En France, huit femmes sur dix déclarent avoir déjà subi des violences conjugales. En occitanie, un centre de prise en charge des auteurs de ces violences au sein du couple a pour objectif d'éviter la récidive. Stages et colloques tentent d'enrayer ce dangereux fléau.
"Battez-vous votre femme ?" En 1975, l’émission "Aujourd’hui Madame" pose directement la question des violences dans le couple à des hommes croisés au hasard. Ces archives de l'INA parlent d'elles-mêmes.
" - Vous la battez souvent votre femme ?
- Non, jamais.
- Et vous monsieur ?
- Personnellement, je ne bats pas la mienne, bien que souvent j'en ai envie...
- Moi, oui. Un coup malheureux. Elle ne le méritais pas spécialement, un coup de colère...
- Des petites gifles, trois fois rien."
Presque 50 ans plus tard, huit femmes sur dix déclarent avoir subi des violences conjugales. Dans la lutte contre ce fléau, un constat : la seule condamnation en justice des auteurs ne suffit pas.
Dans cette salle, une dizaine d’hommes, tous condamnés par la justice, suivent un stage de responsabilisation, coordonné par le centre de prise en charge des auteurs de violences conjugales de l’Hérault, le CPCA Sud Occitanie.
"On peut faire le constat ensemble c'est que si vous êtes là aujourd'hui, c'est qu'il y a quelque chose qui a dysfonctionné dans votre couple. On est là pour discuter, on est là pour réfléchir ensemble sur ce qu'il s'est passé", annonce d'emblée l'animatrice du stage, avant d'entamer le débat avec les auteurs de ces violences au sein du couple.
"- C'est quoi les violences verbales ?", interrogent-elles hommes présents.
" - Les insultes", répond l'un d'eux.
" - Et les violences physiques ?" poursuit-elle.
" - C 'est taper..." , murmure un participant.
On a un discours de victimisation au démarrage du type : "ce n'est pas ma faute" ou "on m'a poussé à bout" ou encore "c'est la société qui m'a mis en cause."
Anne Krugler, intervenante socio-judiciaire association d'entraide et de reclassement social
"On a donc un discours de victimisation au démarrage des stages et au fur et à mesure des interventions, ils vont pouvoir se rendre compte de leurs responsabilités et surtout des conséquences que ça a pour eux et pour leur entourage. Petit à petit, on les amène à la responsabilisation et à la prise de conscience des faits", explique Anne Krugler, intervenante socio-judiciaire association d'entraide et de reclassement social.
Eviter la récidive
Pendant deux jours, les intervenants se succèdent. Psychologues, juristes et travailleurs sociaux échangent avec les stagiaires sur la gestion des émotions, les rapports de domination, les addictions. Avec un objectif clair : éviter la récidive.
"En France, les centres de prise en charge des auteurs de violences conjugales n'existent que depuis 2021, donc on a pas encore assez de recul sur ces questions. Mais par exemple au Québec, où ils sont très avancés sur ces questions, les résultats sont encourageants", indique Charlotte Cedo, directrice adjointe du centre de prise en charge des auteurs de violences conjugales à Montpellier
La prise de conscience est une première étape. Le centre de prise en charge des auteurs de violences conjugales propose ensuite des suivis adaptés à chaque situation. Les violences dans le couple concernent toutes les tranches d’âges et toutes les catégories sociales.
Un colloque ce lundi 30 janvier
Ce lundi 30 janvier, le CPCA Sud Occitanie - Centre de prise en charge des auteurs de violences conjugales - a organisé un colloque pour présenter son travail. Les CPCA ont été crées par le ministère de l'Égalité Hommes Femmes après le Grenelle des violences faites aux femmes. Il dispose de cinq antennes, une par département de l'ex-Languedoc-Roussillon.
Ce colloque intitulé "Violences conjugales : les auteurs en question. Comment agir auprès des auteurs pour prévenir et traiter les problématiques de violences au sein du couple ?" permettra d’échanger sur des pratiques prometteuses menées en France et au Canada grâce aux interventions d’experts en droit pénal, en travail social, en psychiatrie et en psychologie clinique.
Il était suivi, en soirée, de projections vidéo et d’un débat ouvert au grand public.