olivier Fabre est toujours aussi convaincu de l'utilité d'un label Unesco. Pour lui, il s'agit de "protéger nos savoir-faire. On est face à une mondialisation, à une uniformisation de tout. Là (ndlr avec l'Unesco), on a une mise en lumière de nos métiers artisanaux".
Il va falloir encore être patient. Une éventuelle inscription au patrimoine immatériel de l'Unesco n'interviendra pas avant mai 2025. Cela peut paraître loin. Mais la démarche a été initiée en... 2015. Le plus long a été fait.