Le plan de sécurité à la chasse dévoilé par le gouvernement comporte 14 mesures. Contrôle du taux d'alcoolémie, meilleure formation des chasseurs, application pour voir les chasses en temps réel près de chez soi, harmonisation des signalétiques... Rien de bien nouveau pour les chasseurs.
En France, la chasse, c'est un million de pratiquants, pour 85% du territoire qui relève de la propriété privée. Donc, qui sans autorisation du propriétaire n'est pas accessible aux chasseurs. Lors de la saison 2021-2022, 90 accidents de chasse ont été recensés. Huit étaient mortels, dont deux avec des victimes non-chasseurs.
Le plan de sécurité à la chasse en 14 points, annoncé par le gouvernement, intervient après de longues discussions entre le ministère de l'Ecologie, les chasseurs et les usagers de l'environnement. Un plan qui tend vers le "zéro accident".
"Quasi rien de neuf pour les chasseurs"
Dans les fédérations départementales de chasse, l'abandon de la création d'un jour de non-chasse par semaine est un soulagement.
Cela aurait été un gros handicap pour nous et surtout un coup de poignard pour les chasseurs. Nous aurions perdu des adhérents mais les gens auraient continué à chasser. Là, nous conservons la maitrise des permis de chasse ce qui assure une bonne formation.
Max Alliès, président de la fédération des chasseurs de l'Hérault
Pour le président des chasseurs de l'Hérault, les contrôles d'alcoolémie et la création d'un délit sont une bonne chose. A l'instar de ce qui existe pour les automobilistes, soit un seuil maximal fixé à 0,5g d'alcool par litre de sang.
"La mesure était déjà en test dans de nombreux départements. Contrairement aux caricatures, le chasseur n'est pas un ivrogne irresponsable. Alors cela ne va pas changer grand-chose. D'ailleurs, des dépistages sont effectués après chaque accident de chasse, comme pour les accidents de voiture, et il n'y a rien de notable. On pourrait même étendre ces tests aux stupéfiants."
Concernant les 14 propositions du plan de sécurité à la chasse, Max Alliès est clair :"Je note que le texte parle de renforcement, de généralisation, d'accroissement, d'augmentation, bref rien de neuf, que des choses et des mesures qui sont déjà en place et qui seront harmonisées au plan national. Ce qui est une très bonne chose. C'est l'application de la loi chasse de 2019".
Pour le lieutenant de louveterie du Gard, même discours... "Rien de neuf".
Ces mesures qui n'ont rien de neuf ne changeront rien. Il faut simplement cohabiter en bonne intelligence et en respectant les règles de sécurité.
Jean-Pierre Roulet, lieutenant de louveterie du Gard
Pour lui, "la formation est essentielle et les responsables de battues sont déjà bien formés. Quand ils interviennent, ils sont responsables en nom propre à la place de la société de chasse. Et l'accident de chasse est une préoccupation permanente. Les problèmes viennent souvent des zones péri-urbaines qui empiètent de plus en plus sur les campagnes".
Il regrette la stigmatisation des chasseurs et de la chasse qui selon lui sont nécessaires à l'équilibre écologique des territoires ruraux. "Pour réguler la faune sauvage qui n'a plus de prédateurs naturels dans de nombreux département, il faut des chasseurs".
La chasse, comme la corrida, reste un sujet très sensible, en France, notamment dans les territoires ruraux. Une proposition de loi l'interdisant les week-ends, les jours fériés et pendant les vacances scolaires sera d'ailleurs présentée à l'Assemblée nationale en avril prochain.
Les associations de défense des animaux très réservées
Du côté de la Ligue pour la Protection des Oiseaux, on juge ce plan plus durement. Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO France dénonce "des mesurettes".
"Le plan sécurité qui prétend en finir avec les conflits opposant chasseurs et non chasseurs accouche de mesurettes (renforcement de contraintes déjà existantes du type formation, etc...) et d'une 'solution miracle', une application permettant d'identifier les dangers. (...) L'abandon du dimanche sans chasse constitue un mépris inacceptable à l'égard des 80% des Français qui attendent un cessez-le-feu".