REPORTAGE. Plongez dans cette formation d'exception de la Manufacture nationale à la découverte des nouveaux lissiers

Une école a ouvert jeudi à Lodève dans l'Hérault, au sein de la Manufacture nationale de la savonnerie, spécialisée dans la confection de tapis et tapisseries. Cette formation d’exception est un véritable atout pour le site héraultais, annexe de la prestigieuse maison.

Le temps n’est pas un facteur, ni l’argent d’ailleurs. L’un et l’autre ne pèsent pas dans la balance. Ici, on parle de patience et d’excellence, comme pour le Saint-Ange, un tapis destiné au Palais de la Légion d’honneur.

Neuf ans de travail pour un tapis

"Pour en arriver là aujourd'hui, nous avons commencé à tisser les premiers points en septembre 2019", explique en plein de travail Benoit Jorba, lissier et formateur, qui en a encore pour quatre ans de tissage avant la tombée de métier. Il s'agit de ce moment particulier dans la vie du lissier, qui consiste à dérouler pour la première fois le tapis terminé.

Dans quatre ans, les deux apprenties de la manufacture devraient également avoir terminé leur formation.

Les jeunes femmes viennent d’arriver à la manufacture de Lodève pour apprendre l’art du tissage de velours selon la technique du tapis au point noué. Elles ont d’abord passé un concours pour devenir apprentie.

"Le premier jour, on a eu une épreuve de dessin qui dure trois heures, avec une nature morte devant nous avec plusieurs objets, détaille Emeline Colar, apprentie lissière. Puis, l'après-midi, on a une épreuve de culture générale ainsi qu'une épreuve de couleur durant laquelle on doit retrouver, parmi des échantillons de laine, laquelle serait la plus adaptée pour tisser la tapisserie ou le tapis."

L’école qui ouvre aujourd’hui va former au total quatre jeunes femmes. Marine et Mona - les plus jeunes - suivent des cours au lycée en plus de la pratique enseignée à l’atelier. Après leur CAP, les apprenties prépareront le Brevet des métiers d’art, une vraie opportunité pour Lise Fronty qui rêve d’intégrer ensuite la Manufacture nationale.

"C'est ma sœur qui m'en a parlé comme elle travaille déjà ici, mais je m'intéresse à la manufacture depuis un moment, précise la jeune femme. Les deux premières années à Paris ont été compliquées pour moi, alors quand j'ai appris qu'une formation ouvrait ici, j'ai sauté sur l'occasion."

"On est vraiment heureux d'avoir ces jeunes, cela crée une bonne dynamique", se réjouit Anne Gautier, cheffe d'atelier à la manufacture nationale de la Savonnerie à Lodève. Grâce à leur présence et à celle de l'école qui vient de se construire, on sait qu'on va vers un avenir avec plus de lissiers et de lissières, donc c'est formidable !"

Créée par Louis XIII, la manufacture de la Savonnerie perpétue un savoir-faire exceptionnel, à Paris, puis à Lodève il y a 60 ans. En 1964, arrivent les premières femmes harkis. L’annexe héraultaise est créée pour faciliter leur intégration. La nouvelle génération poursuivra la confection de ces œuvres d’art, des tapis qui n’ont pas de prix et qui défient les lois du temps.