Crise du personnel oblige dans le secteur de la restauration, à Palavas-les-Flots, près de Montpellier, un établissement plutôt haut de gamme a ouvert sa cuisine aux retraités. Parmi ses sept salariés, deux sexagénaires continuent à travailler pour améliorer leur revenus.
En cuisine, Marie et Philippe s'activent pour préparer le service de midi, dans ce restaurant situé au bord du canal à Palavas-les-Flots, sur le littoral héraultais.
Tous deux ont dépassé l'âge de partir en retraite depuis belle lurette, mais pour Marie Marceau, qui souffre d'un handicap à la hanche et qui doit porter des chaussures orthopédiques, ce choix est avant tout économique : vu le coût de la vie, retourner au travail était devenu indispensable.
A la retraite depuis quatre ans, cette ancienne cantinière a décidé de reprendre son tablier et de se présenter dans ce nouvel établissement de la station balnéaire héraultaise quand elle a entendu dire qu'on y recrutait pour la saison.
Travailler pour toute une vie pour gagner huit cents euros, c’est pas beaucoup et il y a un loyer à payer derrière, donc on est obligé de bosser.
Marie Marceau, 66 ans
Assez vite, vu son efficacité, Marie est montée en grade : "Au début, on m’a pris pour la plonge et maintenant je suis sous les ordres du chef et je l’aide en cuisine. C'est super, ce travail, on est une bonne équipe, on s’entend bien. Tant que je peux continuer, je le ferai, après ça dépendra de la santé", conclut la sexagénaire tout en préparant des légumes.
Le chef, lui aussi, aurait pu rendre son tablier, mais sa passion pour son métier de chef a été la plus forte. L'aspect économique a aussi joué son rôle dans ces prolongations.
J’ai dû commencer vers 17 ans, j’ai eu un restaurant pendant quelques années et je continue à travailler pour le plaisir et la passion. Dans ce métier, c’est le partage qui me plaît, le retour et le remerciement du client, c’est le pied !
Philippe Guy, cuisinier
"J’aurais dû partir en retraite il y a un an et demi", explique ce cuisinier de 63 ans. "Quand la Carsat m’a prévenu que j’avais mes trimestres, j'ai vu aussi sur leur site que si je continuais à travailler quelques trimestres, jusqu’à 65 ans, c’était énorme ce qu’on avait en plus".
Chef Guy a donc signé pour une paire d'années supplémentaires. Il a suivi son patron dans une nouvelle aventure en mai dernier, sur les quais de Palavas.
Pour le restaurateur, travailler avec des retraités, c’est une première. Aurélien Péralta a déjà tenu d’autres restaurants par le passé où il travaillait avec des jeunes de 20 à 25 ans.
"Depuis que je suis passé dans la gastronomie avec une cuisine traditionnelle travaillée, je me suis tourné vers les anciens par rapport à leur savoir-faire", explique ce quadragénaire dynamique.
Selon lui, "le problème avec les jeunes, c’est qu’il n’y a pas assez de gens qui franchissent le cap des écoles pour pouvoir apprendre à devenir des vrais chefs. La gastronomie française est classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Il faut vraiment faire attention à ne pas la perdre !"
Avec la crise du Covid, 450.000 salariés ont quitté le secteur de l'hôtellerie-restauration entre 2020 et 2021. Bon nombre sont revenus, il manque encore beaucoup de bras : 200.000 postes seraient encore non pourvus cette année, contre 320.000 l’an dernier.