Cambriolage mortel du jardin de Saint-Adrien à Servian : le procès de l'affaire Malgouyres débute lundi à Montpellier

Daniel Malgouyres, le propriétaire du jardin de Saint-Adrien comparaît avec deux autres personnes pour meurtre et extorsion de fonds en bande organisée le 5 octobre 2017. Une affaire complexe aux multiples rebondissements. Les jurés ont trois semaines pour juger et rendre un verdict le 17 décembre.

C’était un Jardin d’Eden. Numéro Un dans le cœur des Français. Un jardin qui faisait le bonheur de milliers de visiteurs et la fierté de Daniel et Françoise Malgouyres, ses propiétaires en 2013 au moment où Stephane Bern y pose ses caméras. Le  5 octobre 2017, le jardin de Saint-Adrien de Servian devient le théâtre d’un fait divers sanglant. Un homme est tué lors d’un cambriolage, par le propriétaire des lieux Daniel Malgouyres.

Un mort

A l’arrivée des gendarmes en début de soirée, ils trouvent  Daniel torse nu, taché de sang des pieds à la tête. Blessé à l’oreille et au poignet. Sa femme Françoise est en état de choc. Daniel Malgouyres a tiré et tué l’un des deux voleurs encagoulés, l’autre a pris la fuite. Il dit être monté à l’étage avec l’un des deux agresseurs, avoir attrapé un fusil et tiré. La victime David Viers, 43 ans, est un joueur de poker criblé de dettes. Daniel Malgouyres dit avoir agi en état de légitime défense. Sa version des faits diverge de celle de son épouse.

Coup de théâtre

Une cagoule retrouvée le lendemain dans le jardin permet grâce à l’ADN de remonter jusqu’à Richard Bruno, le second cambrioleur.Il est arrêté douze jours plus tard à Perpignan. Premier coup de théâtre d’une longue série : ce dernier qui reconnaît sa participation au cambriolage, affirme que celui-ci était téléguidé par le propriétaire des lieux. Il s’agissait selon lui d’une mise en scène destinée à se faire remettre une vaste somme d’argent. 100 000 euros détenus dans un coffre, dont seule Françoise Malgouyres connaissait la combinaison. Une accusation qui provoque l’incarcération à la maison d’arrêt de Béziers, du propriétaire du jardin.

Les Malgouyres : un couple qui se déchire

L’enquête au moment des faits, démontre que le couple Malgouyres bat de l’aile. Monsieur qui entretient une relation avec une employée colombienne, veut quitter madame, l’éloigner de la propriété très lucrative et rester seul gestionnaire du Jardin de Servian. Alors pourquoi, Daniel Malgouyres aurait-il tiré sur un cambrioleur qui serait dans cette hypothèse son complice. Une thèse qui ne tient pas selon Jean-Marc Darrigade qui défend le principal accusé. « Il a abattu une personne qui venait faire un home-jacking chez lui. Les accusations  des autres ne sont selon lui destinées qu’à se dédouaner du crime qu’ils ont commis. En faisant croire qu’il est complice, ils font disparaître les armes. Et le mobile : récupérer l’argent caché au fond du jardin ».

Argent

Et de l'argent, chez les Malgouyres il y en a beaucoup et partout. Caché. Derrière les radiateurs, dans des coffres-forts, dans la housse d'une robe de mariée, dans le jardin et même sous les sabots d'un cheval. 200 000 euros seront retrouvés par les enquêteurs.  Les liasses de billets ont été roulées dans des bocaux de verre enterrés un peu partout. Le couple pourrait en avoir dissimulé le double.

Les complices présumés

« Ils » ce sont les autres protagonistes de cette histoire à la fois tragique et rocambolesque. Richard Bruno, 57 ans, c’est le cambrioleur qui a pris la fuite et qui lors de son arrestation mettra en cause Daniel Magouyres, et l’accusera d’avoir fomenté le faux cambriolage destiné à récupérer l’argent de madame. Il y a également Jean-Pierre Bruno, le père de Richard, aujourd’hui âgé de 81 ans. (Son cas a été disjoint car il est souffrant). Il est soupçonné d’avoir conduit la voiture ayant transporté les deux cambrioleurs.

"L'ami" du couple

 Il y a aussi Richard Llop, c’est l’ami du couple Malgouyres.  La justice le soupçonne d’avoir organisé le cambriolage. L’homme dirige une ferme équestre à Aubais dans le Gard.C'est aussi le moniteur d’équitation de Françoise Malgouyres. Après l’attaque du jardin, cette dernière lui aurait demandé de cacher de l’argent, beaucoup d’argent : 100 000 euros. Ils seront retrouvés dans un box dans sa ferme équestre à Aubais. Richard Llop, serait pour l’accusation un des personnages centraux de l’affaire.  Il a des problèmes d’argent.  Françoise l’aide de temps en temps. Il est aussi proche de son mari. Il est soupçonné d’avoir organisé ce faux cambriolage pour le compte de Daniel Malgouyres.

Pour cela, il aurait d’abord contacté  une équipe de Grenoblois qui ne donneront pas suite. Il se serait ensuite rapproché de  Jean-Pierre Bruno, un éleveur de chevaux de Camargue, 72 ans.  et père de Richard Bruno. Le père aurait demandé au fils d’organiser le faux braquage.Tout ce petit monde part derrière les barreaux.

Retour à la case prison

Du fond de sa cellule, Daniel Malgouyres crie au complot et clame son innocence. Il multiplie les demandes de remise en liberté. 6 au total. Il est libéré le 6 novembre 2018 après un peu plus d’un an en détention. Pas pour longtemps, il retourne en prison le lendemain, accusé de n’avoir pas respecté son contrôle judiciaire. Daniel Malgouyres, qui avait interdiction de séjourner dans l’Hérault et devait pointer le lendemain de sa libération à la gendrarmerie de Saint –Romeu (Pyrénéees-orientales), avait décidé de passer la nuit chez sa fille à Servian. 

Daniel Malgouyres  est toujours incarcéré et fatigué par la détention qui dure depuis trop longtemps et peut paraître injuste car il conteste les faits. Il est présumé innocent et les coupables, ceux qui ont reconnu leur participation, sont en liberté

Jean-Marc Darrigade, avocat de Daniel Malgouyres

"C’est le premier des paradoxes de ce dossier. On lui reproche d’avoir violé à deux reprises son contrôle judiciaire car on avait trouvé une arme dans sa maison au moment de son interpellation alors qu’il avait interdiction d’en détenir. Lui avait expliqué que le deuxième voleur étant en fuite, il n’avait pas confiance tout seul sur ce terrain. Et quand il a été libéré une deuxième fois, il devait être à Font-Romeu le surlendemain. Il a dormi chez sa fille, en attendant de récupérer sa carte d’identité que sa femme devait lui remettre, ce qu’elle n’a pas fait. Et le lendemain matin, les gendarmes sont venus l’interpeller. Depuis, il est en détention », soupire Me Darrigade. Il attend le procès avec impatience. Il est combatif et il a hâte de pouvoir  s’exprimer et de faire valoir ses arguments », le défenseur de Daniel Malgouyres

A chacun sa vérité 

Celle qui attend ce procès avec impatience, c’est Françoise Malgouyres. Elle n’a pas quitté le jardin de Servian qu’elle continue de gérer avec son fils contrairement à la fille du couple qui a pris fait et cause pour son père. Françoise Malgouyres a été grièvement blessée à la suite d’un accident de cheval  en mai 2017, trois mois avant le cambriolage de Servian.

« Françoise Malgouyres attend la vérité. Elle cherche à savoir ce qu’il s’est passé ce jour-là.

Qui est responsable et si oui ou non son mari est l’instigateur de ce faux cambriolage organisé dans sa propriété et quelles en étaient les raisons. N’était-ce qu’un cambriolage ou n’était-ce pas le moyen d’attenter à sa propre vie à elle ? 

Frank Berton, avocat de Françoise Malgouyres

La question qu’elle se pose : était-il prévu ou pas de lui faire du mal. Sachant qu’elle avait eu un accident grave  quelques mois auparavant et que toute violence à son égard pouvait être fatale en tous cas assez décisive. Elle est dans un questionnement global et général qui ne pourra voir de réponse qu’à cette audience de cour d’assises », ajoute Franck Berton, son avocat.

Les co-accusés libérés

Contrairement à ses co-accusés, Daniel Malgouyres est toujours en prison, il sera jugé pour meurtre, tentative de meurtre, complicité de tentative d’extorsion en bande organisée. Richard Llop et Richard Bruno soupçonnés d’être ses complices comparaîtront libres.Cette affaire livrera-t-elle ses secrets ? Les jurés de la cour d’assises de l’Hérault ont trois semaines pour y voir plus clair. Le procès qui s'ouvre ce lundi 29  novembre doit durer trois semaines. Le verdict est attendu le 17 décembre.

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