Procès de l'affaire Malgouyres à Montpellier : "on avait tout pour être heureux"

La première journée du procès du cambriolage mortel du jardin Saint Adrien de Servian s'est terminée tardivement lundi soir par l'enquête de personnalité du principal accusé Daniel Malgouyres après celles de Richard Llop et Richard Bruno.

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Il est 20h30 ce premier jour du procès de l’affaire Malgouyres, lorsqu’enfin une enquêtrice vient à la barre évoquer la personnalité de l’accusé. La présidente de la cour et l’avocat général s’étonneront d’une enquête réalisée seulement sur la base des témoignages du cercle des plus proches. Les membres de sa famille .

Conflits au sein de la famille

Il y a les pro Daniel Malgouyres : sa fille, sa sœur et ceux qui sont contre comme son fils. Quand vous lui demandez ce qu’il ferait s’'il avait la possibilité de changer quelque chose à sa vie que répond-il demande Frank Berton, avocat de Françoise Malgouyre: «  J’aurais mis un préservatif pour ne pas avoir mon fils ». Une phrase choc qui en dit long sur les conflits à l’intérieur de la famille. Entre Daniel et Françoise qui après avoir travaillé toute leur vie au développement de leur jardin, se déchirent, se trompent. Françoise envisage de divorcer mais quand elle comprend qu’elle n’aura rien, elle fait marche arrière.

On avait tout pour être heureux

Daniel Malgouyres

Après avoir dirigé des restaurants, fabriqué des meubles, son mari a racheté une carrière romane à Servian. Un rêve de gosse qui se réalise. Puis le jardin grandit, prospère et devient une entreprise florissante qui accueille des milliers de visiteurs chaque année. L’émission de France 2 en 2013 lui décernera le prix du jardin préféré des Français. "Je vivais ma passion, je vivais mon jardin. l’argent comptait pour pouvoir le transformer encore plus. On avait tout pour être heureux, les enfants travaillaient avec moi on était 8èmes sur tripadvisor et même devant le Pont du Gard ».

"Si cet argent n’avait pas beaucoup d’importance pour vous comment expliquer qu’on en retrouve partout caché dans le jardin dans des bocaux, derrière les radiateurs," interroge la partie civile.

On ne mettait pas trop à la banque

Daniel Malgouyres

"C’était notre façon de faire, on ne mettait pas trop à la banque. Croyez-moi, avec tout ce qui s’est passé, je regrette. Maintenant je sais qu’on va devoir se séparer de ce jardin et qu’il va falloir qu’on le vende, dans de bonnes conditions : il ne faut pas qu’on le vende en hiver".

Interminable

Il est environ 22 heures, Daniel Malgouyres parle enfin. D’une voix douce, presque sourde. Il parle vite, avide de raconter sa vie, son jardin. Mais il est tard. L’auditoire est fatigué. L’avocat général finit par renoncer à ses questions. La présidente refuse de continuer l’interrogatoire au lendemain. 

Deux autres accusés

Plus tôt dans l'après-midi, les deux autres accusés, Richard Llop et Richard Bruno sont présents mais ils comparaissent libres. Ils fuient les caméras et les objectifs de la presse. Le premier, ami du couple Malgouyres et moniteur d'équitation de Françoise Malgouyres, dirige une ferme équestre à Aubais dans le Gard. Il est soupçonné d'avoir organisé le vrai-faux cambriolage. Il prétend que Daniel Malgouyres en est l'instigateur.

"Il est anxieux et soulagé que le procès arrive. Il va dire ce qu'il maintient depuis avril 2019. Il est constant : il a contacté via Jean-Pierre Bruno l’équipe qui a réalisé le faux home-jacking sur demande de Daniel Malgouyres dont le but était de se débarraser de sa femme. De lui faire peur pour qu’elle s’en aille", réagit Me Isabelle Mimran, avocat de Richard Llop.

L'examen de sa personnalité révèle qu'il a été abandonné par ses parents et confié à ses grands-parents. Un traumatisme encore vivace.  "L'abandon c’est pire que que le décès des parents" souffle l'accusé.

Richard Llop criblé de dettes

Généreux et serviable, coléreux. La gestion peu rigoureuse de sa ferme équestre l’oblige à emprunter de l’argent. Après des inondations, il perd tout et l’assurance ne lui rembourse que 40 000 euros.  Il subit aussi « un petit contrôle » fiscal. "Incarcéré, puis placé sous bracelet électronique . Aujourd’hui ça va mieux. L’écurie a redressé la barre".

Pour lui la famille et l’activité professionnelle sont des ancrages solides

"Jusqu’où iriez-vous pour l’amitié ? », interroge la Partie civile.

Mr Malgouyres me fascinait beaucoup, un peu comme un papa ou un grand-père.

Richard llop, co-accusé

- On peut dire que vous avez confiance en lui ?

J’avais confiance en lui", répond Richard Llop.

 A la barre, l'homme parle de sa famille. De son fils surtout. Mon fils c’est ma chair, c’est moi c’est nous. j’ai commis l’irréparable par rapport à mon fils. Je l’ai trahi. Je lui demande pardon tous les jours à mon fils. Un homme qui était père de deux enfants a perdu la vie dans cette histoire . La mort de Mr Viers, j’en pleure encore".

"Madame Malgouyres une femme extraordinaire : généreuse, bosseuse. J’ai le sentiment de l’avoir trahie.

Dérangeant

 "Vous avez une personnalité à géométrie variable quand même", s'agace l'avocat général. « Dérangeant selon l’inspecteur de personnalité. Capable d’avoir beaucoup d’amitié pour monsieur et madame et de trahir l’un et l’autre. Etre capable de dire quelque chose à quelqu’un et le contraire à quelqu’un d’autre, c’est dérangeant".

Le deuxième co-accusé, Richard Bruno est le cambrioleur qui s'est enfui et sera rattapé douze jours plus tard à Perpignan. Il est le premier à avoir mis en cause le patron des jardins de Servian et provoqué son incarcération.

"Il a reconnu très vite sa participation à un faux home jacking. Il plaide coupable. Il a reconnu la quasi totalité des faits qui lui sont reprochés et il attend la décision la plus adaptée et la plus juste par rapport à sa participation. Il dit qu’on lui a dit qu’il était téléguidé par Daniel Malgouyres et il n’est pas allé chez eux commettre un vrai mais un faux home-jacking pour mettre la main sur une grosse somme d’argent. Il a été entraîné dans un processus selon lui factice. Il n’en sera pas pour autant absous", note son avocat Jean-Robert Nguyen Phung.

Richard Bruno : menteur invétéré, homme bien sous tous rapports  

 "Etait-il violent, malhonnête, menteur, manipulateur ? ", demande son avocat Gaspard Cuenant à l'enquêtrice de personnalité. Son entourage est composé de "gens comme il faut : pharmaciens, agents immobiliers". En septembre 2017, il vend son commerce suite à des problèmes de santé.  L'homme se définit "comme un très bon joueur de poker. Mais un joueur prudent qui arrivait à ramener de l’argent pour le ménage et la famille". Il adorait son père Jean-Pierre Bruno ( ndlr un co-accusé dont la situation a été disjointe pour des problèmes de santé).

Mon père, c'était une référence : j’aurais fait n’importe quoi pour lui.

Richard Bruno, à propos de son père Jean-Pierre qui l'a entraîné dans cette affaire

Comme participer à ce faux home jacking qui a mal tourné. Depuis l’affaire, les deux hommes ont coupé les ponts. "Ce qui m’a fait le plus mal c’est ça : que mon père ait trahi ma confiance ", ajoute l'accusé.

Son ami de poker

La deuxième chose qui lui a fait le plus mal :  la perte de David Viers ( le cambrioleur qui a été tué) , un ami rencontré lors des parties de poker . "Cela m'a tellement fait mal que je n’arrive même pas à en parler. J’ai le sentiment que ce qui lui est arrivé est de ma faute".

Pourquoi lui avoir parlé de ce projet demande l’avocate de la famille de David Viers. "C’était quelqu’un de fiable. David Viers m’a suivi parce qu’il avait des problèmes d’argent". C’était un coup facile. Je l’assume. Je n'en avais même pas besoin financièrement.

"Il va être à l’origine d’un basculement terrible dans votre vie", remarque Georges Guttierez, l’avocat général.

Une quarantaine de témoins et experts défileront également à la barre. Le procès est prévu pour trois semaines



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