Des généraux proches de l'extrême-droite ont signé une tribune dans le journal Valeurs Actuelles le 21 avril. Ils demandent au chef de l'Etat de défendre les valeurs de la civilisation contre "la horde des banlieues". Parmi eux, le Général François Gaubert, élu RN au Conseil régional d'Occitanie.
La tribune publiée mercredi 21 avril dans Valeurs Actuelles signée par plusieurs généraux à la retraite, dans laquelle ils demandent au chef de l'Etat de défendre les valeurs de la civilisation contre "la horde des banlieues" fait polémique.
Une vingtaine de généraux, une centaine de hauts gradés et plus d'un millier d'autres militaires ont signé cette tribune mise en avant le 21 avril dans l'hebdomadaire mais qui avait été publiée dès le 8 avril. Cette tribune appelle la classe politique à lutter contre "le délitement" de la France.
"Il n'est plus temps de tergiverser, sinon, demain, la guerre civile mettra un terme à ce chaos croissant, et les morts, dont vous porterez la responsabilité, se compteront par milliers", peut-on lire.
Ces militaires dénoncent le « délitement » qui frappe selon eux la patrie et se disent « disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation ». Du jamais vu !
Notre projet est de donner un coup de semonce. Au fil des années, on s'aperçoit qu'il y a de plus en plus de problèmes dans notre société, que la France est en train d'éclater par manque de patriotisme (...) L'objectif est une adresse au Président et à tous les partis politiques afin qu'ils remettent l'idée de nation et de patrie au cœur du débat.
La vingtaine de généraux qui ont signé cette lettre ouverte sont tous à la retraite et évoluent dans des milieux proches des théories du Grand remplacement, théories complotistes d'extrême-droite ou du Rassemblement national. Au moins trois généraux ont déjà participé à des élections locales sous l'étiquette Rassemblement national ou apparentés.
Voir le reportage de France 3 Occitanie.
François Gaubert
Parmi eux, le Général François Gaubert, élu RN au Conseil Régional d'Occitanie. Il a 40 années de service dans les troupes de la marine avec 20 affectations dont l’essentiel hors métropole : Afrique, Océan Indien et Pacifique, Berlin (avant la chute du mur), Sarajevo en 1996 (Commandant des opérations durant la fin de la guerre de Bosnie). Il a pris sa retraite en 2002.
François Gaubert a adhéré au Front National en décembre 2012. Il a été candidat aux Départementales sur le canton de Montpellier 5. Il est élu Conseiller Régional fin 2015. Aujourd’hui, il est candidat pour les Législatives sur la 4ème circonscription de l’Hérault, dans le canton de Mèze.
Si certaines personnes ne veulent plus de la France, haïssent la France, le disent et le montrent, il faut réagir ! On ne peut pas tolérer que l'ensemble de la société s'effondre sous prétexte qu'il n'y a pas le redressement moral lié autour de cette notion de patrie.
Emmanuel de Richoufftz
Autre signataire de la tribune de militaires, Emmanuel de Richoufftz. Il a été candidat à l'élection municipale de 2014 au Grau-du-Roi dans le Gard, sur la liste conduite par Bernard Luciani. Installé dans la commune graulen en 2015, il manifeste publiquement son opposition au TER à 1 euro, surnommé le « train des racailles », puis prend l'année suivante la tête d'une liste soutenue par le Rassemblement national, avant de retirer sa candidature pour « raisons personnelles ». Il apportera finalement son soutien à la liste emmenée par Daniel Fabre de Debout la France, où il figurait en 3ème position.
Le ministère demande des sanctions
Selon nos confrères de Franceinfo, Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l'Industrie, a "condamné sans réserve cette tribune d'un quarteron de généraux en charentaises qui appellent au soulèvement". Une politisation "irresponsable" des armées, rétorque de son côté Florence Parly, la ministre de la Défense. Si certains militaires sont toujours actifs, ils risquent des sanctions, a précisé le ministère des Armées.
Ajoutant à la polémique, Marine Le Pen, candidate à la présidentielle de 2022, les a aussitôt invités à « se joindre » à elle. Cet appel a « choqué » la ministre Florence Parly, qui a rappelé que « l’immense majorité des militaires, j’aurais dit la totalité jusqu’à ce week-end, défend les valeurs républicaines, assure la protection des Français et la défense de la France conformément aux principes de neutralité et de loyauté qui fait partie et qui est au cœur de leur statut ».
Les hauts gradés signataires et leur tribune
Les généraux signataires :
Général de Corps d’Armée (ER) Christian PIQUEMAL (Légion Étrangère),
Général de Corps d’Armée (2S) Gilles BARRIE (Infanterie),
Général de Division (2S) François GAUBERT ancien Gouverneur militaire de Lille,
Général de Division (2S) Emmanuel de RICHOUFFTZ (Infanterie),
Général de Division (2S) Michel JOSLIN DE NORAY (Troupes de Marine),
Général de Brigade (2S) André COUSTOU (Infanterie),
Général de Brigade (2S) Philippe DESROUSSEAUX de MEDRANO (Train),
Général de Brigade Aérienne (2S) Antoine MARTINEZ (Armée de l’air),
Général de Brigade Aérienne (2S) Daniel GROSMAIRE (Armée de l’air),
Général de Brigade (2S) Robert JEANNEROD (Cavalerie),
Général de Brigade (2S) Pierre Dominique AIGUEPERSE (Infanterie),
Général de Brigade (2S) Roland DUBOIS (Transmissions),
Général de Brigade (2S) Dominique DELAWARDE (Infanterie),
Général de Brigade (2S) Jean Claude GROLIER (Artillerie),
Général de Brigade (2S) Norbert de CACQUERAY (Direction Générale de l’Armement),
Général de Brigade (2S) Roger PRIGENT (ALAT),
Général de Brigade (2S) Alfred LEBRETON (CAT),
Médecin Général (2S) Guy DURAND (Service de Santé des Armées),
Contre-amiral (2S) Gérard BALASTRE (Marine Nationale)
La lettre ouverte des militaires
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs du gouvernement,
Mesdames, Messieurs les parlementaires,
L’heure est grave, la France est en péril, plusieurs dangers mortels la menacent. Nous qui, même à la retraite, restons des soldats de France, ne pouvons, dans les circonstances actuelles, demeurer indifférents au sort de notre beau pays.
Nos drapeaux tricolores ne sont pas simplement un morceau d’étoffe, ils symbolisent la tradition, à travers les âges, de ceux qui, quelles que soient leurs couleurs de peau ou leurs confessions, ont servi la France et ont donné leur vie pour elle. Sur ces drapeaux, nous trouvons en lettres d’or les mots « Honneur et Patrie ». Or, notre honneur aujourd’hui tient dans la dénonciation du délitement qui frappe notre patrie.
– Délitement qui, à travers un certain antiracisme, s’affiche dans un seul but : créer sur notre sol un mal-être, voire une haine entre les communautés. Aujourd’hui, certains parlent de racialisme, d’indigénisme et de théories décoloniales, mais à travers ces termes c’est la guerre raciale que veulent ces partisans haineux et fanatiques. Ils méprisent notre pays, ses traditions, sa culture, et veulent le voir se dissoudre en lui arrachant son passé et son histoire. Ainsi s’en prennent-ils, par le biais de statues, à d’anciennes gloires militaires et civiles en analysant des propos vieux de plusieurs siècles.
– Délitement qui, avec l’islamisme et les hordes de banlieue, entraîne le détachement de multiples parcelles de la nation pour les transformer en territoires soumis à des dogmes contraires à notre constitution. Or, chaque Français, quelle que soit sa croyance ou sa non-croyance, est partout chez lui dans l’Hexagone ; il ne peut et ne doit exister aucune ville, aucun quartier où les lois de la République ne s’appliquent pas.
– Délitement, car la haine prend le pas sur la fraternité lors de manifestations où le pouvoir utilise les forces de l’ordre comme agents supplétifs et boucs émissaires face à des Français en gilets jaunes exprimant leurs désespoirs. Ceci alors que des individus infiltrés et encagoulés saccagent des commerces et menacent ces mêmes forces de l’ordre. Pourtant, ces dernières ne font qu’appliquer les directives, parfois contradictoires, données par vous, gouvernants.
Les périls montent, la violence s’accroît de jour en jour. Qui aurait prédit il y a dix ans qu’un professeur serait un jour décapité à la sortie de son collège ? Or, nous, serviteurs de la Nation, qui avons toujours été prêts à mettre notre peau au bout de notre engagement – comme l’exigeait notre état militaire, ne pouvons être devant de tels agissements des spectateurs passifs.
Aussi, ceux qui dirigent notre pays doivent impérativement trouver le courage nécessaire à l’éradication de ces dangers. Pour cela, il suffit souvent d’appliquer sans faiblesse des lois qui existent déjà. N’oubliez pas que, comme nous, une grande majorité de nos concitoyens est excédée par vos louvoiements et vos silences coupables.
Comme le disait le cardinal Mercier, primat de Belgique : « Quand la prudence est partout, le courage n’est nulle part. » Alors, Mesdames, Messieurs, assez d’atermoiements, l’heure est grave, le travail est colossal ; ne perdez pas de temps et sachez que nous sommes disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation.
Par contre, si rien n’est entrepris, le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société, provoquant au final une explosion et l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles et de sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national.
On le voit, il n’est plus temps de tergiverser, sinon, demain la guerre civile mettra un terme à ce chaos croissant, et les morts, dont vous porterez la responsabilité, se compteront par milliers.