Identifiés comme membres d'un groupe néonazi par plusieurs militants d'extrême gauche, des individus masqués auraient agressé des Montpelliérains en raison de leurs opinions politiques, samedi 1er juin, à Montpellier. Frappé au visage, un homme a porté plainte et témoigne.
Selon plusieurs partis d'extrême gauche et trois témoins, des militants néonazis ont fait une apparition violente au Festival des fanfares de Montpellier, samedi 1er juin.
"Ils étaient entre 8 et 10, le visage dissimulé derrière un masque noir et une capuche", raconte Boris Chenaud, militant du parti La Gauche écosocialiste et présent au moment des faits.
Entre 8 et 10 individus masqués, selon un témoin
D'après lui, le groupe d'individus aurait d'abord "tourné autour d'un stand SOS Méditerrannée" - une association qui lutte contre les naufrages de personnes exilées, avant de frapper un militant syndicaliste et de casser le téléphone d'une personne qui filmait la scène.
La personne frappée au visage préfère rester anonyme. Elle témoigne :
J'attendais de commander une boisson au bar. Une main m'a tiré l'épaule vers l'arrière et j'ai reçu un gros coup de poing sur la bouche. Je suis allée me réfugier derrière un stand et ils ont crié sur les personnes qui tenaient ce stand. Il y a eu une autre bagarre avant qu'ils s'en aillent. Je me suis rendu aux urgences dans la soirée. Je suis sonné.
Un militant syndicaliste de Montpellier
Côté police, on reste prudent concernant les allégations des militants d'extrême gauche. "Une enquête est en cours. Rien ne prouve pour l'instant que des personnes ont été agressées ou qu'il s'agissait de militants néonazis", précise une source policière à France 3.
"Une gradation des violences d'extrême droite"
Plus tôt dans la journée de samedi, les mêmes individus auraient filmé et menacé une femme qui transportait des autocollants en soutien à la cause des personnes trans, ajoute un communiqué signé par plusieurs organisations d'extrême gauche.
Ce lundi 3 juin, La ligue des droits de l'Homme (LDH), le nouveau parti anticapitaliste (NPA), La France insoumise (LFI) et 17 autres organisations politiques cosignent en effet un texte qui dénonce des "violences" et des "intimidations", "dont la liste s’est allongée cette dernière année en toute impunité" à Montpellier.
🔴Agressions par des neo-nazis à Montpellier :
— Solidaires étudiant-e-s 34 💣 (@SolidairesEtu34) June 2, 2024
l’extrême droite n’aura jamais sa place dans nos fêtes populaires !
Communiqué unitaire ↙️↙️↙️
cc @UnionSolidaires @SolidairesEtu @sudeducation34 pic.twitter.com/DBCOtbvPfY
Pour Boris Chenaud, le fait que des militants néonazis pénètrent une fête populaire, dans un quartier qui leur est habituellement hostile, signifie qu'"ils se sentent pousser des ailes". Il dénonce "une gradation des violences d'extrême droite" et s'étonne que les individus aient pu quitter les lieux "sans être inquiétés".
Les organisations cosignataires et la victime du coup de poing espèrent que la justice donnera suite à la plainte déposée.
Le bloc montpelliérain, nouveau groupe nationaliste
Malgré leur accoutrement et leur masque, plusieurs membres du groupe d'agresseurs auraient été identifiés comme des membres du Bloc montpelliérain par les témoins que nous avons interrogés.
Selon le site d'informations antifasciste La Horde, le Bloc montpelliérain est un groupe nationaliste révolutionnaire fondé en janvier 2024 et qui réunit plusieurs groupuscules existants.
Leur logo, un éclair sur fond bleu, s'inspire de l'iconographie du fascisme anglais et italien. Des idées que les militants du Bloc montpelliérain semblent vouloir promouvoir par la force en s'entraînant régulièrement aux sports de combat.
"Ici c'est les blancs" Le poing a reçu ces images de la manifestation montpellieraine des #AgriculteurEnColere où l'on voit des militants nationalistes du bloc montpellierain intimider le journaliste @RicardParreir, article à venir pic.twitter.com/tk997Phzt6
— Le Poing - Montpellier (@lepoinginfo) January 26, 2024
Selon le média Le Poing, ce même groupe néofasciste avait intimidé un journaliste le 26 janvier, en marge d'une manifestation d'agriculteurs.