Privées de Bac et d'examens, les entreprises de soutien scolaire proposent des remises à niveau post-confinement

Faute de Baccalauréat et autres examens de fin d'année à préparer pour cause de Covid-19, la demande des familles pour le soutien scolaire s’est effondrée. Les entreprises du secteur misent aujourd’hui sur une offre de remise à niveau. 

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Compte tenu de la situation sanitaire dûe au Covid-19, de nombreuses épreuves (Brevet des collège, baccalauréat, BTS...) ont été annulées et remplacées par un contrôle continu.  Il n’était donc plus question de bachotage pour certains élèves. Dans ce contexte, les stages de préparation aux examens ont été supprimés.

Une baisse d'activité de 40 %

C'est à peu près la baisse moyenne qu'ont ressenti les entreprises spécialisées dans le domaine du soutien scolaire en ce printemps 2020 impacté par le Covid-19.

Tous les ans, les classes de terminales et  de 3èmes sont les plus consommatrices de soutien scolaire. L’absence d’examen nous a fortement touchés.

Hervé Lecat, président de Complétude soutien scolaire

Thomas Henno, directeur de l’entreprise régionale (Gard-Hérault) Réussite, note aussi une baisse significative de son activité : " Notre Chiffre d'affaires a diminué de 40 % et nous observons une chute vertigineuse de 90 % des nouveaux inscrits, comparé à la même période (avril à mai 2019). Cette baisse est significative, car nous réalisons la moitié de notre Chiffre d'affaires sur le dernier trimestre de l’année scolaire. "

Même constat pour Philippe Coléon, Président d'Acadomia leader du marché : « Notre activité a baissé de 37 % en moyenne durant la période du confinement mais cette baisse a été limitée grâce au rôle joué par notre outil et notre pédagogie numériques A.Live en développement depuis deux ans et qui ont permis d’accueillir 15 000 élèves dès avril, plus de 60 000 aujourd’hui. »

Le virage des cours numériques

Fragilisées par cette crise sanitaire, les entreprises de soutien scolaire ont pris le virage des cours numériques.  " Le gouvernement a décidé de maintenir le crédit d’impôt pour l’emploi d’un salarié à domicile même quand le cours de soutien scolaire est donné à distance. Ce coup de pouce fiscal pour les familles nous a permis de maintenir la moitié de notre activité pendant le confinement ", explique Hervé Lecat.

Des propositions et des adaptations qui ont séduit certaines familles et ont permis de compenser en partie la baisse d'activité, confirme Philippe Coléon, Président d'Acadomia : « Les élèves et les familles ont pris goût à l’enseignement sur plateforme, car, outre les gains de temps pratiques qu’il génère, il permet une pédagogie plus active, tenant la concentration mieux éveillée et permettant une compréhension plus profonde des notions enseignées. »

Les acteurs privés du soutien scolaire devraient tirer parti d’un effet de rattrapage.

Institut d'études privé Xerfi

Repêchées au rattrapage ?

Le soutien scolaire est un marché qui pèse chaque année près de deux milliards d’euros en France.  D’après l’institut d’études privé Xerfi, " les acteurs privés du soutien scolaire devraient tirer parti d’un effet de rattrapage. Les familles consacreront, en effet, un budget plus important pour combler le retard pris par leurs enfants dans leur formation lors de la phase de confinement. Pendant le confinement, les services en ligne de l’Éducation Nationale étaient en saturation à cause de la forte demande. Ainsi, avec le déconfinement, la demande pour le soutien scolaire va sans doute s’accélérer. "

Pour les plus jeunes, on a une inquiétude des parents, ils craignent que les élèves accumulent du retard.

Sourabhay Ali, Professeur Association ABC soutien à Nîmes 

Déconfinées, les entreprises de soutien scolaire proposent donc aujourd’hui des cours de remise à niveau. La demande est bien réelle, comme le souligne Sourabhay Ali, Professeur de mathématiques et de chimie au sein de l’association ABC soutien à Nîmes  : " Tous les professeurs n’ont pas joué le jeu de l’enseignement distanciel. Nous avons des demandes d’élèves pour une remise à niveau. Ils veulent boucler les programmes pour entamer l’année suivante sereinement. Pour les plus jeunes, on a une inquiétude des parents, ils craignent que les élèves accumulent du retard.  Chaque année, on propose des stages de soutien uniquement la dernière semaine d’août. Cette année, nous allons les commencer une semaine plus tôt pour rattraper les retards pris dans les programmes."

Fin d'été studieuse

L’offre s’intensifie et les demandes sont au rendez-vous. Les offres de stages de pré-rentrée enregistrent une hausse de fréquentation inhabituelle. Acadomia, Complétude et Réussite observent notamment une augmentation des demandes de plus de 15  % pour les stages de préparation de la rentrée, prévus en août.

Marie-Hélène Gosse, directrice et fondatrice de l'entreprise Montpelliéraine Plume et Compas confirme : « L’établissement reste ouvert tout l’été bien qu’habituellement fermé à partir du 10 juillet car nous enregistrons une forte demande de nos adhérents et surtout de nouveaux élèves. Aujourd’hui plus de 30 stages ont été réservés pour le mois de juillet. »

«  Les inscriptions ne sont pas encore closes, et pour parer à toute demande, nous avons pris la décision de ne pas fermer la structure tout l’été. Habituellement, nous sommes fermés 15 jours durant période estivale »,  ajoute Thomas Henno. L’entreprise Compétude constate aussi une évolution des demandes. Le présentiel n’est plus la règle. Les bénéficiaires privilégient le distanciel  : " Nous enregistrons de nombreuses demandes concernant les cours de langues étrangères pour l’été . C’est le résultat de l’absence d’offre en matière de voyages linguistiques."

Pour les entreprises de soutien scolaire le plus dur est passé. La crise est derrière et elles anticipent déjà l’avenir: " Avec un trimestre scolaire passé en confinement, le niveau des élèves risque d’être altéré. On devrait avoir plus recours à nos services tout au long de l’année scolaire 2020-2021", précise Hervé Lecat.

Mais des inégalités scolaires aggravées

Ce type de soutien scolaire est payant. Certaines familles n'ont pas les moyens d'offrir cela à leurs enfants. Comme le souligne l’étude d’Arthur Heim pour le conseil national d’évaluation du système scolaire« il est largement dirigé vers les élèves issus de milieux favorisés ». Et du côté de l'Education Nationale, les propositions pour éviter le décrochage avant les vacances estivales et avant la prochaine rentrée ne sont pas légions.

Au final, cette crise du Covid pourrait donc bien aggraver les inégalités scolaires. 

 

 

 

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